Intriguant, sombre, dense, planant, relaxant, The Dark est tout cela et son contraire. Après une longue absence de 10 ans, The Third Eye Foundation revient donc avec cet album de 5 titres et reprend là où Little Lost Souls nous avait laissés en 2000.
Entre temps, Matt Elliot, tête pensante du groupe ne nous avait pas laissés sans nouvelle pour autant. Auteur de quelques albums de pur songwriting, loin de l'electro de The Third Eye Foundation, plus ou moins restés dans la confidentialité d'un milieu d'initiés, il n'en a pas moins profité pour travailler son sens de la mélodie, croiser le chemin de quelques autres musiciens atypiques (Yann Tiersen, Chapelier Fou...) et aujourd'hui revenir donc sous son nom de groupe et pour notre plus intense plaisir.
Si les guitares folk ont été remisées, Elliott a visiblement, audiblement devrais-je dire, mis à profit ses talents de songwriter sur ces 5 titres de The Dark en ajoutant aux ambiances cinématographiques dont il a le secret des mélodies langoureuses qui se fondent à merveille, avec la trame drum & bass electro qui nous plonge dans des méandres de mélancolie et de bien-être.
"Andedonia", le premier titre, pose les bases du haut de ses 11 minutes. Tout commence par du silence, et lentement l'espace sonore se remplit de rythmes superposés, de choeurs hallucinés, jusqu'au final qui n'en est pas vraiment un, tant les morceaux s'enchaînent naturellement.
Elliott n'a pas son pareil pour créer des ambiances à partir de rythmiques enchevêtrées les unes dans les autres, alternant les moments mélancoliques et doux sur lesquels se joignent quelques sons de cordes comme sur "Closure" à la douce ligne mélodique accompagnée de rythmes très accidentés, et passages plus angoissants aux airs de fanfares folles, comme le titre qui ferme avec brio cet album et au titre parfait "If you treat us all like terrorists we will become terrorists".
Je ne sais pas si on peut ici parler à proprement dit de drum and bass, quoi qu'il en soit, ce disque est un petit bijou qui ravira les fans du genre autant que les amateurs d'ambiances cinématographiques et bien évidemment ceux qui, comme moi, sont transportés par ces ambiances qui vous prennent aux tripes. Et pour ceux qui craindraient une redite après l'excellent Little Lost Souls, aucun risque : The Dark n'est en aucun cas un remake, plutôt une suite parfaite.
Matt Elliott a rudement bien fait de poser un peu la guitare ; il lui reste encore visiblement beaucoup de choses à dire avec ses machines et de fort belle façon. Reste à passer en mode repeat ces 5 titres en souhaitant qu'il n'y ait pas 11 ans qui les séparent du prochain album. |