"20 minutes pour la mort  - Robert Brasillach : le procès expédié"

L’un des procès les plus célèbres de l’après-guerre revu par un ténor du barreau. Un livre édifiant, d’une éblouissante richesse et d’une rigueur sans appel. Un livre dont la lecture, disons le aussi car cela le grandit plus encore, se mérite. Aux Editions du Rocher.

A peine un peu plus de 150 pages pour revenir sur un procès dont le réquisitoire n’aura duré que 20 minutes. Robert Brasillach, un des chantres de la droite dure de l’après-guerre, apologue de l’Allemagne nazie, est fusillé en février 1945 pour intelligence avec l’ennemi. A moins qu’il ne s’agisse d’intelligence, tout court… Intellectuel brillantissime, écrivain remarquable, fin lettré, Brasillach fut la bête à abattre durant un procès perdu d’avance.

Aujourd’hui, 30 ans après l’abolition de la peine capitale et avec l’explosion des communautarismes, que serait-il advenu de la tête de ce personnage étrange, à la fois contradictoire dans ses pensées et fidèle à ses idées et dont le nom reste à jamais frappé d’ignominie ?

Célèbre magistrat, Philippe Bilger, sans vraiment apporter de réponse dont il semble préférer nous en laisser le libre arbitre, va décortiquer dans les moindres détails les zones d’ombre - et elles sont nombreuses - de ce procès expédié, bâclé et dont la conclusion semble frappée d’un déterminisme mortifère avant même son ouverture.

L’analyse est fulgurante d’intelligence, de psychologie, d’amour de la justice. Fils d’un collaborateur lui-même, Philippe Bilger s’empare de cette affaire presque sept décennies plus tard pour livrer aussi bien un pamphlet contre la peine de mort que l’étude quasi clinique d’un événement où la justice ne ressort vraiment pas grandie.

La lecture de ces quelque 160 pages est rude. La relecture de très nombreux passages s’imposera à qui n’est pas familier de ce genre de document. Aussi impitoyable qu’exigeant, Bilger nous emmène loin, très loin dans les tréfonds de l’âme humaine, celle-là même qui fait les collabos et les fascistes mais aussi ceux qui n’ont pour les faire taire que des méthodes expéditives et indignes de la démocratie dont ils sont les garants. Ces gens là s’appellent ici Vidal (le président), Reboul (l’accusateur) mais aussi De Gaulle (détenteur du pouvoir de grâce).

Indispensable et magistral !