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Théâtre du Petit Saint Martin  (Paris)  décembre 2010

Comédie dramatique d'après le roman éponyme de John Steinbeck, mise en scène de Jean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic, avec Philippe Ivancic, Jean-Philippe Evariste, Jacques Herlin, Gaëla Le Dévéhat, Jacques Bouanich, Philippe Sarrazin, Emmanuel Dabbous, Bruno Henry, Henri Déus et Hervé Jacobi.

Pendant la grande dépression des années trente aux Etats-Unis, deux hommes, que tout oppose, parcourent les vastes espaces californiens à la recherche de travail dans les ranchs. George est petit, plutôt vif et réfléchi, tandis que Lennie, doux colosse à la force incontrôlée, souffre d'une déficience mentale, qui en fait ce qu'on peut appeler un simple d'esprit.

Ils veillent pourtant l'un sur l'autre, chacun à leur manière, au grand étonnement de ceux qui croisent leur chemin. Ils partagent également un rêve, celui d'acquérir un lopin de terre bien à eux où ils élèveraient des lapins et vivraient "comme des rentiers". Mais, comme l'écrivait le poète Robert Burns, "Les plans les mieux conçus des souris et des hommes ne se réalisent pas toujours" et l'aventure des deux amis va connaître une tournure tragique.

Dans cette mise en scène de l'œuvre de John Steinbeck, Jean-Philippe Evariste (qui interprète également Georges) et Philippe Ivancic (qui interprète quant à lui le rôle de Lennie) ont voulu rester au plus près de l'auteur, son univers, ses valeurs.

Ils se sont ainsi intéressé à la fois à la portée sociale de l'histoire qui décrit la réalité violente des oubliés du rêve américain, des laissés pour compte qui ne survivent à leur dure condition qu'en s'échappant par le rêve ; mais également à la défense des valeurs humaines soutenues par John Steinbeck tout au long de sa vie.

On retrouve ainsi sur scène un plateau nu, habillé de deux simples panneaux de bois à lattes, symbolisant à la fois les grands espaces californiens - hymne à la liberté (de mouvement et de décision) -, les baraquements où vivotent, enfermés les ouvriers, et la pauvreté de ces petites gens harassées de labeur et dont les rêves se portent ailleurs, au delà du jour qu'ils peuvent entrevoir aux jointures des planches de bois.

La mise en dialogue repose sur des échanges qui ressemblent à des monologues croisés plus qu'à de vrais moments de communication, tant ces hommes sont recroquevillés en eux-même et oublient de s'écouter les uns les autres.

La lumière, majoritairement chaude, suit les mouvement du jour et de la nuit, dans un souci de réalisme, tout comme les costumes qui collent au maximum aux personnages, à leur condition et à leur personnalité. Voilà pour l'aspect réaliste et sociale de l'œuvre.

Mais "Des Souris et des hommes" est également, et surtout, une histoire fondamentalement humaine, d'amitié et de différence, thème universel et intemporel. Cette humanité rend les personnages à la fois forts et fragiles, imparfaits, et les conduit malgré leurs efforts à cette fin tragique pleine de sacrifice et de renoncement.

Pour saluer cet aspect fondamental du spectacle de John Steinbeck, Jean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic n'ont eu qu'à s'appuyer, disent-ils, sur la richesse et l'intelligence du texte, les subtilités et les intentions de l'auteur. Les comédiens ont fait à leur sens, le reste. Car que serait cette pièce sans ses acteurs, qui, dirigés avec sensibilité par Anne Bourgeois, nous émeuvent et nous touchent à chaque instant ?

Jacques Herlin, dans le rôle du vieux Candy, est particulièrement marquant. Est-ce son grand âge, son talent, ou simplement l'amour du théâtre, du jeu, et le respect de ses partenaires qui impressionnent? Difficile à dire, mais l'effet est là.

Philippe Ivancic, dans le rôle très difficile du grand Lenny Svelt (le bien nommé), est quant à lui tout simplement époustouflant. Il joue à merveille la brute au grand cœur et à l'esprit simple, en modulant sa voix et ses attitudes avec justesse.

Impossible de ne pas citer également Jean-Philippe Evariste, dans le rôle de George, qui pose sur son colosse de partenaire un regard exaspéré et tendre, et porte, à lui tout seul, tous les rêves déçus des oubliés décrits par John Steinbeck.

La complicité qui semble exister entre ces deux comédiens et le metteur en scène est à mon sens, à la base du grand succès rencontré par ce spectacle créé en 2002 et qui n'a cessé depuis de faire salle comble partout en France.

Ils défendent à eux deux le message humaniste de l'auteur qui écrivait: "Si deux hommes essayent de se comprendre, ils seront bons l'un envers l'autre. Bien connaître un homme ne conduit jamais à la haine, mais presque toujours à l'amour".

Un grand spectacle, de grands comédiens, du grand théâtre. A voir, absolument.

 

Cécile Beyssac         
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