J’ai rencontré Claude Clément par l’intermédiaire d’une professeure de littérature suffisante et arrogante, au physique de Marine Le Pen. Elle n’était pas méchante, mais je n’aimais pas sa façon de me dire que l’amour était d’une mièvrerie à n’en plus finir, les sentiments une perte de temps, et la compassion une sacrée connerie. Tout ça pour dire que Claude Clément cultive la mélancolie et les sentiments doux-amers d’amour et d’espoir.
Et c’est ce qu’elle fait de mieux dans Un piano sur son dos, son dernier album grand format. Pour les nouveaux, un album de littérature de jeunesse a la particularité de comporter une part (à peu près) égale d’illustrations complémentaires au texte, et de s’adresser aux enfants comme aux adultes.
Un piano sur son dos raconte avec tendresse l’histoire d’un enfant déposé sous un piano à sa naissance, d’où il entend la musique s’échapper des petits marteaux. En grandissant, une gentille vieille dame lui apprend à jouer, puis il apprend les secrets de la mécanique de l’instrument à la mort de cette dernière. Mais il lui manque quelque chose. Il répare les pianos des plus grands, avec un manque. Jusqu’au jour où il met le piano sur son dos pour parcourir le monde à la recherche du manque. Il va trouver, mais je ne vous dis pas quoi, vous le savez déjà.
Côté illustrations, Sylvie Serpix a réussi le prodige de traduire de la musique en dessins. Mis à part les dessins des personnages à la brosse, elle ajoute de fines arabesques donnant du son à l’image, et une douceur magique à l’album entier.
Une parenthèse enchantée à lire, à relire, à partager, à offrir aux rêveurs et aux musiciens de tous horizons. |