C'est sous une monumentale averse, qui ne cessera d'ailleurs quasiment
pas de la journée, que nous sommes accueillis sur ce premier
jour de la sixième édition de Solidays.
Et c'est donc devant un public venu nombreux s'abriter sous le
Dôme (seule des 3 scènes à être couverte)
que le groupe de rap / Hip hop Cellule X
ouvre le festival. Les quelques centaines de festivaliers déjà
présents, pour la plupart les campeurs étant arrivés
plus tôt pour monter leur tente, sont complètement
trempés et pour certains, n'ayant pas prévu un tel
grain, le festival s'annonce difficile.
Direction
la scène Bagatelle, un peu plus petite que la scène
Paris (sur laquelle se produiront toutes les têtes d'affiche)
pour le hip hop hard core de Enhancer.
Des rappers en casquettes, comme il se doit, streetwear pour street
music, accompagnés de lourdes guitares et basses font leur
show. Ça crie, ça saute et ça gesticule en
tout sens sur une musique entre heavy métal et hip hop et
les premières jambes dépassent déjà
de la foule...
Rien
de bien nouveau mais cela met en jambes et réchauffe le public
qui doit quand même se taper (et nous avec) la traversée
complète de l'hippodrome afin de se retrouver au pied de
la scène Paris, où jouent les Babylon
Circus.
Dans un style totalement différent (vive l'ecclectisme
des festivals), ce sont une troupe de joyeux lurons qui n’en
gigotent pas moins pour autant que les précédents.
Ici pas de rap ni de hip hop mais du festif. Ça démarre
avec une intro de cuivres dans la tradition de la fanfare des beaux-arts.
On s’en fout de la pluie du moment qu’on est bien ensemble
! clame le chanteur pour remonter le moral mouillé des premiers
festivaliers
Cuivres
et accordéons accompagnent guitares basses batteries et surtout
2 chanteurs débordant d'énergie dont l'un d'eux fait
immanquablement penser à Manu Chao. Même taille, même
look, même énergie et charisme à l'avenant.
Si le style musical est assez éloigné de celui de
la Mano Negra, ragamuffin, mâtiné d’Eiffel et
Manu Chao, scansion afro, touche manouche dans l’air du temps,
des refrains qui sentent bon la reprise en chœur (Tu
n’es pas ma mère/Je ne suis pas ton fils/Ce n’est
qu’une frontière de plus – la caravane passe/elle
n’est pas prête de s’arrêter/les chiens
n’ont pas fini d’aboyer), on retrouve néanmoins
un coté militant (qui sera d'ailleurs bien entendu le fil
rouge de ce festival) assez fort. Un bref intermède pour
appeler à la mobilisation contre le blocus des médicaments
vers l’Afrique leur sert de transition pour leur chanson Afrique.
Visiblement pas impressionnés par la foule massée
devant la scène ni par les fans aux premiers rangs brandissant
un immense drapeau Babylon Circus ("Hé
il est super ton drapeau toi la bas !") les Babylon
Circus redonnent tout au long de cette heure de concert le sourire...
Et
c'est reparti pour un tour, direction le Dôme (chouette à
l'abri) pour les stéphanois de N&SK
qui comme leur nom l'indique font une musique "Nomade"
et "SKa", CQFD. Nomade parce que ce groupe est un beau
métissage, tant bien entendu dans les membres eux mêmes
mais aussi dans leurs influences musicales, mélangeant rythmes
orientaux et violons tziganes, musique du monde et ska. Une fois
de plus, le style est totalement différent d'un concert à
un autre mais le public s'y retrouve et sait apprécier.
Conférence
de presse de N&SK>>>
Et ce ne sont pas les No One Is Innocent
sur la scène Bagatelle qui y changeront grand chose. Le spectacle
est autant ici que là- bas et le public se répartir
équitablement entre toutes les scènes, chacun y trouvant
son compte, tant les fans que d'autres venus en curieux.
La première "tête d'affiche" de ce festival
sera Corneille. Par tête d'affiche
il faut comprendre que ce concert bénéficie d’une
programmation de choix puisqu’il n’est concurrencé
par aucun autre.
Toutefois, étant dépourvu du don d’ubiquité,
nous zappons Corneille au profit d'une interview de Patrice,
un des grands du reggae moderne qui nous assure que dès qu'il
jouera (à 21h quand même) le soleil réapparaîtra...
on aimerait le croire...
