Réalisé par Veit Helmer. Romance. 1 heure 22 minutes. Sortie le 24 juillet 2024. Avec Mathilde Irmann, Nino Soselia, Niara Chichinadze.
Ceux qui connaissent le cinéma de Veit Helmer savent déjà qu'ils ne vont pas vers un cinéma morose et que le cinéaste allemand n'est jamais à court d'imagination. Pour ne pas effrayer les autres qui vont découvrir son univers, on hésite à employer le terme qui lui sied à merveille et qui n'a hélas plus trop la cote : "poétique".
Mais attention pas de la poésie intellectuelle qu'il faut décrypter dans des plans abscons. De la poésie charmante, toute simple, qui reflète la vie, une vie champêtre par-dessus le marché.
Les deux héroïnes du film, Iva et Nino, semblent sorties du "Grand Budapest Hôtel" de Wes Anderson avec leurs tenues de liftières... Mais ici, elles ne sont pas affectées à un ascenseur de palace. C'est dans deux téléfériques qui se croisent en montant l'un vers un village de montagne et l'autre en descendant dans une ville de la vallée qu'elles vont et viennent chaque jour.
On est en Géorgie et les paysages sont aussi beaux que les deux filles sont belles. Evidemment, quand on écrit ça, c'est qu'on a été conquis par cette pellicule naïve qu'on regarde le sourire constamment aux lèvres.
Comme dans bien des comédies géorgiennes, celles d'Otar Ioselliani tournées dans son pays avant qu'il ne devienne si désagréable, on y lit un éloge de la flemme, du bricolage, de la farce et du vin. On oubliera bien vite le "méchant" qui contrôle les poulies qui font tourner les vieux jolis téléfériques et on lui pardonnera sa jalousie grandissante quand Nino et Iva s'amusent ensemble, sans lui.
Sans un mot, sinon un simple "OK", "Gondola" sait constamment se renouveler. On ne peut pas parler forcément de gags, plutôt de trouvailles. On se doute que le film ne peut pas être très long car il faut tout de même de l'imagination pour amuser un public avec deux filles en téléférique. On pourrait presque parler de "téléféérique" dans un final de toute beauté.
On pense parfois sans la lourdeur inhérente à la grandiloquence de leurs projets à Caro et Jeunet. Il y a un peu d'"Amélie Poulain" dans Gondola (un soupçon). Un peu de Wes Anderson, on l'a déjà écrit. On pense aussi très fort aux films de Fiona Gordon et Dominique Abel (L'Iceberg, Paris Pieds Nus, Rumba...). Veit Helmer cherche moins à faire cinéma d'auteur.
"Gondola" est un film modeste qui vise le cœur et l'atteint. Il n'a d'autres ambitions que de montrer deux jeunes filles heureuses d'avoir été réunies par le hasard, en l'occurrence pouvoir rentrer dans la tenue standard de liftière, et possédant en commun le goût de jouer de la musique et des bons tours à leur gros patron bébête.
On n'en dira pas plus et on conseillera tous ceux qui souhaitent voir un film vraiment estival de choisir "Gondola" de Veit Helmer et sa vallée heureuse.