Ce
groupe basque espagnol n'est pas encore distribué en France
mais grâce à internet il devrait vous être aisé
de vous procurer leur album, notamment directement chez le label,
Pause Music.
Si je vous dit cela en guise d'introduction c'est que Ibai
Lehorretan Itota risque bien de devenir un album incontournable
à côté duquel vous risqueriez de regretter d'être
passé.
Yakuzi a un sens mélodique hors
pair et sait créer des ambiances sonores tant en l'espace
d'une seule minute, comme sur "SH"
et sa rythmique entêtante laissant libre cours à un
déferlement de guitare, que pendant les 12 minutes de "El
Rey de la Montana" morceau épique de l'album
que l'on ne peut, encore une fois, que comparer à Mogwai
dans la construction. Un calme qui se transforme sans crier gare
en tempête.
Mais contrairement à Mogwai,
ou à Mono, récemment chroniqué,
les Yakuzi glissent par ci par là quelques effets assez surprenants
et enrichissent adroitement et discrètement leurs morceaux
de quelques touches électro.
Ainsi, sur "El rey del trivial",
la rupture en plein milieu du morceau est plutôt inattendue
et donne au morceau un coté Pink Floyd
pas désagréable avant de repartir de plus belle dans
une montée de guitares style "tripal".
Introduit par un piano, "Konturatu"
et ses 9 minutes, est du même tonneau, mélodie impeccable,
piano, cordes, percussions et même voix, utilisée comme
un instrument, formant un écrin d'or pour des guitares qui
s'insinuent subrepticement.
Les Yakuzi connaissent aussi l'art du contrepied et le très
folk "Instrucciones para emargar un diaz
feliz" en est un parfait exemple. Avec sa guitare acoustique
et ses sifflotements printaniers, ce morceau tranche avec la noirceur
des autres titres. Beaucoup plus aéré sinon aérien,
il est la petite balade sereine au mileu de ce maelstrom. Il est
d'ailleurs suivi de "Agur",
dans la même veine mais en plus énergique. Tous deux
constituent de petites haltes, le repos avant l'effort. Ultime camp
de base avant d'attaquer le sommet et devenir "El rey de la
montana".
Sans vouloir enfoncer des portes ouvertes, ce disque plaira sans
doute aux amateurs du genre (Mogwai, Mono, A silver mount zion...)
et risque fort d'agacer ceux pour qui chanson rime avec couplet/refrain/paroles
(suivez mon regard).
Cela étant il est indéniable qu'à leur façon,
les Yakuzi sont de talentueux raconteurs d'histoires.
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