Claude Monet, peintre à l'honneur de cet automne 2010 avec la grande exposition "Monet" au Grand Palais, est toujours à l'honneur du Musée Marmottan-Monet qui, suite au legs du fils du peintre, Michel Monet, détient la plus importante collection au monde de ses oeuvres.
Et ce musée ouvre donc son coffre aux trésors pour une exposition intitulée "Claude Monet - son musée" qui dévoile l'intégralité de son fonds.
Investissant l'ensemble de l'hôtel particulier sis à proximité des jardins du Ranelagh, l'exposition concue sous le commissariat de Noémie Goldman, historienne d'art chargée de mission auprès des Musées Royaux des Beaux-arts de Belgique, propose un parcours thématique et intime de l'oeuvre de Monet.
Monet, de la caricature à l'abstraction
La visite de l'exposition est totalement indispensable, et ce, pour plusieurs raisons. En premier lieu, pour admirer le fleuron de la collection à savoir "Soleil levant, Impression", retenu pour le visuel de l'exposition, mythique toile emblématique du mouvement impressionniste, "Vétheuil dans le brouillard" et "Le Pont de l'Europe, Gare Saint-Lazare", triptyque des années 1870 dont le directeur du musée, Jacques Taddéi, a refusé la migration vers le 8ème arrondissement.
Ensuite, pour découvrir les toutes premières oeuvres de Monet, des dessins, et plus précisément des portraits caricaturaux, qui ont retenu l'attention du peintre Eugène Boudin qui deviendra son maître.
Par ailleurs, si Monet a immortalisé les nymphéas, il a également beaucoup peint les autres fleurs et, la grande salle en sous sol, inspirée de celle l’Orangerie des Tuileries qui abrite les Grandes décorations, est transformée en jardin extraordinaire regorgeant certes des nymphéas déclinés dans toute leur gamme chromatique mais également des fleurs que le peintre sélectionnait fiévreusement et cultivait dans sa serre chaude pour orner son jardin de Giverny, les roses, la glycine, les iris jaunes et mauves, les agapanthes et les lis éphémères, les délicats hémérocalles.
A Giverny, il poursuit sa peinture sérielle qui s'exerce sur des sujets peut-être moins médiatisés que les meules et la cathédrale de Rouen. Ainsi, les séries autour du pont japonais, de la maison vue du jardin et des saules pleureurs réjouissent le visiteur.
Enfin, à l'étage une salle retient particulièrement le regard et la réflexion parce qu'elle recèle des toiles moins connues de Monet qui se rapportent à son voyage en Norvège au demeurant non abordé dans l'exposition "Monet".
Or, l'intérêt de ces toiles nacrées ( "Les maisons bleues", "Les maisons rouges" et "Le mont Kolsaas") réside dans le fait que Monet s'y collette avec la neige et le blanc, qu'il a certes déjà exploré en France avec des toiles comme "Soleil d'hiver, Lavacourt", "La pie" et la série des tableaux sur "La débâcle" de la Seine, mais, en l'occurrence, sous une autre latitude.
Et s'il a domestiqué les embruns des côtes normandes, la lumière aveuglante des ciels méditerranéens, le brouillard londonien et les brumes vénitiennes, le soleil rasant de Scandinavie sur des masses enneigées lui résiste ("des effets de neige qui sont absolument stupéfiants, mais d'une difficulté inouïe, et puis ce que le temps est changeant, ce n'est rien à côté de chez nous et surtout à cause de cette immensité blanche").
A voir donc absolument en contrepoint et en complément de l'exposition au Grand Palais. |