Vous en connaissez beaucoup, vous, des groupes qui ont sorti onze albums ? Et qui ont réussi à ne jamais se faire connaître, à ne produire aucun tube, aucun hit, même fugace, même de seconde zone ? Dit ainsi, on pourrait imaginer que les Singing Loins sont une simple bande de losers acharnés. Mais... et s'ils étaient tout simplement trop bien pour le succès ?

Ça se saurait si la grande musique remplissait des stades. Si c'était dans les stades que l'on pouvait aller découvrir les meilleures nouveautés. L'industrie et le commerce de la musique nous feraient presque oublier que tout cela n'est qu'histoires d'hommes, de la façon dont ils s'écrivent en notes et mots, pour d'autres oreilles ; qu'avant d'être histoire de promotion, de distribution, de discussion sur les droits et la propriété intellectuelle, la musique est une histoire... musicale. The Singing Loins n'a rien oublié, et sans rien revendiquer, qui plus est. Simplement en s'accrochant, pendant vingt ans, de l'autoproduction aux petits labels, de scènes confidentielles et chaleureuses en scènes chaleureuses et confidentielles.

Stuff propose près d'une cinquantaine de minutes d'une musique proche du corps, proche du cœur, comme des ballades irlandaises sur lesquelles seraient passés, tour à tour, Nick Cave, Tom Waits, les Pogues, les Veils et les Drones. De belles histoires un peu sombres, dans un univers un rien grinçant, folk punk en quelque sorte, le banjo en plus, qui ne se soucie guère d'autre chose que de lui-même. Ne pas s'excuser d'être soi, voilà le secret dont semblent disposer les Singing Loins, qui leur donne tant de force. Un album indispensable, donc, rien que pour l'authenticité de la démarche, mais que l'on risque fort d'aimer pour la puissance de certaines compositions.