Comédie dramatique écrite et mise en scène par Daniel Colas, avec Jean-François Balmer, Béatrice Agenin, Maxime D’Aboville, Coralie Audret, Maud Baecker, Xavier Lafitte, Jean-Yves Chilot, Vincent Deniard, Yvan Garouel, Philippe Rigot et Bernard Tixier.
Pour célébrer le quatre-centième anniversaire de l'assassinat d'Henri IV (le 14 mai 1610) par Ravaillac, Daniel Colas, directeur du Théâtre des Mathurins, signe, à l'écriture et à la mise en scène, "Henri IV", un spectacle "fleuve" de près de 2h30, qui revient sur la vie, la personnalité et l'œuvre fondatrice de celui qui signa le fameux Edit de Nantes.
Ce roi, avec sa poule au pot, et son fameux "Paris vaut bien une messe" est resté bien présent dans l'imaginaire collectif français, à l'instar d'un Louis XIV ou d'un François Ier, alors que tant d'autres sont tombés dans les oubliettes de l'histoire.
Mais que sait-on vraiment de la personnalité de l'homme? A la fois galant homme aux nombreuses conquêtes sentimentales et guerrières, il est le premier souverain à avoir rêvé d'une Europe pacifiée et unifiée mais faillit faire chavirer le continent dans la guerre pour les beaux yeux de Charlotte de Montmorency. Huguenot converti, il prônât la tolérance religieuse et signa le fameux édit qui apporta à la France la paix après de nombreuses années de guerres de religions, mais conquit la couronne à la pointe de l'épée et en laissant derrière lui des milliers de morts sur les champs de bataille. Fin stratège, homme de guerre, autoritaire, violent, joueur, paillard, jouisseur, charmeur aussi, mais également homme fragile et désespéré, obsédé par la mort, tel est l'âtre qui se montre à nous.
Ce sont les diverses et fascinantes facettes et la complexité de ce roi passionné auquel s'intéresse Daniel Colas, dans une prose moderne se détachant du langage classique avec laquelle sont abordés en général les sujets historiques.
Il s'est entouré pour ce faire d'une distribution à la hauteur de ce projet : Jean-François Balmer dans le rôle de Henri IV, Béatrice Agenin dans celui de Marie de Médicis, Maxime d'Aboville qui joue un Prince de Condé d'une grande complexité et ambigüité avec beaucoup de brio, ainsi que Xavier Lafitte également très convainquant dans le rôle de Bassonpierre. On ne peut tous les citer, mais plus de 15 comédiens se pressent sur scènes, avec une précision millimétrique.
Le bel écrin du Théâtre des Mathurins accueille tout ce petit monde dans de grands décors cossus et de magnifiques costumes d'époques.
Cette débauche de moyens est à la hauteur de l'ambition de ce spectacle, qui permet, outre de découvrir une personnalité historique hors du commun, de revenir sur une partie de l'histoire de France, en cette période troublée par le fanatisme religieux, l'intolérance et le terrorisme.
Malgré quelques lourdeurs, inhérentes à la taille pharaonique d'un tel projet et quelques redites qui allongent peut être inutilement le spectacle, on ne peut qu'être admiratif du travail abattu et du rendu grandiose : royal. |