Qu’est-ce que tu lis ? Il est bien ce livre ? Qu’as-tu lu récemment ?
Voilà des questions qui se posent et que l’on peut entendre. Mais "Pourquoi lis-tu ?", c’est moins courant… pour ne pas dire rare. Quel lecteur se la pose ? Et à qui ?
Charles Dantzig, lui, la pose, se la pose, et y répond avec érudition et humour dans Pourquoi Lire ?. En 76 chapitres courts et incisifs, toutes les explications et raisons du pourquoi nous lisons sont abordées, des plus banales comme "Lire à la plage" ou "Lire dans un avion" aux moins ordinaires comme "Lire pour l’obscurité", "Lire comme une fleur" ou "Lire par pari".
Alors oui Charles Dantzig est un érudit qui a déjà commis le Dictionnaire Egoïste de la Littérature française. Certes, il cite à tour de phrase, raconte, énumère, et surtout digresse, mais avec quelle facilité, quelle faconde et quelle liberté ! Une liberté que le lecteur pourra s’approprier en abordant cet opuscule dans l’ordre voulu par l’auteur, ou en écrivant son propre chapitre intitulé "Lire dans le désordre des chapitres" picorer, piocher au gré de ses envies, humeurs, ou encore intrigué par un titre.
Est-ce qu’après la lecture de Pourquoi lire ? on sait pourquoi on lit ? Oui… et non. Oui car on retrouve nombre de situations et de ressentis, et bien souvent on murmure des "moi aussi !"… et non car parfois la tendance provocatrice de l’auteur l’entraine trop loin, dans des extrapolations merveilleusement bien écrites et drolatiques certes, mais ô combien éloignées du besoin basique, élémentaire et premier degré du lecteur à savoir : je lis… parce que j’aime ça !
Et pourquoi lire Pourquoi lire ? ? Pour tant de raisons, que préférant ne pas me fâcher avec les fantômes des auteurs du passé et les actuels artistes de la plume, j’ai choisi l’extrait le plus commercial et racoleur, mais parfaitement représentatif de l’humour et de la facilité de l’auteur à juxtaposer, mélanger incongrument ce qui ne se compare pas et ne peut se comparer : "J’ai essayé de lire Twilight, c’est trop dur. Il reste à Stephenie Meyer 84 999 999 lecteurs de ces romans qui ne sont ni bien, ni mal, ils sont nuls. Des dialogues où l’on répond aux questions, "Tu vas au lycée, Bella ? – Oui Edward, je vais à l’école", et ainsi de suite, c’est trop d’efforts, Wittgenstein est plus facile, je vous assure. Le manuscrit de Twilight a été refusé par quatorze agents avant d’être publié. Hélas, il y a toujours un quinzième agent. […] Ainsi est né Twilight, le premier roman de vampire qui ne soit pas fait avec du sang, mais avec du navet".
Alors avant de passer commande du best-seller de Wittgenstein, faites une petite recherche wiki… Vous comprendrez alors toute la dérision de Monsieur Dantzig et la réponse à la question pourquoi le lire paraitra évidente ! |