Quitter la France. Filer rejoindre ses ancêtres à Buenos Aires. S’imbiber de sons, de mots, de couleurs et d’images. Revenir parmi les siens et faire partager cet exil. En musique, en films. Patxi Garat était en concert le 29 mars aux 3 Baudets pour présenter Buenos Aires 1.11.
Le décor est sobre : beaucoup de noir, un peu de rouge. Trois écrans alignés, suspendus. Le nom du projet y défile, comme "éraflé". Mathieu et Kalou, ses musiciens, entrent sur scène. On entend en bande sonore des voix espagnoles puis Patxi nous invite au voyage : "A quoi ça ressemble là-bas ? De quelle couleur est la ville ?" Un avion décolle, le chanteur apparaît. Il entame "Chercher la vitesse" et des images de Buenos Aires glissent sur l’ombre du jeune basque. Le son surprend particulièrement par sa qualité. Du coup, on écoute encore plus les textes, on apprécie mieux la voix et on se laisse complètement aspirer par cet exil.
Rapidement, les chansons s’enchaînent : "Chaque ville", "Quitter la France" (à l’origine du projet), "Désert". Images très travaillées, effets visuels ; les rues de Buenos Aires, une forêt enneigée et le visage de Patxi scrutant le paysage…
Puis le ciel des couchers de soleil est projeté sur les écrans et le chanteur annonce une nouvelle chanson ("Buenos Aires") aux tonalités très Bessoniennes : "Rouge, Rose à Buenos Aires / Quelle heure est-il à Paris ? / Quel temps fait-il sur la France ? / Quelle importance / Rouge, rose à Buenos Aire / Le feu de l’atmosphère / Et si rien ne bouge…".
Surviennent ensuite les images colorées des mouvements de foule pour accompagner "Le début du siècle" et une interprétation très émouvante de "A l’évidence". Le désert a été choisi pour illustrer la nécessité douloureuse de prendre du recul, parfois, de mettre de la distance. Les chansons et les vidéos continuent de défiler à l’instar des paysages : "Comme" aux couleurs éclatantes, "La vie normale" plutôt en noir et blanc, "60 jours, 60 nuits" bleutée. Arrêt bref le temps du désormais incontournable réglage de guitare ! Patxi comble toujours avec autant d’humour ce moment délicat puis on reprend le voyage, encore plus enthousiastes, sur "Non, non, non", avant d’entendre une seconde nouvelle chanson "Mémoire sale".
Et c’est déjà le retour "A Paris" où la musique plus atténuée que sur l’album laisse la part belle à la voix de Patxi. Sébastien Lafargue entre sur scène pour l’accompagner et restera évidemment pour "Parachute". Le compte à rebours est lancé sur les écrans : le temps nous est compté ! Le spectacle se termine par "Les paradis perdus" et surtout par "Hegalekin" : c’est la fin de l’exil. Patxi nous ramène parmi nos hommes.
Ce beau voyage a duré à peine 1h15. Les fans ont été conquis une nouvelle fois et même mon voisin - venu contraint voire forcé - m’a confié que Patxi gagnait vraiment à être vu en concert, que sa voix et ses musiques y prenaient une autre dimension. Et c’est vrai : impossible de ne pas avoir été touché par son interprétation et les images rapportées. Mais justement : emportés si loin, on aurait sans doute aimé en voir plus, en entendre davantage. 75 minutes pour un aller-retour en Argentine, c’est un peu court. On a frôlé la capitale, on aurait voulu l’empoigner. Le nouvel EP, en préparation lors de ce séjour, nous en livrera peut-être davantage. |