"Le petit oiseau va sortir" rassemble quatorze nouvelles inédites et publiées à titre posthume de Kurt Vonnegut, écrivain américain de la beat generation devenu culte surtout grâce à l'admiration dithyrambique que lui porte ses cadets de la Generation X.
Décrit par ses contemporains comme un clochard céleste en marge de la sphère littéraire, celui que la vie n'avait pas épargné, ce qui a participé à son désenchantement et son obsession du désastre, pose un regard pour le moins satirique sur la nature humaine sans toutefois ni psychologisme ni jugement de valeur.
Pratiquant un syncrétisme atypique, cet humoriste noir qui patrouille aux confins des genres, du burlesque à la science-fiction, livre des petites histoires palpitantes racontées avec simplicité et une fluidité évidente qui mettent en scène des personnages ordinaires, quoi de plus ordinaire par exemple qu'un poseur de linoléum, dont la vie est perturbée par un fait tout aussi apparemment ordinaire.
Illustrés d'oeuvres graphiques de l'auteur, la plupart des portraits de personnages à la manière des portraits en fil de fer de Calder, ces contes pour grandes personnes procèdent, de manière plus ou moins prégnante, comme révélateur des petitesses inhérentes à l'homme et des Etats Unis des années Einsenhower ainsi que médium pour traverser le miroir sinon de la folie du moins d'une autre dimension.
A cet égard, il pratique le fantastique du quotidien qui présidera à la série télévisée américaine des années 60 "The Twilight Zone" diffusée en France sous le titre "La quatrième dimension".
Enquête policière ("La salle des miroirs"),
conte fantastique ("L'honneur d'un livreur de journaux"), science-fiction et délire meurtrier
("Les gentilles petites créatures") côtoient les nouvelles épinglant l'anomie et la société pathogène ("Le petit oiseau va sortir").
Kurt Vonnegut mélancolique ? Oui. Désespéré non, pas totalement. Quelques étoiles brillent encore ("Fubar",
"Le Roi et la Reine de l'Univers"). |