Sam Beam se confond avec Iron and Wine et inversement.
Depuis une petite décennie, le texan se cache derrière ce nom pour prodiguer ses mélodies enchanteresses. Une créativité insolente et une évolution contrôlée depuis ses débuts car partant d’un postulat folk, le bonhomme s’est inventé et se réinvente sans cesse jusqu’à être devenu une quasi-icône.
Cet album, on l’attendait fébrilement depuis 2007, date du précédent opus The shepherd’s dog qui possédait une originalité et des directions empruntées en rupture avec premiers disques. Difficile, pensait-on naïvement, d’aller plus loin, plus beau.
Difficile mais pas impossible…
Kiss each other Clean est le quatrième opus de l’homme barbu que l’on retrouve sur la pochette dessiné par ses soins à l’instar du deuxième album Our Endless Numbered Days. A ses débuts, à l’aube de notre présent siècle, on a découvert un Sam beam folkeux, puis acoquiné avec Calexico pour un EP In the reins en 2005, il s’est fait expérimentateur, touche à tout génial.
On voyait bien l’évolution album après album. Et difficile de savoir ce que l’on attendait exactement pour ce nouveau disque. La continuité, la rupture, le changement dans la continuité? Toujours se laisser bercer par des douces mélodies ou un peu d’excitations nouvelles ?
Le précédent opus, The sheperd’s dog avait étonné puis enchanté, explorant des univers et des sonorités nouvelles. Et si on considère un petit côté midinette de certaines chansons (ce n’est pas pour rien que certains titres été utilisé dans Grey’s anatomy ou Twilight), le compte y est.
Pour ce disque, Sam Beam poursuit son voyage musical et s’approprie des rythmes et des sonorités improbables.
Il s’ouvre sur "Walking far from home" où dans une atmosphère brumeuse, la voix de Sam Beam se cache derrière un effet feutrant. Suivent "Tree by the river" enchanteresse et ensoleillée chanson, aux chœurs lumineux, comme Sam beam sait si bien les faire et "Half moon" qui ramène un peu du côté americana. Le texan peut toujours se faire douceur comme sur "Godless brother in love" le purement cantique où sa voix aérienne survole bien haut l’ensemble. "Monkeys uptown" classique sur le fond mais enrobée d’effets néo-futuristes bruitistes annonce le saxophone jazzy de "Big burned hand" aux accents groovy seventies. Puis l’album se conclut sur "Your fake name is good enough for me" élégante chanson mosaïque qui débute également avec ses cuivres free jazz, pour se conclure à la manière d’un "Trapeze swinger" avec un gimmick vocal obsédant.
Malgré ses incursions jazzique, progressiste, le fond est bien là : L’émotion de la voix sans failles mais pleine de fêlures, la base folk cachée sous quelques kilos d’enrobage. Car peut-on vraiment lutter contre sa nature ? Car il faut le voir sur scène pour comprendre que c’est dans le dépouillement que les chansons de Sam Beam ont le plus d’ampleur. On monte dans le wagon ou on reste en gare.
Alors forcément, ce disque va diviser. Certains penseront que l’homme s’est perdu en chemin, perdu dans les profusions sonores et d’autres, au contraire, salueront l’évolution et la prise de risque. On n’aime ou pas la direction suivie, les effets appliqués presque trop systématiquement à la voix, elle-même systématiquement doublée, les chœurs indissociables à sa musique.
Mais au final reste un album qui s’écoute, se découvre, se laisse approcher, se brûle, se reconsidère… Et si on se laisse apprivoiser, si on laisse une fenêtre entre-ouverte, une petite brise agréable et addictive viendra sans doute titiller nos oreilles. |