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Interview  (Paris)  1er mars 2011

De Peter Bjorn and John, on connait surtout le single "Young folks" qui est beaucoup passé en radio et a été utilisé dans la pub jusqu'à l'indigestion. Mais ces trois gaillards suédois au système pileux fourni et sourire décontracté collé en permanence sur le visage s'avèrent avoir plus d'une corde à leur arc. Loin de se contenter de faire une pop folk propre et sage, ils enchaînent les albums dans des styles différents, ont travaillé avec des rappeurs sur leur album précédent, et ont ouvert pour Depeche Mode au Canada et aux États-Unis, lors du récent "Tour of the universe".

Alors que sort leur nouvel album Gimme some, rencontre avec un groupe décontracté qui n'est pas forcément là où on l'attend. D'ailleurs, Bjorn qui avait loupé son train à Amsterdam n'était en effet pas là où on l'attendait. Bjorn qui arrivera finalement à temps pour la séance photo. Ce sont donc Peter Morèn, le chanteur, et John Eriksson, batteur et percussionniste, qui sont venus nous parler de ce nouveau disque. Une interview durant laquelle on a beaucoup ri. Lorsque malgré le talent, les musiciens ne se prennent pas au sérieux, cela donne une discussion joyeusement foutraque, sympathique et réjouissante, partant dans toutes les directions, un peu à l'image de leur nouveau disque Gimme Some.

J'ai vu sur internet une interview dans laquelle vous définissiez votre nouvel album Gimme Some comme un "album pop". C'est pourtant un album énergique que, personnellement, je qualifierais volontiers de rock.

John : (sourire) Il faudrait d'abord qu'on s'accorde sur la définition de ce qu'est le rock.

Peter : On a fait un album de chansons avec des mélodies pour la musique et dont les paroles sont teintées d'une certaine mélancolie, même s'il y a, en effet, aussi certains morceaux plus énervés.

John : Est-ce qu'on peut dire que les Rolling Stones font du rock ?

Je dirais oui. Ils ont commencé en reprenant des morceaux de blues, mais ils ont même parfois lorgné du côté du disco.

John : Alors on peut peut-être dire que c'est de la power pop, mais dans le bon sens du terme. Il y a plein de groupes estampillés power pop que je ne supporte pas. On ne peut pas dire que l'album est punk, on ne trouve assez de morceaux dans cet esprit sur l'album. Ce n'est pas facile de le définir en le cataloguant dans un style précis.

Peter : Power pop, me convient. Bonne power pop. (sourire)

John : Ou pop-rock peut-être.

Peter : En tout cas, c'est de la pop à base de guitares, avec une rythmique basse/batterie.

John : Et pas mal de riffs de guitare aussi.

Votre style sur cet album a un peu évolué vers des chansons plus directes. Avez-vous aussi modifié vos méthodes de travail pour parvenir à ce résultat ?

John : Il y avait beaucoup d'expérimentations sur notre précédent album. Pour trouver des sons nouveaux, nous avions, par exemple, enregistré le bruit que faisaient des chats lorsque nous les lancions violemment contre le mur. (sourire) Pour cet album, nous n'avons pas maltraité d'animaux, uniquement notre producteur.

Peter : Oui. On a préféré s'attaquer à un humain cette fois-ci.

John : Il n'a pas eu l'air de trouver cela trop désagréable. En tout cas, il ne semble pas nous en vouloir. Il a été gentil avec nous durant toute la durée de l'enregistrement. (rires)

Peter : La principale évolution par rapport à l'album précédent, qui était un mélange aussi bien de synth pop que de rockabilly était de retrouver cette alchimie au sein du groupe. On voulait jouer de la musique, chanter, travailler ensemble sans se poser trop de questions. On a réalisé cet album en réaction au précédent, et la formule guitare/basse/batterie, très directe, s'est alors imposée d'elle-même.

Ça fait plusieurs années qu'on vous connaît à travers le succès planétaire qu'a été "Young Folks". Depuis, lorsque vous sortez un disque, vous devez subir plus de pression. C'est une pression qui vient plutôt du public ou de la maison de disques ?

Peter : Pour ce disque-là, c'est plus facile. On a déjà sorti deux albums depuis Writer's Block sur lequel se trouvait "Young folks", dont un album instrumental que peu de personnes ont écouté. Alors on sent moins la pression maintenant. On souhaite juste proposer de la bonne musique. Si le public l'apprécie aussi, c'est encore mieux (rires).

John : On sort ce disque comme si c'était notre premier, alors qu'on existe depuis déjà onze ans. On aurait pu changer le nom du groupe. A la place de Peter, Bjorn & John, on aurait pu se baptiser "The new old shit". (rires)

Alors, pour un tout jeune groupe comme le vôtre, qui sort son presque premier album, ça devait être impressionnant d'ouvrir pour Depeche Mode, devant des milliers de personnes, sur les dates de leur tournée américaine ?

