Spectacle conçu par Cesare Capitani et Martine Midoux, mise en scène de Stanislas Grassian, avec Cesare Capitani et Martine Midoux.
Adaptée de "La course à l’abîme" de Dominique Fernandez, cette évocation de la vie du grand peintre bouleversera à coup sûr. Dès les premiers mots, Le Caravage, né Michel-Ange Mersi, rend hommage à son père disparu. Cet enfant pauvre, qui, par la protection de l’Eglise, s’accomplira, grand maître de l’art italien, attiré par les garçons qui allaient devenir, sur toile, des anges étonnés, puis pourchassé, protégé, jalousé, écharpé, prend vie sous nos yeux. Cesare Capitani incarne Le Caravage (une mode stupide et passagère ampute le nom français de ces grands peintres qui impose l’emploi de l’article : Sus à Titien, Tintoret ou Greco, qui n’est pas le grand-père de Juliette !) Incarné, le mot ici, n’est pas usurpé.
Habité, ravagé, exalté, il raconte avec passion sa vie, ses aventures, ses triomphes. A côté de lui, une femme lunaire (Martine Midoux) chante a capella, avec justesse, trop parfois, comme si les mots avaient besoin de musique pour émouvoir. Elle joue même le rôle de ses amants, bravant les genres, et cela ne prend pas vraiment. Mais elle chante bien (Monteverdi, beaucoup), bouge et crisse, présence morbide ou consolante, selon.
Une à une, grâce aux lumières de Bernard Martinelli, les tableaux apparaissent sur scène. Leçon de peinture, de vie, la pièce s’éloigne parfois du théâtre pour devenir une chanson de geste, puis le comédien la retend, d’un cri, et le sang saigne sur la toile.
Stanislas Grassian met en scène ce beau et envoutant spectacle, porté par l’âme, la belle âme, de Cesare Capitani qui emporte tout dans son sillage.
Portrait ruisselant de vie et de sang du Caravage. |