Comme souvent, c'est bien tardivement, presque un an après sa sortie, que nous arrive de Norvège le premier album du jeune Pål Moddi Knutsen. Moddi prouve encore, par l'exemple, que les pays scandinaves ont désormais (ça fait au moins une décennie que ça se vérifie) un talent particulier pour la musique pop qui a le don de provoquer de vives emotions. Passons les incontournables Björk et Sigur Rós, mais de Ai Phoenix à Múm, de Paal Flaata à Budam, les zones septentrionales regorgent d'artistes capables de vous retourner le temps d'une chanson, d'un live ou d'un album.
Si Moddi n'est pas aussi doué que ses voisins islandais de Sigur Rós pour vous faire chavirer le coeur à grands coups de guitares, il est un songwriter talentueux qui manie parfaitement le chaud et le froid, la douceur et la rudesse, les éruptions sonores de mélodies souterraines aussi sûrement que surgissent des sources d'eau chaudes en son pays.
Maniant avec élégance l'accordéon, le piano ou encore la guitare, Moddi ajoute à sa musique le maniement du silence.
Ces chansons ressemblent parfois à des chansons de marins désenchantés, de ceux restés au port.
D'autres fois, on pense à des comptines pour enfants, de celles qu'un grain de sable vient toujours enrouer le mécanisme.
Et le grain de sable vient souvent, justement, de ces silences que ménage Moddi. Moment de calme dans lequel nous sommes bercés avant que n'eclate un chant exhalte, comme une gifle que vous n'auriez pas vu venir, et qui arrive sans savoir pourquoi.
Ces contrastes sonores apporte un relief au disque qui pourrait déjà se contenter d'une bête folk tant la voix est simple et touchante, mais quand arrive, par exemple le crescendo de "7", on ne pourra alors plus se passer de ces écarts un peu épiques de Moddi.
Alternant le chaud et le froid, le calme et la tempête, Moddi dessine la plus belle des cartes postales de son pays. A la fois comme on l'imagine, avec ses étendues froides et désertes mais aussi plein de surprises, de chaleur et de bien-être.
Définitivement, on aime le Moddi...
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