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Le Plan  (Ris Orangis)  27 mai 2004

Daniel Darc est de retour après quelques années de quasi silence musical au cours desquelles il n’aura toutefois pas abandonné la plume et publiera quelques écrits.

Daniel Darc, c’est un survivant de la scène punk française des années quatre-vingt. Chanteur du groupe Taxi Girl, il fait beaucoup parler de lui par ses frasques. Ainsi en 1981, en première partie de Talking Heads, alors que le public ne semble pas très attentif à sa prestation, il sort une lame de rasoir et se taillade les bras. Le sang jaillit. La légende va naître.

Dès lors, Daniel Darc n’aura de cesse d’explorer son côté obscur pour prouver qu’il est le personnage sulfureux qu’un certain public attend, au risque de se perdre, au risque d’entrer dans l’oubli. Une vingtaine d’années d’errance et d’abîme, plus tard, une rencontre, un album et une tournée. Les critiques, le public le (re)découvrent. Daniel Darc, le retour gagnant ?

Ecrivain maudit dont l’écriture s’adapte si bien, comme il le reconnaît lui-même, au format de 3 minutes d’une chanson, héros rock-n’-roll par excellence dans ce qu’il y a de plus de noir, le personnage de Daniel Darc est rongé par des excès en tous genres qui ne sont pas complètement derrière lui et qui ont malheureusement laissé des traces. Une gestuelle approximative, une diction ânonnante, une silhouette chancelante, en perpétuel déséquilibre, des bras qui s’accrochent et embrassent son interlocuteur du moment, pour ne pas tomber peut être ou bien faire fuir cette solitude si palpable…

Daniel Darc, c’est une souffrance à l’état pur, une manière-d’être franche, sans complaisance, qui déstabilise. Une manière de planter son regard dans le regard de son interlocuteur comme s’il souhaitait en pénétrer l’âme. Un mal-être qui provoque malaise, incompréhension, méfiance… Mais Daniel Darc c’est surtout un personnage d’une grande sensibilité, une soif d’absolu, une voix, un charisme, une âme enfin, qui revit.

Une rencontre va matérialiser cette "résurrection" , la rencontre avec Frédéric Lo, auteur-compositeur avec déjà deux albums en solo à son actif. De cette rencontre va naître une collaboration, qui au départ se voulait ponctuelle, à l’effet d’écrire une chanson pour Dani ("Rouge Rose" qui figure également sur l’album de Daniel) mais qui va bien vite prendre de l’ampleur et s’imposer par son résultat : Crève-Cœur.

Grâce à cet album, la presse s’intéresse à nouveau de près à Daniel Darc et de quelle manière ! Il n’y a pas une semaine sans qu’un article ne fleurisse dans la presse pour saluer le retour de Daniel avec cet album que d’aucuns qualifient de véritable "miracle musical". "Miracle", un vocabulaire qui doit délicieusement résonner aux oreilles de Daniel Darc, sauvé, selon lui, par la religion (catholique) à l’instar de Johnny Cash à qui il a dédié son dernier opus.

Avec cette collaboration, Daniel Darc a réussi à extérioriser sa souffrance et à lui donner un autre éclairage, grâce à la lumière des compositions de Frédéric Lo. C’est la confrontation de deux conceptions rocks, que l’on pourrait résumer comme celle des Beatles et des Stones, qui rendent cette souffrance supportable. L’optimisme des mélodies de Frédéric Lo la sobriété des arrangements, tempèrent et allègent le réalisme noir de Daniel Darc.

Quel est le résultat sur scène avec la tournée Rêve-cœur ? C’est ce que je suis allée voir le 27 mai dernier à Ris-Orangis, au Plan, salle intimiste de 600 personnes où la proximité avec la scène et l’acoustique sont particulièrement agréables. Une salle confortable en somme que je vous recommande !

Avec une heure et quart de retard (le concert était prévu à 20 heures mais ne commencera qu’à 21 heures 15), je vais enfin le savoir. Daniel Darc, s’est fait attendre, lui que la perspective d’entrer sur scène rend malade arrive avec Frédéric Lo à la guitare, mais également avec un autre guitariste, un batteur et un bassiste. Le public majoritairement des 30-40 ans, attend patiemment l’arrivée de Daniel Darc. C’est un public qui le connaît manifestement bien et semble le suivre depuis quelques années. Un public assagi (dans le bon sens du terme j’entends, savoir : débarrassé d’un besoin viscéral d’autodestruction), à l’image de Daniel Darc ?

Pendant deux heures, le groupe va enchaîner les titres de Crève-Cœur : "Je me souviens, je me rappelle" souvent joué en radio, "Rouge Rose" que Daniel chante mieux que Dani (c’est lui qui le dit !), l’émouvant "Jamais, Jamais" que j’aime particulièrement, "Mes amis (tour à tour)", "Inutile et hors d’usage", la surprenante mise en musique du "Psaume 23" pour lequel Daniel Darc sort sa bible… Des titres qui poussent à l’introspection, au recueillement d’autant plus que Daniel Darc, habite littéralement la scène dans un silence religieux de bon aloi.

Plus d’excès, Daniel pose sobrement sa voix et met ainsi en valeur ses textes dans une ambiance feutrée, sans fioritures, ni profusion de lumières ou autres mise, en scène inutiles en l’espèce. Musique, texte et voix suffisent à provoquer l’émotion. Loin des débordements du passé, il semble à chaque mot prononcé en mesurer la portée et l’effet induit sur le public, conquis.

Cependant son set est loin d’être monochrome. La nostalgie à laquelle on s’attend après l’écoute de Crève-cœur est bien là mais les arrangements de guitare, plus encore sur scène, lui donne une énergie qui tend à l’optimiste. Je me répète en écrivant cela mais le mélange des textes de Daniel Darc et les compositions de Frédéric Lo ont pour effet magique (!) de rapprocher des notions aussi contradictoires qu’espoir et désespoir, optimisme et pessimisme, lumière et obscurité et rappellent curieusement les oxymores que Daniel Darc aime à utiliser.

En outre, Daniel Darc distille quelques reprises qui donnent du rythme à cette soirée. Il n’oublie pas Taxi Girl et son fameux tube, "Chercher le garçon" repris récemment par la Star-Academy (ce qui aura pour avantage de lui permettre de s’acheter un nouveau piano !) ou encore "P.A.R.I.S.", chanson sortie en 1984 mais dont les paroles semblent avoir été écrites aujourd’hui. A cette occasion, il fera un clin d’œil à son ex-complice, Mirwaïs parti sous d’autres cieux collaborer aux albums de Madonna. Daniel Darc va également reprendre des titres qu’il a écrits en solo comme "Nijinski" par exemple issu de l’album éponyme sorti en 1994. Le public averti retrouve ses repères.

Il quitte ensuite la scène pour revenir pour un ultime rappel, imprévu (les câbles sont déjà débranchés, les musiciens en coulisse ou déjà au bar !), afin de satisfaire un public qui n’a pas envie de quitter cette ambiance. Daniel Darc, ému n’a pas non plus envie de quitter la scène et se prête avec plaisir au jeu.

A la sortie, impression de sérénité, de n’avoir pas perdu son temps en venant applaudir Daniel Darc. Retour gagnant donc pour Daniel Darc tant sur les platines que sur scène, retour durable, je lui souhaite.

Quel dommage toutefois d’avoir perdu tant de temps en se brûlant les ailes…

 

 

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