Comédie dramatique écrite et mise en scène par Fausto Paravidino, avec Christian Blanc,
Pierre Louis-Calixte,
Marie-Sophie Ferdane,
Benjamin Jungers,
Suliane Brahim,
Nâzim Boudjenah et
Félicien Juttner accompagnés au piano, en alternance, par Denis Chouillet ou
Vincent Leterme.
La Comédie Française, gardienne du patrimoine, a pour seconde mission de faire découvrir de nouveaux textes, en français ou traduits.
Jeune auteur - il aura quarante ans dans cinq ans – Fausto Paravidino, dans "La maladie de la famille M.", décrit avec la précision de l'observateur au microscope, c'est-à-dire sans envolée spirituelle, la jeunesse italienne du moment, celle qui dispose de peu de mots et de peu d'espoir à imaginer.
Un médecin - émouvant Pierre-Louis Calixte - évoque une famille qui l'a marqué. Le père, déclinant, veuf, vit entouré de sa grande fille Marta, soeur aînée, image du sacrifice exaspéré, des plus jeunes, Maria, volage et virevoltante, et Gianni, mouche du coche et petit jeune homme dans la révolte. Des prétendus passent, confondus et confondants. La vie, sous un ciel bas, n'est marquée par aucune étape ou célébration: la Mort, seule déesse reconnue, dispose d'un rond de serviette.
La mise en scène de l'auteur - donc sans recul - ressemble à un film réaliste - parfois même à un muet, avec un piano égarant quelques notes. Etrange, parfois envoutant, le style est là, indéniable. C'est dans la complaisance envers un parler caricaturé, un squelette de langage, des onomatopées imaginées "de banlieue" - la traduction, faible, laisse passer des "gérer", "c'est clair" qui sont beaucoup plus des tics petits-bourgeois que populaires - que la gêne se situe. Il y a là une sorte de trahison de la provenance. On peut légitimement regretter cette faille qui paralyse le déroulement de l'action.
Mais les comédiens inspirés - Christian Blanc, père déclinant grandiose - ou Benjamin Jungers, extraordinaire et fulgurant Gianni - aux côtés de mesdames Marie-Sophie Ferdane et Suliane Brahim, excellentes aussi auprès de messieurs Félicien Juttner et Nâzim Boudjenah, composant des adolescents pittoresques - enlèvent l'adhésion d'un public qui acceptera, pour un soir, de partager l'indigence d'un vocabulaire de cent mots ou un peu moins, où les dames se font "casser les couilles" (une promotion ?) afin de découvrir l'univers d'un auteur qui a de l'avenir et une signature personnelle. |