De retour à
Bobital pour la deuxième journée du festival. L'ambiance
est un peu différente : ceux qui ont bu la veille reboivent,
ceux qui viennent de s'installer ont encore toutes leurs forces
et chantent de vieux hymnes de marins ou les classiques de fins
de soirée en s'alimentant en houblon, et le défilé
de monospaces commence sur les parkings : les parents viennent voir
LA FRANCO-ALLEMANDE la plus célèbre du monde pendant
que leurs 4 enfants à l'arrière ne veulent entendre
parler que de Corneille ou Yannick Noah.
Et cette fois-ci ce n'est pas une foule qui se dirige vers l'entrée
: c'est une marée humaine qui avance sur les routes. Le festival
annoncera complet et ce ne sont pas moins de 35 000 personnes qui
assisteront aux festivités.
Après le concert de Dis L'heure 2 Zouk
que je n'ai entendu que depuis la tente, la foule se presse pour
découvrir la prestation de Sergent Garcia.
Même à 16h, la scène est déjà
plus peuplée qu'aux meilleurs moments de la soirée
du vendredi. Le groupe arrive sur scène et prodigue un mélange
de reggae, musique brésilienne, danse, ragga, bref un melting
pot de musiques chaudes. Des chanteurs tout en blanc, une chanteuse,
danseuse très sexy : voilà de quoi échauffer
les esprits des garçons et des filles du public. C'est gai
mais ils jouent très fort et je préfère aller
boire une bonne mousse en attendant les prochains groupes.
Ou
peut être plusieurs bières puisque justement le prochain
artiste est Corneille, sérieusement
attendu par une ribambelle de jeunes filles du premier rang. Comme
pour Tété, dont j'ai vanté
les mérites il y a quelques mois, le cas Corneille est plutôt
particulier.
Pour un amateur de rock indépendant, chroniquer un concert
de Corneille n'est pas forcément facile. Sauf que le personnage
est si sympathique, avec des sourires conquérants et des
chansons molles mais agréables, qu'il est difficile d'en
dire du mal. C'est un bon chanteur, soutenu par un bon groupe qui
donne un bon concert. Une grande partie des enfants et des adolescentes
présents ont du adorer mais j'ai cru percevoir une recrudescence
des visites à la buvette pendant la petite heure de spectacle.
Trêve
de plaisanterie, on passe au niveau supérieur : de la star,
de la vraie ! Elevée au cabaret et aux foires aux vins alsaciennes,
star internationale de la Russie au Nouveau Mexique, j'ai nommé
Patricia Kaas.
Et je dois avouer que le spectacle était à la hauteur
de la réputation de la reine de Sarrebruck. Un prestation
scènique de toute première qualité, avec une
chanteuse vétue d'un simple body en dentelle qui court, saute,
s'amuse avec le public, et avoue une certaine appréhension
pour cette nouvelle tournée.
Les tubes habituels sont interprétés avec justesse
ainsi que plusieurs reprises dont "Toute
la musique que j'aime" de notre rocker national. Je
m'attendais à de la variété un peu rechauffée
mais c'est à un véritable concert rock que j'ai assisté.
Les musiciens parviennent à dégager une puissance
incroyable au service d'une voix unique. Et je me surprends à
regarder jusqu'au bout, sans le moindre passage à la buvette
!
Sur la scène secondaire, deux groupes principaux : Kaolin
et la Grande Sophie. Pour le premier,
bel exercice de rock puissant, avec des passages mogwaïesques
et d'autres morceaux qui font penser à un Dolly
masculin. Pour la seconde, un set efficace que je n'ai eu le plaisir
de voir que sur le grand écran de la scène principale.
Retour
sur la scène Ouest France et on continue dans les grosses
pointures avec Yannick Noah.
Le sympathique ex-tennisman se fait un peu attendre et se montre
le premier, sur les deux premiers jours, à troubler de quelques
minutes le planning ultra-précis des concerts. Pas bien grave,
cela ne fait que chauffer les foules et les cris fusent à
travers la nuit fraîche mais agréable de Bobital.
La prestation est étrange : Yannick Noah s'énerve
à cause d'un micro qui ne fonctionne pas. Et plutôt
que d'essayer d'en jouer et de dissimuler la chose, il en rajoute,
il en parle et en reparle et on sent une vive tension derrière
la scène. Une fois calmé, il continue son spectacle
et fait danser et chanter une grande partie de la foule (sûrement
plus de 20 000 personnes). Les chansons sont toutefois longues,
le gimmick 'Yé Yé' répété à
l'envi est plutôt insupportable pour tout spectateur à
moitié sobre de plus de 20 ans mais je reste bon prince :
pour qui voulait guincher sur une musique entrainante, c'était
le moment ou jamais.
Alors
que le public familial commence à repartir aux parkings,
la scène se métamorphose une dernière fois.
L'installation est étrangement assez simple pour un groupe
comme les Wampas.
Des amplis, une batterie, c'est brut ! Seule une magnifique enseigne
lumineuse "Wampas" accrochée en l'air offre un
peu d'originalité. Le groupe termine sa balance, repart backstage
et revient presque aussitôt pour mettre le son.
Le roi, Didier Wampas, débarque
peu après sur la scène, subtilement vêtu d'un
costume blanc avec short rouge et paillettes. Pour le reste, c'est
du Wampas : un rock terriblement efficace et sans concessions. Le
succès du dernier album ne leur fera pas jouer les récents
tubes au début du concert : les chansons sont anciennes,
classiques, pas vraiment commerciales mais toujours aussi bien interpretées
par l'équipe. Didier Wampas est fidèle à sa
réputation. Il bondit, crie, chante avec sa voix braillarde.
Avec l'âge, avec le succès, les Wampas sont toujours
les rois.
Fin du deuxième acte. A la semaine prochaine pour la chronique
du dimanche soir
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