John : (rires) Oui, en effet.

Et ça fait quoi de revenir jouer dans des petites salles après cette tournée des stades aux États-Unis et au Canada ?

Peter : On est bien plus à notre aise. C'est plus facile. On joue en étant plus proche les uns des autres, on s'entend mieux. On entend la batterie, sans devoir uniquement se caler sur le retour de la batterie qu'on a dans l'oreillette. C'est plus sympa. En plus, ça convient bien à l'esprit de ce nouvel album, en trio, sur lequel on revient à l'essentiel. La meilleure configuration pour jouer cet album en live, ce sont des salles entre 300 et 500 places. Ça a été très formateur pour nous de faire ces grands shows et de tourner dans les festivals. La façon d'établir le contact avec le public est très différente. Mais les gens viennent alors plus pour voir un show, et ils s'intéressent moins à la musique.

John : Et pourtant, c'est cela qui est un peu surprenant, nous avons tout de même pris beaucoup de plaisir à jouer devant ces foules de plusieurs milliers de personnes. Le Hollywood Rose Bowl est une scène mythique. En plus, ces stades américains, construits comme des arènes, renvoient un excellent son. On aurait eu tort de refuser, c'était génial d'avoir l'opportunité de le faire.

Peter : Oui. Et c'est vrai que dans ces structures construites comme des amphithéâtres, il y a quand même une proximité avec le public. Ce n'est pas comme jouer en festival lorsque la foule s'étend à perte de vue.

Sur votre album, pensez-vous que je vous insulte si je vous dit que "Tomorrow has to wait" me rappelle le son de Big Country ?

Peter : Désolé. On ne les connaît pas.

C'est vrai, je suis vieux, alors mes références aussi ont vieilli. (rires)

John : Donne-nous le titre d'une chanson.

"Big Country" par exemple. Ils ont fait plusieurs albums, et leur son de guitare était vraiment caractéristique. Two Door Cinema Club, actuellement, copie un peu ce son-là.

John sort son smartphone et commence à pianoter.

Bon, on abandonne aussi la question suivante qui était plutôt une blague. "May is macaber" est-elle en hommage à la littérature policière scandinave ?

Peter : Ah non, garde-la, celle-ci ! C'est une chanson qui raconte un rêve dans lequel tu assistes à ton propre enterrement. Tu vois ta famille et tes proches qui pleurent autour du cercueil, mais personnellement tu ne te sens pas triste parce que tu vois la personne que tu aimes qui pleure. Tu te dis alors que tu es peut-être mort mais que le sentiment amoureux qu'elle a pour toi est toujours là. Dans la chanson, on dit que c'est certes triste, mais qu'en même temps c'est beau. C'est comme à la Nouvelle-Orléans, lorsque des processions suivent les enterrements en chantant "O when the saints go marchin'in". Même face à la mort, ils cultivent un certain optimisme. J'aime la vie, je n'ai pas envie de mourir, mais il faut être conscient que ça arrivera un jour. Par cet aspect poétique, onirique, il y a un lien avec les livres de littérature policière du nord.

John a trouvé un clip de "Big Country" en live sur son smartphone et nous le fait écouter.

John : C'est pas mal.

Peter : Il y a de bonnes guitares. Il va falloir qu'on écoute. Donc ce n'était pas une insulte. (rires)

Sur "Black Book", vous avez l'air très en colère. Qu'est-ce qui vous énerve à ce point dans la vie ?

John : Pas mal de choses. Ça peut être les politiciens, les journalistes...

Ne me frappez pas, s'il vous plaît...

Peter : (rires) Bah non, toi, tu as l'air sympathique. Et on ne va pas se fâcher avant que tu écrives ton article. (rires)

John : Il y a les moustiques aussi qui nous énervent. C'est en fait un ensemble de petites choses, de la vie de tous les jours, qui n'ont pas toutes la même importance, mais c'est cette accumulation de petites choses qui a tendance à nous énerver. C'était sympa d'écrire cette chanson alors que justement nous étions dans cette formation, dans le style pop punk. On voulait faire une chanson dans le style des vieux Buzzcocks, une chanson bien énervée qui dure deux minutes. Les Buzzcocks sont un groupe génial.

Est-ce que pour Gimme Some, comme sur votre précédent album, vous avez le projet de faire remixer les morceaux, ou est-ce que le style s'y prête moins ?

Peter : On pourrait le faire remixer. On peut s'amuser à remixer n'importe quel style musical. Mais on n'a pas vraiment de projet cette fois-ci. Avant de faire remixer les morceaux, il faut savoir avec qui tu as envie de travailler. La dernière fois, c'est nous qui avions fait appel à des artistes bien spécifiques pour travailler avec nous.

