Il y a ceux qui, dans une chanson, portent une grande attention aux textes, et ceux qui se concentrent pleinement sur la musique. Pour ces derniers, deux albums sortis il y a déjà quelques mois peuvent avoir un intérêt particulier : ceux de Tokyo Ska Paradise Orchestra et de MattRach. Les uns Tokoyoïtes et les autres Français évoluent sur deux registres distincts mais ont le point commun d’être presque exclusivement musicaux et le résultat est pour chacun convaincant.
Tokyo Ska Paradise Orchestra Paradise Blue (Module, août 2010)
Etonnant, ou plutôt détonant mélange que le ska interprété par un orchestre composé de neuf musiciens. Fort de ses vingt ans de scène dont sept en Europe, le groupe japonais Tokyo Ska Paradise Orchestra est devenu maître en la matière. Les cuivres sont omniprésents et les musiques varient sur des airs jazz, soul ou funk étoffés par la rythmique ska. Après la chanson introductive "Routine Melodies", l’album s’ouvre sur une dynamique soutenue qui ne ralentira qu’au moment du "Sugar Fountain" final, et qui peut aller jusqu’au frénétique dans "Like Jazz on Fire", ou bien "Farewell Waltz". Ce dernier me fait penser à une scène de western où on serait dans un village mexicain, grâce à l’introduction des trompettes sonnant comme celles des mariachis, et qui serait soudain traversé par une horde de cavaliers se poursuivant dans une course folle.
Paradise Blue est le premier album du groupe édité par un label européen – Module. Il dégage une énergie positive et joviale qui doit prendre encore plus d’ampleur sur scène, mais qui déjà dans mes enceintes m’a donné l’occasion de m’enthousiasmer.
MattRach Mister Jack (Mattrach Music, mai 2010)
De son côté, MattRach est un jeune prodige de la guitare électrique qui avait fait un buzz sur internet en se filmant dans sa chambre reprenant remarquablement des airs de musique classique ou rock (voir notamment sur Youtube la vidéo de "The NEW Canon Rock"). Il sort cette année son premier album, enregistré à la maison et mixé au studio Ahdden Team. Dans un registre rock, le concept album Mister Jack nous propulse dans la vie de son personnage imaginaire à travers huit scènes succédées par la chanson "The Alright Song" qui se présente comme une sorte de happy end.
Le guitariste, âgé de seulement 19 ans, et son groupe - aux batterie, basse et clavier - ont élaboré du rock vigoureux aux riffs efficaces ("Errance", "Shopping" et "Rencontre") entrecoupés par des musiques plus tranquilles comme "Over" et le brillant "yveS reniD" au son hispanisant. Les morceaux "Nurse" virant au reggae et "Vous en voulez encore" flirtant vaguement avec un funk-disco déchaîné apportent d’autres touches d’originalité.
Si l’album est clairement marqué par le doigté surdoué de MattRach, il n’en reste pas moins surtout le fruit d’un bon délire entre potes, qui ont laissé parler leur fougue et leur créativité. |