Insolemment doué, Josh Ritter creuse son sillon, petit à petit, gardant le cap d’un folk-indie de haut niveau. Du sommet de ses 34 ans, il a déjà une jolie collection de disques derrière lui et avec son dernier disque So runs the world away, l’américain folkeux s’impose définitivement comme une référence du genre.
Ce cinquième album studio du fringant américain ne fait qu’un peu plus enfoncer le clou planté à l’orée des années deux milles avec un premier album éponyme. Originaire de Moscow, Idaho, le songwriter promène depuis sa plume et sa musique, racontant des histoires parfois étranges mais forcément poétiques. A la manière d’un Springsteen ou d’un Dylan, ses chansons s’écoutent en contes musicaux.
Un bateau à roue sur la pochette, invitation au voyage et à l’américana, ce disque emmène l’auditeur dans des contrées littéraires et musicales savoureuses. Résolument folk dans ses premiers opus, il a élargi son spectre musical et s’est ouvert à une pop gracieuse voire à un rock aménagé. De ses débuts, il conserve une fraîcheur à toute épreuve et une candeur sans faille. Le charme opère instantanément.
L’album s’ouvre sur "Curtains" instrumental d’une minute, mise en bouche doucereuse avant un "Change of time" tout en délicatesse. Arpèges et voix sucrée qui coule comme du miel dans la gorge d’un homme à l’angine blanche,
Josh Ritter a le talent de composer des chansons sublimement imparables.
Et à l’instar d’un distingué "Temptation of Adam" présent sur son précédent album, "The curse", la valse atterrante sur l’histoire d’amour une archéologue et d’une momie ne souffre d’aucune imperfection. Emotionnel à fond, le refrain inévitable de "Southern pacifica" pourrait, quant à lui, arracher un rictus à un paralysé facial et impossible de rester insensible à "See how man was made" à la guitare arpégée et la voix saturée de reverb, faite pour faire frissonner tout auditeur muni d’un cœur un tant soit peu organique. Puis poursuivant le périple promis, "Another new world", à la thématique maritime, s’entend comme une lente déclaration à une Annabel Lee inspiré d’un poème d’Edgar Poe.
Mais Josh Ritter voyage aussi dans ses styles. Avec "Rattling locks" ou "The Remnant", le son se fait plus rock et la voix plus incisive. "Folk bloodbath" indéniablement folk et américana se mélange au léger et sautillant "Lark" ou à l’entraînant "Lantern" électriquement positionné.
Et comme pour savoir où l’on veut aller, il ne faut pas oublier d’où l’on vient, l’album se clôture sur un "Long Shadows" folk à souhait.
Impossible d’être déçu par ce garçon. Difficile d’avoir quelque chose à redire à cet album, quelques chansons de trop peut-être. Mais comment sincèrement lui en vouloir quand on sent le plaisir transpirer de chaque chanson ? La facilité, l’évidence des mélodies, l’effervescence et de belles histoires portées par une voix solaire.
Avec du folk qui tourne parfois pop, des refrains irrémédiablement gravés dans les lobes frontaux de l’auditeur, So runs the world away séduit dès la première écoute… et chaque écoute est une première. |