John : Cette fois-ci, on envisage non pas de faire remixer nos chansons, mais de les faire réinterpréter par des groupes qu'on apprécie, s'ils veulent bien le faire. Trouver des gens avec qui on partage vraiment l'amour de la musique, et voir quels sentiments ils vont mettre dans ces chansons. C'est toujours assez rigolo comme exercice.

Dernière question, pourquoi la Suède est-il un endroit propice pour faire de la musique ?

Peter : C'est vrai qu'il y a de bons studios. On rencontre des musiciens de valeur avec lesquels collaborer. Bien sûr, il y a aussi le système éducatif dans lequel on t'apprend, dès le plus jeune âge, à jouer d'un instrument. Ca doit aider.

John : C'est un petit pays. De nombreux musiciens viennent s'installer à Stockholm. On rencontre donc beaucoup de musiciens. Le problème est que c'est petit, il n'y a donc pas beaucoup de clubs dans lesquels on peut tourner. Même chose, il n'y a pas beaucoup d'infrastructures pour recevoir des groupes de stature internationale. Je ne sais pas, en fait, pourquoi il y a tant de bons groupes en Suède, puisqu'il y a peu d'endroits où jouer. Par contre, il y a des endroits où répéter, et il y a aussi un tradition de travail en studio avec des bons producteurs et de bons techniciens. Mais pour jouer devant un public, nous sommes obligés de tourner dans d'autres pays d'Europe.

Peter : Il y a une tradition dans laquelle à la fois on aime écouter de la musique, et à la fois on est ouvert à la nouveauté. C'est vrai qu'il y a plus d'offres que de demandes. Il faut faire venir les gens au concert, et s'il y avait plus de clubs, comme il y a peu d'habitants, on jouerait dans des clubs vides. (rires)

Je vous remercie...

Peter : Avant de terminer, je voulais rajouter un petit mot sur le début de notre conversation, lorsque nous parlions des chats et de la production. A propos de la production, pour la tournée à venir, nous avons réarrangé nos chansons car il n'y aura pas de synthétiseurs. Dans ce style pop-rock à guitares, en fait, tu peux interpréter toute sorte de morceaux. On a davantage travaillé plus en répétition et moins reposé sur la technique et les ordinateurs. On a passé moins de temps sur le mixage et la production. Les morceaux étaient joués presque live, nous avions déjà une idée en rentrant en studio du son qu'on souhaitait avoir. C'était une approche différente, plus rock.

John : Oui, par rapport à ce que nous disions au départ sur la pop et le rock, la beauté de la chose, elle est là. Quand on joue dans cette formation, tu peux vraiment aller dans des directions différentes. Ça peut être très pop ou rock, tu peux jouer du blues, t'inspirer des vieux Chuck Berry et les réarranger à ta sauce. Cette formation en trio guitare-basse-batterie permet de revisiter n'importe quel style musical et de l'arranger selon ton envie et ton humeur.

Peter : Au départ, on était parti pour réaliser un album pop punk. Mais jouer dans cette formation nous a donné la liberté de partir dans des directions assez différentes. Au bout du compte, on se retrouve avec un album assez éclectique. C'est pour ça qu'on a tant de mal à le définir. Par exemple sur "May is macaber", on retrouve des influences de Manchester, de New Order aux Stone Roses. Sur "Cool off" , c'est plutôt REM qui nous a inspiré. Mais il y a aussi des influences krautrock sur "I know you don't love me". Un peu de funk sur "Dig a little deeper". "Eyes" a des côtés rockab' avec sa guitare. Tout est basé sur la formation guitare-basse-batterie, mais on revisite, dans notre style, toutes les périodes de l'histoire du rock.

Si on trouve tout ça dans cet album, Gimme Some va donc forcément devenir un album culte ?

John : (énorme éclat de rire) Oui. Quand tout le système économique mondial sera effondré, après la prochaine guerre mondiale, quand il n'y aura plus que quelques hommes sur la terre et qu'ils vivront dans des ruines, on se souviendra de ce disque comme la référence musicale du XXe et du XXIe siècle.

Retrouvez Peter Bjorn and John
en Froggy's Session
pour 3 titres en cliquant ici !
  

 

 

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Seaside Rock de Peter Bjorn and John
La chronique de l'album Gimme Some de Peter Bjorn and John
Peter Bjorn and John en concert au Festival Le Printemps de Bourges 2007 (mardi)

En savoir plus :
Le site officiel de Peter Bjorn and John
Le Myspace de Peter Bjorn and John

Crédits photos : Thomy Keat (Toute la série sur Taste of Indie)


Laurent Coudol         
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