Comédie
de cape et de canapé signée Michel Heim, mise
en scène de Jean-Pierre Rouvellat, avec Michel Heim,
Renato Nasi, Gwenda Guthwasser, Franck Isoart et Guillaume Lucas.
En 2010, Michel Heim n'avait pas attendu la période des vendanges pour faire déguster, en avant-première aux spectateurs du Vingtième Théâtre, sa nouvelle cuvée intitulée "La nuit des dupes" qui s'avère gouleyante à souhait.
Avec l'an neuf, la voici à l'affiche duThéâtre des Variétés pour une consommation tout à fait recommandée et sans modération pour ceux qui aiment lire et relire l'Histoire de France par le petit bout d'une lorgnette en forme de fusil à tirer dans les coins pour débusquer
Cette "comédie de cape et de canapé" résolument jubilatoire, sous titrée "Comment d'Artagnan fut promu Mousquetaire", s'inscrit dans le registre de prédilection de Michel Heim, celui du divertissement parodique, qui a conçu, en l'espèce, pour la Compagnie Les Amis de Monsieur, un deuxième opus en alexandrins savoureusement crochetés qui révèle les faux vrais, ou l'inverse, secrets, et dessous intimes, de l'Histoire de France du 17ème siècle.
Conçue à partir des faits réels délibérément exposés à un désopilant filtre "rose" et de l'intrigue de "Les trois mousquetaires" de Dumas, une des intrigues de cour qui assit définitivement l'autorité de Richelieu, les débuts laborieux de l'intimité conjugale de Louis XIII et de Anne d'Autriche et la fameuse affaire des ferrets de la reine, il a conçu une drolissime fantaisie, qui ne manque pas de cuisse des deux sexes, truffée de détournements, notamment de textes de chansons célèbres, caractéristiques de sa plume à qui il laisse libre cours notamment dans l'écriture de délirants musicaux pour les inénarrables Caramels Fous.
Cette nuit des dupes est celle des inattendus chassés-croisés résultant de la concomitance de la tentative du souffreteux Louis XIII, habilement téléguidé par le cardinal de Richelieu, pour faire répudier la reine pour infidélité et de celle de l'omnipotente Marie de Médicis qui complote pour le faire abdiquer au profit de son fils préféré.
Sur scène, pourquoi changer une équipe qui gagne, se retrouve donc le quintet de la "nuit" précédente, celle des Reines qui fit les beaux soirs de ce même théâtre en 2008. C'est donc Jean-Pierre Rouvellat qui reprend la baguette.
Dans le rôle des grands manipulateurs, amants-ennemis jurés, Michel Heim qui donne à l'homme rouge une désopilante dimension précieuse et Renato Nasi, aux faux airs de Alfredo Arias, qui incarne de manière truculente la terrible veuve noire.
Le couple royal est interprété par le délicieux Franck Isoart qui ne peut se résoudre à honorer une reine présentée comme une jument prussienne doublée d'une affreuse bigote que Gwenda Guthwasser compose avec une pétulance allègre.
Et c'est à Guillaume Lucas qu'incombe la tâche d'incarner les trublions qui vont déjouer toutes les conspirations en interprétant le double rôle du duc de Buckingham, favori des rois d'Albion de père en fils, homme à voile et à vapeur tout de rose et bleu layette vêtu, et celui du légendaire et impétueux gascon qui ne rechigne pas à faire don de son corps pour réussir sa mission.
Leur prestation irrésistible et totalement jouissive fait de cette aimable pièce pleine d'esprit et intelligemment grivoise un beau moment de divertissement.>
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