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Bataclan  (Paris)  7 juillet 2004

L'icône vivante

Patti Smith est de retour à Paris !

Il est des concerts mythiques qu’il serait inconcevable de rater. A l’instar du retour messianique de Morrissey en octobre 2002 à la Mutualité, celui de Patti Smith au Bataclan, la divinité fondatrice du punk rock féminin, nommée à juste titre "Pythie Smith" par Libé, en fait partie. Parce que Patti Smith ce n’est pas rien.

Musicienne et poétesse, qui a eu envie de faire de la musique en écoutant les Doors et de la poésie en lisant Rimbaud, son univers personnel, sa musique sans concession, à la fois ambitieuse et artisanale et son engagement politique avant gardiste reste un exemple du genre et elle a ouvert aux femmes la voie du punk et du rock, chasse gardée masculine des années 70. Elle est aussi une militante inconditionnelle de la paix

Quand le Bataclan ouvre ses portes à 19 h pour un concert annoncé à 19h30, la file d’attente, blanchie sous le harnais, n’est pas bien impressionnante et pourtant il s’agit de concert à guichet fermé. Dans la salle, le public arrive lentement, presque sagement.

Concert sans première partie, à 20h, le public se manifeste timidement : quelques sifflets et quelques applaudissements comme pour signaler sa présence. On est loin des hurlements hystériques de public de teenagers. On sait bien qu’elle est là et qu’elle va venir.

A 20h15, les roadies arrivent pour les derniers réglages. Incroyable ! A croire qu’ils n’avaient pas le temps de le faire depuis cet après-midi.Le temps semble bien long. Chacun s’impatiente. Elle va pas jouer à la diva la mémé se dit-on pour cacher l’anxiété qui naît de l’attente, de la crainte d’être déçu, qu’elle ne parte en sucette comme bon nombre de vieux qui ont fait cette année leur come back.

20h30 elle arrive. A peine entrevu le bout de son nez qu’une clameur s’amplifie et s’élève pour finir en ovation !

Elle entre à l’aise, souriante, juvénile, un tournesol à la main. Mince, androgyne, ses longs cheveux dans les yeux, elles apparaît en veste noire, T shit logo peace et jeans élimés. Les applaudissements crépitent, n’en finissent pas et tournent à l’hommage. Elle remercie simplement, se dit heureuse de ce retour, comme ça sur le ton de la conversation, comme si elle nous avait quitté hier, sans complaisance ni forfanterie.

Elle regarde la salle qui n’est pas encore dans la pénombre. Son public est là, celui qui la suit depuis toujours. Ils ont son âge ou presque. De grandes tonsures et de petites calvities, quelques cheveux longs de baba-cools un peu momifiés qui n’ont pas vu le temps passer, essentiellement, et curieusement, des hommes et puis des femmes, des quadras venues entre copines ou avec leur fille.

Que pense-t-elle en voyant son public ? Est-elle déçue de la minorité de très jeunes ? Non , certainement pas. Son public est là fidèle, trente ans après, parce qu’elle n’a pas changé, les valeurs qui ont donné du sens à sa vie perdurent et elle se bat encore pour les mêmes idéaux.

Il n’en sera sans doute pas de même pour les groupes rock garage qui cartonnent aujourd’hui. De toute façon leur longévité dépasse rarement les doigts d’une main et leur public, fast food-fast musique, ne sont que des consommateurs éphémères adeptes du zapping tous azimuts. On aime, on n’aime plus. Un peu comme la différence entre l’avaleur de banane et le mangeur d’oranges. Le premier mange la pulpe, jette la peau et c’est fini. Quel mangeur d’oranges n’a pas semé une fois au moins le pépin pour le regarder germer ? La différence est là.

