J’ai reçu cette édition il y a quelques mois. Le nom est singulier, la pochette suggestive et le projet ambitieux : sous forme de compilation audio et vidéo, il propose de faire un bilan de l’art du cabaret actuel, des différentes musiques et esthétiques qui caractérisent le burlesque du 21ème siècle.
Parmi les vingt noms qui apparaissaient sur cette compilation, j’en reconnaissais très peu, mais il y en avait quelques uns qui m’étaient familiers : The Dresden Dolls, Budam et The Residents. Curieux, j’ai commencé ma première écoute du disque qui s’est très bien passée et qui m’a permis de constater que l’éditeur avait atteint ses objectifs. En effet, dès la première musique je me suis senti transporté vers le Berlin de la République de Weimar, de Fassbinder et de son Alexanderplatz, de Bob Fosse et de sa Liza Minnelli, des cabarets de Kurt Weill et Bertolt Brecht, de l’ambiance décadente et ivre des fins de nuit de toutes les victimes de la crise allemande des années 20 et 30.
Néanmoins, je ne me sentais pas suffisamment à l’aise pour écrire dessus car je ne connaissais pas très bien cet univers. J’ai donc retardé à plusieurs reprises la chronique...
Finalement, en ce début 2011, j’ai eu plusieurs impulsions qui ont ravivé mon appétit pour Twisted Cabaret. Tout d’abord, j’ai vu le film de Mathieu Amalric, Tournée, sur le groupe Cabaret New Burlesque qui recrée l’esthétique du cabaret berlinois à partir de son expression aux Etats-Unis (n’oublions pas que Kurt Weill y a émigré en 1935 et y est mort en 1950). Ensuite, j’ai découvert que cette troupe était présentée au Centquatre à Paris du 20 au 25 Janvier. Puis, j’ai appris que la grande diva de la musique de cabaret Ute Lemper jouait à Paris, le 5 février. Enfin, j’ai vu que la chaîne Arte s’associait durant le mois de février au festival de cinéma de Berlin en présentant le film de Bob Fosse qui a immortalisé Liza Minnelli, Cabaret.
Passons donc à ce premier volume de Twisted Cabaret édité sous deux formes, un CD audio digipack et une édition Deluxe incluant le CD audio ainsi qu’un DVD comprenant une vidéo de chaque artiste représentant une autre facette de leur travail. Parmi les dix-huit morceaux du CD, on trouve des références du cabaret burlesque et satirique (The Tiger Lillies, Baby Dee), du jazz ragtime (Evelyn Evelyn), de la musique de Kurt Weill (The Dresden Dolls, Marcella and the Forget Me Nots), de Heidi (Kokusyoku Sumire, en japonais), mais aussi de Tom Waits et Lou Reed (Budam, Little Annie) ou de Tim Burton et George Orwell (The Legendary Pink Dots, Little White Rabbits Still Bleed Red). Dans cet imaginaire hallucinant j’identifie aussi le délire musical des balkans et des marches allemandes (De Kift, Aranos) mais aussi de l’électro/industriel plus contemporain (The Residents, el TiGeR CoMiCs GroUP & Joël Hubaut) ainsi que du cabaret français (The Maxi Monster Music Show).
Une fois passée la perplexité initiale, j’ai adoré. Ecouter Twisted Cabaret est en fait une expérience qui ne laisse personne indifférent. On aime ou on déteste. |