Stand-up tragi-comique écrit par Jade Duviquet et Cyril Casmèze, interprété par Cyril Casmèze dans une mise en scène de Jade Duviquet.
L'époque est à la médiatisation généralisée de l'intime. Qu'il s'agisse des anonymes dans la petite lucarne avec les émissions de télé-réalité ou le blog, ou des artistes avec l'autofiction littéraire, terme qui a succédé à l'autobiographie plus ou moins romancée.
Il en est donc de même sur les planches où fleurissent les seuls en scène, du one-man-show au monologue, dans lesquels chacun y va de son son premier baiser, de son cancer, de son coming out, de sa condition ethnique ou de ses addictions.
L'intérêt pour le spectateur ? A chacun le sien pour les amateurs de ce genre qui ressortit à l'auberge espagnole.
C'est dans ce registre de la transfiguration du banal, même atypique, et de la surexposition de soi que s'inscrit le stand-up tragi-comique de Cyril Casmèze, comédien-acrobate-imitateur animalier, qui, sous le titre "Il est plus facile d'avoir du ventre que du coeur", porte sur scène ses névroses.
Petit et trapu, il a grandi en largeur, puis en épaisseur boulimique. Il lui manque dix centimètres pour avoir le bonheur d'entrer dans la norme sociétale et devenir un modèle "standard". De plus, à ce complexe habilement détourné mais au demeurant non résolu, s'ajoute l'angoisse obsessionnelle de la maladie et de la mort. Petit, gros et hypocondriaque, voilà une barque bien chargée pour traverser le long fleuve pas si tranquille de la vie.
Cyril Casmèze, qui a une présence empathique, s'adresse au public pour lui livrer ses peurs et ses fantômes, imite bien le chien, le singe et autres vertébrés, et use de son ventre comme d'un trampoline.
Co-écrit avec Jade Duviquet qui en assure la mise en scène, ce spectacle, plus grave que comique, aborde ces thématiques par le biais du particulier non distancié et ambitionne également d'explorer les liens entre humanité et animalité ainsi que les figures fabuleuses de l'ogre et du monstre.
Le spectacle, largement autobiographique donc, n'a pas atteint encore la dimension autofictionnelle qui permet de dépasser le stade de la catharsis et, parfois, certaines évocations douloureuses laissent penser que l'officiant a encore "le nez dans le guidon". |