Après plusieurs années de disette post-A.S. Dragon, Natasha remonte ce soir sur scène avec son nouveau combo, Oh La La ! pour un premier concert parisien au Nouveau Casino.
Ce sont les petits jeunes d'Air Bag One qui sont chargés de lancer la soirée.
Dans un style qui rappelle en vrac Adam Kesher, Phoenix et Two Door Cinema Club, ils s’acquittent brillamment de leur mission. Très belle voix, musique dynamique et efficace, beaucoup de bonnes idées, de l'entrain, un côté hédoniste plaisant. Mais leurs titres, un peu trop touffus, gagneraient à être plus concis. Surtout, il manque encore la mélodie qui met tout le monde d'accord.
Reste que ce concert bien maîtrisé (on sait combien les premières parties peuvent être casse-gueule) gagne en qualité au fur et à mesure des morceaux. Le trio aux cheveux parfaitement décoiffés (guitare / synthé / batterie, aidé de bandes pré-enregistrées de basse et synthé) nous offre même une antépénultième chanson aux airs de tube.
Lors de l'entracte, quelques minutes après Clément (son guitariste), on voit Natasha surgir des coulisses, fendre la foule setlist en main, visiblement nerveuse. Plutôt bon signe. C'est un Monsieur Loyal adepte du mauvais goût assumé (chaque phrase est entrecoupée par un "bande de fils de putes" ou un rôt, au choix) qui introduit Oh La La ! par une tirade Bukowskienne truculente à défaut d'être tordante.
Le groupe entame par "Nu Dans Ton Jean" et son refrain aussi étrange qu'efficace ("Qui est-il ? C'est elle. Qui est-elle ? C'est il."). "Goodbye Superman" et "Relax" (à des années lumières de Mika), deux des meilleurs titres de l'album, posent les bases du concert : tendus et énergiques.
On sent pourtant le groupe (contrairement à ce qui était annoncé, le trio est accompagné d'une bassiste sur la majorité des titres) pas encore libéré, pas complètement à l'aise. Natasha râle contre son micro cassé, il y a peu d'interaction avec un public bien mollasson, les titres sont fidèles et interprétés avec enthousiasme, mais le groupe reste un poil sage.
Et puis sur "Carmen" et "Really Nothing" - pourtant loin d'être nos extraits préférés -, ça y est : la bête est lâchée. Profitant d'un instrumental électro, Natasha se lance dans une danse lascive et le public se retrouve captivé. La reprise sauvage du "It's Like That" de Run DMC (curieuse mais réussie) enfonce le clou. Ces trois décharges électriques successives ont remis le concert sur de bons rails.
"Tomorrow" et "Not In The Mood" font retomber la tension et explorent le versant pop d'Oh La La !. Natasha, posant telle une féline sur l'enceinte de retour, s'invente en Catwoman. On adhère. "Un Poing C'est Tout" donne à voir un étrange happening : tenu en laisse par la chanteuse et vêtu d'une combinaison sado maso, le Monsieur Loyal du début fait son show à quatre pattes sur la scène, maltraité par sa maîtresse qui poursuit son couplet l'air de rien.
"Oser" reste le meilleur moment du set : avec ce morceau, Oh La La ! a sans doute trouvé la bonne formule. Natasha se lance dans un bref slam vite écourté devant le peu de réaction des spectateurs. Le public n'est clairement pas à la hauteur du show. Comme un signe, le "O" de l'écriteau Oh La La ! se casse la gueule en fond de scène. Le guitariste essaie tant bien que mal de réveiller un public amorphe en le piquant au vif, mais rien n'y fait.
Un "Paris Ne T'Aime Pas" tonitruant conclut le set. La chanteuse tente un deuxième slam plus réussi et enchaîne sur le refrain sans transition. Le groupe revient après un rapide rappel (on a connu fosse plus bruyante) pour interpréter "Rendez-Vous Avec Un Salop", pièce maîtresse du disque. "Est-ce que c'est mieux avec une salope ?" lance Natasha, sûre de son effet.
Ce concert était manifestement important pour le groupe, qui l'a, on le sent, un peu mauvaise. La faute à une assistance bizarrement apathique (peut-être l'album est-il sorti trop récemment ?). Le groupe, pas encore totalement rôdé, a tout de même livré une prestation solide et prouvé qu'il avait les épaules et les chansons pour enfiévrer une fosse. Confirmation attendue devant un parterre plus remuant. |