Bien que fragile et menue, Patti Smith est une bête de scène, la scène lui appartient. Avec en toile de fond des projections d’images politiques, kaléidoscopiques, ou new age, sur lesquels se figent des portraits, ceux de Jim Morrisson, de Fred Smith, de Gandhi et de Marlon Brando, entourés de très bons musiciens dont les excellents et fidèles Jay Dee Daugherty à la batterie et Lenny Kaye à la guitare, qu’elle joue les derviches tourneurs, qu’elle prenne la clarinette pour un morceau free jazz expérimental, qu’elle chausse ses lunettes pour lire un poème, qu’elle danse à la manière d’un échassier, qu’elle remonte les manches de son T shirt comme pour engager un corps à corps avec son propre texte, qu’elle se rue sur sa guitare, qu’elle lance des imprécations contre les businessmen ("Where are the people ? Where are the musicians ? Fuck the businessmen !") elle subjugue, elle envoûte, elle hypnotise.

Sa présence scénique et sa voix brute et profonde, de l’incantation au punk rock, de la ballade à la poésie, du hurlement à la scansion apache, du chant au cri, de l'incantation au râle ont transcendé le Bataclan.

Contrairement à sa presque légende, et n’en déplaise à ses détracteurs, Patti Smith ne chantera pas pieds nus malgré les tapis étalés sur la scène et ne se répandra pas en lectures poétiques même si elle nous parle de son concert à Charleville, patrie du Voyant, et fait deux courtes lectures.

Elle dédie aussi ce concert à une amie disparue, une française, dont le nom et les deux dates qui cernent la vie s’affichent sur la toile de fond le temps d’une chanson "Lizzy Mercier Descloux 1956-2004". Qui se souvient de Lizzy Mercier Descloux, l'égérie du mouvement punk français, dont la chanson "Qui a peur des gazelles" ?, tube du début des années 70, a regagné aujourd’hui la boîte des nanars (*)?

C'est son panthéon comme écrivait PascalR dans sa chronique du concert de Londres. Mais rien de mortifère là-dedans. C’est bien de s’attacher la présence de ceux qui ont donné un sens à votre vie, qu’ils soient célèbres ou anonymes.

Et Patti Smith a sa place au panthéon universel de la musique. Elle y figure déjà et ces applaudissements ininterrompus ne sont pas ceux qui accompagnent la remise des prix hors concours en remerciement des services rendus ou en récompense larmoyante d’une carrière certes exceptionnelle mais défunte. Ce sont ceux de remerciements pour une musique vivante qui sait rester créative et authentique.

En rappel, elle nous offre un fabuleux "Gloria" qui nous transporte, sans nostalgie, mais avec ravissement aux divines années du rock.

Et elle quitte la scène avec sa fleur de tournesol, symbole de la lumière spirituelle.

 

(*) En 1975, Lizzy Mercier Descloux avait fondé avec son compagnon Michel Esteban, le fondateur du label Ze Records, "Rocks news" un magazine entièrement consacré au mouvement punk qui émergeait de l'underground anglo-saxon et avait ouvert aux Halles une célèbre boutique de tee- shirts, "Harry Cover" qui devint le lieu de rendez-vous des premiers groupes punks parisiens.

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# 14 juin 2020 : Et si on achetait des disques ?

Samedi 20 juin, c'est un Disquaire Day un peu particulier qui sera réparti sur 3 autres dates. L'occasion de soutenir plus que jamais vos disquaires. Pour l'occasion vous pouvez même précommander les disques pour éviter la cohue dans les magasins. En attendant voici le sommaire de la semaine, et en bonus le replay de notre 2eme Mare Aux Grenouilles sur Twitch.

