Alice Dona, musicienne, compositrice, fondatrice de l'école de variétés "Studios Alice Dona", et chanteuse qui fit partie de la florissante cuvée des années Salut les copains, publie un livre de souvenirs qui, par un astucieux biais autobiographique, balaye sa vie avec pour fil rouge sa carrière de compositrice.

Une carrière narrée en suivant non pas les petits cailloux blancs qui mènent au succès nombriliste, même si elle manifeste un tempérament affirmé et un ego légitime, mais ceux qu'elle appelle avec tendresse ses "Quelques cerises sur mon gâteau".

Car appartenant plutôt aux gens optimistes qui positivisent et ne crachent pas dans la soupe, elle prend acte d'un destin clément à son égard et de l'aménité de la vie qui lui ont permis d'exercer sa passion de la musique en vivant de son métier grâce à de francs et itératifs succès, tant populaires que commerciaux, qui n'auraient pu se réaliser sans leurs interprètes.

Comme nombre de chanteurs des seventies, elle est passée par le Petit Conservatoire de Mireille et a commencé ce qu'elle qualifie de "carrière en dents de scie de chanteuse yéyé" en étant lauréate en novembre 1962 d'un concours intitulé "Toi aussi tu peux devenir une idole ! Viens auditionner chez Pathé Marconi!" (comme quoi les "concepteurs" des télé-crochets des années 2000 n'ont rien inventé) qui découvrit ensuite Michel Berger et Véronique Sanson, avant de se lancer dans la composition musicale.

Bien que sa carrière de compositrice soit toujours active, elle a volontairement limité son flash-back aux années 1962-1985 qui lui permet de brosser le portrait d'un florilège de figures célèbres qui appartiennent au gotha de la variété et de la chanson française, et pour la plupart à son Panthéon, avec lesquelles, étant d'une nature empathique, elle a fait un bout de chemin qui n'est pas toujours que musical.

Elle commence par composer pour ceux qu'elle appelle les "interprètes paillettes et grands spectacles" au rang desquels Claude François, Dalida, Régine, Sylvie Vartan, puis s'attaque au répertoire de la "chanson cabaret rive gauche" avec de prestigieux interprètes tels Serge Reggiani et Barbara mais surtout Serge Lama, son éternel complice, "la plus belle de ses rencontres".

C'est également l'occasion d'évoquer des collaborations fructueuses avec de célèbres paroliers tels Claude Lemesle et Pierre Delanoé ainsi que de belles et inattendues rencontres avec Sophia Loren, Jean Seberg et Romy Schneider.

Dans un style simple, quasi-conversationnel, sans prétention et placé sous le signe de l'amitié et de la bienveillance, Alice Dona brosse ainsi une jolie fresque de la chanson de ces deux décennies qu'elle tresse avec une modeste autobiographie.