Pour
l'heure, il est temps de choisir entre le pseudo folk rock de Tété
et le joyeux rock de La Ruda. 2 secondes
d'hésitation plus tard et nous nous retrouvons au concert
de La Ruda. Même recette que les Babylon Circus (à
savoir, trompettes à tout va et guitares avec un chanteur
débordant d'énergie)..
Look de jeunes (casquette, short,
maillots de foot) pour ce groupe qui a déjà une belle
carrière derrière lui (plus de 10 ans) et qui aujourd'hui
a mis du rock dans son ska au point où le nom du groupe a
récemment été amputé du "Salska".
Le mélange n'en est que plus détonnant et le plaisir
que prennent les musiciens sur scène est assez communicatif
sous une pluie incessante.
Malgré la paille répandue, l’hippodrome se
transforme en bourbier et nous attendons impatiemment Patrice
les pieds scotchés au sol. Fragile et lumineux, il arrive
souriant et l'air visiblement heureux sur scène pour entamer
tranquillement son set à la guitare acoustique comme à
son habitude.
Lorsqu'il commence la deuxième chanson et qu'il monte sur
les caissons de basse devant la scène pour venir au plus
près du public, le miracle annoncé se produit, la
pluie cesse et le soleil apparaît ! Incroyable ... ? et pourtant...
la musique d'Ancient Spirit plaît aux cieux...
Et non seulement Patrice sait faire venir le beau temps mais en
plus il nous offre sa musique vibrante, bâtie sur les soubassements
du reggae "historique", chaleureuse, entre reggae et néo-soul,
sa voix exceptionnelle aux intonations qui rappellent parfois tant
celle de Bob Marley que celle de Finley Quaye, et son envoûtant
sourire (qui n'a d'égal que celui de son bassiste et sa superbe
5 cordes).
Interview
de Patrice >>>
Malheureusement
le temps passe et il faut filer sans plus attendre sous le Dôme
afin de ne pas rater ce qui doit d'être l'événement
de la journée, voire du festival, autrement dit le concert
de Monsieur Bashung.
Comme il fallait s'y attendre, le Dôme, dont la moyenne d’âge
du public s’est élevée, est rempli à
craquer (mais comme il n'y a pas de paroi, les moins chanceux pourront
quand même assister au concert sous la pluie sans trop rater
de ce qu'il se passe sur scène). Le public est venu voir
Bashung. Pas en passant sur le site du festival. Non, comme pour
un concert.
La foule s’impatiente comme lors d’un concert en salle
: sifflements, applaudissements, tapements de pieds sur le sol en
bois, le Dôme retentit. Les fans devront patienter encore
un peu car montent sur scène des représentants de
diverses associations engagées dans la lutte contre le sida.
La porte parole de l’association "Etudions gayement"
exhorte le public au port du préservatif au cours d’une
petite intervention musclée tout en restant réaliste
("Mettre une capote ça prend 2
secondes pour vivre plus longtemps... Il faut lutter pour avoir
des préservatifs gratuits parce que la santé n’a
pas de prix... Les préservatifs sont gratuits ce week end
alors faites un max de réserves").
Et
Bashung se fait attendre. Il fait enfin une entrée complètement
hallucinante au plan visuel. Dans la lumière bleu, sur l’intro
de "L’imprudence" manteau
et pantalon de cuir à la matrix, santiags, gantelet moiré,
lunettes noires, cheveux grisonnants, nez busqué et intonations
gainsbouriennes.
Il retire son manteau sur "La nuit je
mens", et apparaît hybride d’un Gainsbourg
classieux en veste de satin noir, l’index et le majeur tenant
une cigarette fantôme, il se prend pour le fumeur de gitanes
dont il adopte la gestuelle syncopée pour le haut du corps,
et de Johnny au jeu de jambe arthritique. Il parle plus qu’il
ne chante, le son est plus noisy que rock.
Les musiciens sont sobres et efficaces à l'exception du
facétieux bassiste, en marcel et béret du plus bel
effet. Le concert est sans réel surprise, tiré au
cordeau, mais pas non plus passionnant pour qui n'est pas un fan
de la première heure. Un concert en forme de best of avec
en prime un duo sensuel avec sa compagne Chloé
Mons.
Pendant que Alpha Blondy enflamme la
nuit sur la grande scène, les premiers festivaliers rentrent
se sécher...
Il reste deux jours ! Pas question de faire une pneumonie avant
!
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