Du côté de la musique :

"Après le soir" de Camille Bénâtre
"Le love & le seum" de Charles-Baptiste
"New age norms 1" de Cold War Kids
Interview de Datcha Mandala autour de leur album "Hara"
"Mutations Les chimères de Clément Janequin" de Ensemble Thélème & Quatuor XASAX
"Le sismographe / Noyé" de Gontard!
"La battue" de Les Marquises
"Two Lovers" 17eme mix de Listen in Bed
"C'est la vie" de Olivier Perrot
"Knot" de The Nits
"To save what is left" de Roseland
"Parisienne" de Sarah Lancman
et toujours :
"Domesticated" de Sébastien Tellier
"Polychrome sounds from the underground" de Song Song
"Hara" de Datcha Mandala
"Oxurya" de Fontiac
"Plus rien" mix #16 de notre émission Listen In Bed
"Raviolo" de Mc Baise
"Acapas" de Olivier Savaresse
"Herencia" de Quinteto Respiro
"Les 1001 nuits du jazz" de Raphael Imbert, Johan Farjot & guest
"Chant de force" de YN

Au théâtre dans un fauteuil de salon avec :
des créations :
"Salle d'attente" Lars Noren
"Meaulnes (et nous l?avons été si peu )" de Nicolas Laurent

"Breaking the news"de Alexandra Badea
"Le Dépeupleur" de Michel Didym
"Dj set (sur) écoute" de Mathieu Bauer
des comédies contemporaines :
"Un amour de jeunesse" de Ivan Calbérac
"Deux hommes tout nus" de Sébastien Thiéry
du Shakespeare revisité :
"Henri VI" par Thomas Jolly
"Comme il vous plaira" par Christophe Rauck
les vaudevilles de Georges feydeau vu par Zabou Breitman :
"La dame de chez Maxim"
"Le Sytème Ribadier Feydeau"
du côté des humoristes :
"Max Bird - L'encyclo-spectacle"
"Chevallier & Laspalès - Bien dégagé autour des oreilles s'il vous plaît"
et Au Théâtre ce soir :
"La Coquine" de André Roussin

"Tout baigne " de Pascal Elbé
"Beaufils et Fils"de Raoul Praxy

Expositions :

voir des expositions en "real life" avec la réouverture progressive des musées :
"Christan Louboutin - L'Exhibition[niste]" au Palais de la Porte Dorée
"Coeurs - Du romantisme dans l'art contemporain" au Musée de la Vie romantique
"Les contes étranges de N.H. Jacobsen" au Musée Bourdelle
les Collections permanentes du Musée Cernushi
"Le Monde selon Roger Ballen" à La Halle Saint Pierre
"Helena Rubinstein - La collection de Madame" et "Frapper le fer" au Musée du Quai Branly

Cinéma at home avec :

du drame :
"Paranoid Park" de Gus Van Sant
"Le Festin de Babette" de Gabriel Axel
de la romance : "Aime-moi comme je suis" de Stephan Meyer
du conte fantastique : "La fantastique histoire de Blanche-Neige" de Rachel Goldenberg
des comédies avec :
"Signé Furax" de Marc Simenon
"Le Débutant" de Daniel Jeanneau
au Ciné-Club des films des années 30 :
"Les Rois du sport" de Pierre Colombier
"Forfaiture" de Marcel Lherbier
"Les chasses du Comte Zaroff" de Ernest B. Schoedsack
et un court-métrage expérimental "Les extraordinaires mésaventures de la jeune fille de pierre" de Gabriel Abrantès
une rareté : "Une homme qui dort" de Bernard Queysanne et Georges Perec
et la version ciném d'un documentaire incontournable "Human" de Yann Arthus-Bertrand

Lecture avec :

"Et les vivants autour" de Barbara Abel
"L'iguane de Mona" de Michael Uras
"Mothercloud" de Rob Hart
"Trahison" de Lilja Sigurdardottir
et toujours :
"De Wagner à Hitler" de Fanny Chassain-Pichon
Entrevue avec Fanny Chassain-Pichon
"L'enfer commence avec elle" de John O'Hara
et toujours :
"BeatleStones" de Yves Demas & Charles Gancel
"L'obscur" de Phlippe Testa
"La géographie, reine des batailles" de Philippe Boulanger
"Trouver l'enfant / La fille aux papillons" de René Denfeld

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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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