Cette année, ce n’est pas moins d’une quarantaine d’artistes qui défilent sur les planches lilloises entre l’Aéronef, le Splendid, la Maison Folie de Moulins, la Péniche ou encore la Condition Publique et le Grand Mix, dans le cadre du festival Ground Zero.
Trois semaines de concerts à un rythme cadencé, une recette qui connaît son petit succès avec des groupes aussi variés qu’intéressants, les spectateurs se laissent aller entre découvertes et redécouvertes musicales des plus riches.
Ce soir au Splendid, c’est le jeune Zak Laughed, traduction littérale de son prénom "Zacharie", avec un look de jeune étudiant américain, qui ouvre la soirée en cette semaine de vacances scolaires. Ce n’est pas par hasard, car le jeune auvergnat n’a pas 17 ans, et pour lui les vacances sont l’occasion de vivre sa passion et son talent en concerts. La salle est encore un peu vide à l’ouverture, mais le jeune guitariste ne s’affole pas et prend place avec son groupe The Hobos Company.
Pour ceux qui connaissent son premier album, The Last Memories of my old House, les morceaux ont un peu changé de tonalité. Sa voix innocente a mûri depuis l’enregistrement, mais les chansons n’en ont pris que plus de maturité et de force.
Depuis ses débuts musicaux à 11 ans avec son ukulélé, sa première scène aux côtés de Cocoon en 2007 et probablement des heures d’écoute de sa référence songwriter Eels, Zak a développé un talent mélodique indéniable qu’il refuse de classer dans la catégorie "jeune précoce" qu’on souhaiterait lui conférer.
Avec sa guitare folk, il enchaîne les morceaux, naviguant habilement entre ses morceaux et les reprises (The Feelies), un mélange folk rock rafraîchissant ("Each day") ou plus mélancolique ("Travelling Cat" et son piano) teinté de quelques orages électriques, qu’il arrange avec une étonnante et précoce connaissance musicale malgré son jeune âge.
En deuxième partie de soirée, Hey Hey My My vient casser l’image folk conférée à leur premier album. Revoici le duo bordelais en mode trio dans un son plus rock, avec une recette à consonance californienne, savant mélange de voix aiguë et d’orchestration rock, qui signe la fin de leur chanson pop.
Le nouvel album, A sudden change of mood, nous fait penser à Weezer, avec l’arrivée du batteur et le troc des guitares folk pour l’électrique, ou encore aux White Stripes avec ces voix aériennes aiguisées et les refrains entêtants. Des riffs frais aux chœurs endiablés, un concert à la "british" riches et agréables !
La salle s’est bien remplie pour la fin de soirée, il faut dire que la majorité du public est venu accueillir les parisiens Gush. Gush, quatre gars en chemise/bretelles et pantalon slim, cheveux longs et airs british. Une histoire de famille (deux frères et leurs deux cousins) liée par une alchimie bluffante.
Le set commence avec les claquements de main de "Back home", qui réunit aussitôt le public. Après un rapide coaching de Vincent pour le rythme, le public est directement mis à contribution pour "The big Wheel".
Cette année, je les aurai suivis sur quatre dates, et après quelques heures d’écoute de leur album Everybody’s god, je commence à bien connaître leurs titres. Cependant, je ne m’ennuie absolument pas, loin de là. Depuis le début d’année, je les vois évoluer de concert en concert, se lâchant de plus en plus, maniant les arrangements musicaux et les harmonies vocales aussi bien en acoustique a capella qu’en mode "électrique déjanté". Les Gush prennent du bon temps et ne cherchent qu’à le partager avec leur public.
L’engouement pour le groupe est en grande partie due à leur force musicale et leur énergie contagieuse, mais il faut dire que leur formation linéaire est un vrai plus dans le groupe, permettant au public de profiter du talent de chaque musicien/chanteur, de leurs belles voix et de leur richesse. On pense en particulier à l’étonnant batteur Vincent, dont la caisse claire et le "gong" en font définitivement une marque de fabrique du groupe.
À part ce dernier, tous les membres changent et mélangent les instruments, un panel musical rock’n’roll tantôt joyeux, tantôt mélancolique. N’hésitant pas à partager leur micro à deux, trois voire même à quatre, mille choses passent dans leurs regards au cours du concert, ils avouent d’ailleurs qu’il se passe "quelque chose" et qu’ils sont très contents d’être là ce soir.
La fin du concert est ponctuée d’un morceau en acoustique sur le devant de scène, sans micro et une unique guitare débranchée, devant un public très attentif qui accompagne le groupe de claquements de doigts sur "Jealousy" et les remercie chaudement de leur prestation scénique et de leur talent musical aussi spectaculaire que jouissif.
Plus qu’une chose à attendre : leur retour dans la région ! |