Comédie méta-théâtrale de Eugène Ionesco, mise en scène de Fanny Santer, avec Sigrid Bouaziz, Manon Combes, Quentin Faure, Marilyne Fontaine, Yordan Goldwaser, Delphine Hecquet, Pauline Huruguen, Benjamin Lavernhe, Barthélémy Meridjen, Julie Moulier, Tamaïti Torlasco et Elie Triffault.
Dans le cadre d'un atelier d'interprétation dirigé cette année par une de leur consœur, Fanny Santer, les élèves de 3ème année du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique ont proposé des représentations de "Ce formidable bordel !" de Eugène Ionesco dans la très belle salle Louis-Jouvet, toute en boiseries, du conservatoire.
Avec cette pièce écrite en 1973 à la fin de sa vie, Eugène Ionesco adapte à la scène un roman et place le personnage principal dans une position de passivité muette déconcertante.
Le personnage (puisqu'il n'a pas de nom) évolue au milieu d'une société qui l'abreuve de paroles, de désirs, d'opinions, et s'épuise en ce qui paraît tout à coup bien vain et futile à l'aune de cet homme sur qui glisse les drames et les révolutions, mais aussi l'amour et les passions : vivre. On y voit bien entendu une mise à mal des soixante-huitards (qui n'ont jamais été tendres avec Ionesco, alors auteur établi) et d'une société où tout va vite, de plus en plus vite, en quête de sens.
Les douze jeunes comédiens interprètent les trente quatre (!) personnages de la pièce avec une énergie bouillonnante, débordante et communicative. La mise en scène, très imaginative et prolixe, laisse libre court à la folie ambiante et, il faut bien le dire, on n'a jamais donné autant de sens au titre de la pièce.
Les longs monologues (parties très délicates surtout chez Ionesco), essaimés par l'auteur tout au long du texte sont magnifiquement portés par des élèves d'un très bon niveau et qui signent dans l'ensemble une très belle prestation.
Se détachaient cependant ce soir là, Julie Moulier (fantastique en vieille dame), Benjamin Lavernhe (déjà remarqué en septembre lors des représentations de "Songe d'une nuit d'été" dans le cadre de l'atelier de jeu masqué), Pauline Huruguen (qui incarne une Agnès de toute beauté) et Quentin Faure (en concierge).
A regretter cependant la longueur du spectacle (près de 4h avec entracte) qui permet certes de donner sa part du gâteau à chacun des comédiens, mais un peu difficile à digérer pour le spectateur.
Et à suivre avec attention le travail de Fanny Santer, très convaincante à la mise en scène.