Les Editions Au Diable Vauvert publient "Les 7 églises", le deuxième roman de l'écrivain tchèque Milos Urban qui lui a apporté un succès international et l'a propulsé chef de file de la nouvelle littérature tchèque.
Une nouvelle littérature qui ne fait pas tant acte novateur que, en l'espèce, renouer avec la tradition du roman gothique, genre littéraire initié au 18ème siècle, dont celui qui est désormais surnommé "le chevalier noir" reprend tous les codes, nonobstant les citations en page de garde plaçant son opus sous les auspices de la littérature fantastique, du conte d'horreur et du romantisme.
En effet, en sont déclinés tous les lieux communs : l'engouement pour l'esthétique gothique avec des bâtiments médiévaux, châteaux et églises, propices au surnaturel, en l'occurrence, le coeur historique de Prague, la ville aux mille tours et mille clochers,
qui fut la capitale du Saint Empire Germanique et connut son âge d'or au 14ème siècle, les personnages archétypaux
(représentants d'un ordre tout aussi mystique que mystérieux, figure féminine troublante et narrateur assailli de visions, images médiumniques ou résurgences mnésiques du passé) et la narration en abîme.
A s'en tenir à la structure même du roman, l'essentiel des développements, qui occupe les deux tiers du livre, constitue une ode à une ville, Prague, à qui, au demeurant, il est dédié et qui constitue la toile de fond de meurtres sanglants à message ésotérique.
Les éléments de l'intrigue, dont la clé est toutefois implicitement très vite esquissée, sont distillés au compte-gouttes selon une volonté délibérée pour installer l'atmosphère ad hoc et embrasser la quête extatique du narrateur, l'auteur écrivant "c'est parce que je veux que vous tâtonniez comme j'ai moi-même tâtonné ; vous aussi devez ressentir mon incertitude, mon anxiété, ma peur. Elles sont indispensables pour atteindre à la connaissance. Moi, je l'ai trouvée, et si vous faites partie de ceux qui y aspire, suivez donc mes pas dans le dédale des mots".
Ainsi ce roman s'adresse aux lecteurs amateurs ultimes du genre qui affectionnent cette lentissime montée en puissance créant une sorte de faille temporelle et surtout l'évocation d'un univers générateur de frayeurs qui puisent dans les peurs enfantines.
Pour les autres, il s'agit de l'ahanant ascension d'une montagne qui va accoucher de manière fulgurante, en quelques pages, d'une souris ou plutôt d'une énième déclinaison du levier actuel de la littérature de gare, qu'est la théorie du complot, qui fait florès dans les sociétés matérialistes et paranoïaques, en l'espèce variante profane de la prophétie de l'apocalyse. |