"Ne cherchez plus le bonheur, la vie vaut mieux que ça", je suis d’accord, à condition d’ajouter que le bonheur est là, juste ici, tout petit, dans un regard, dans une parole, dans un geste, dans une chanson… La preuve, My Concubine en a mis dans Une chaise pour Ted. C’est vrai qu’il y a "con" et "cul" dans ce groupe, mais justement, puisqu’il y en a pas mal dans le monde (des cons et du cul), pourquoi pas dans la musique ?
Nouveauté dans le groupe : Lizzy Ling, je note pour les connaisseurs, elle chante avec Eric Falce, ce mec qui a un côté mafia italienne du type qui coupe des têtes, qui a suffisamment d’humour pour te filer une pelle avant de te tuer, histoire d’avoir une tombe décente.
Petit bijou d’auteur : "Un parfum". Le titre retrace une idylle sous forme d’une grande métaphore odorante, le parfum aux effluves ensorcelantes, qui obsède et charme mais finit par dégoûter, voire repousser, au point de ne plus pouvoir sentir la personne qui le porte, malgré l’avoir mis au parfum dès le début. Joli.
Il provoque, il décapite, il découpe et tranche dans le vif, avec un détachement insolent, tout en pointant des détails de la vie quotidienne, des petits travers et des vices, des envies de meurtres à la passion dévorante parce que "pas de plaisir sans dilemme".
En gros, si t’es moche, t’es coupable, si t’es beau, plus facile de cacher l’horreur. C’est le cas du tueur Ted Bundy, (ça doit être pour lui la chaise pour Ted), un beau gosse assassin, que chacun a dans un coin du cœur, surtout en cas de jalousie, de colère, de furie "En voiture avec Ted".
Une dernière dissection de titre, pour mesurer le second degré, la tendre noirceur du groupe : "Pauvres mecs". Parce que les pauvres mecs ont des idées bien arrêtées sur tout, des jugements hâtifs, des idées toutes faites et le cerveau sous la braguette, ils finissent tous avec une pauvre conne… Oui mais qui n’est pas devenue une pauvre conne pour un pauvre mec ? Et vice-versa ?
Troisième album, après La Tangente et Les belles manières, My Concubine propose Une chaise pour Ted et chante avec une nonchalance inouïe des airs pop anglo-saxons, folk, tranquille et classe. Je ne sais pas à quoi il ressemble, mais je ne veux pas le savoir, j’imagine un dandy bien sapé, maîtrisant tous les épis rebelles de ses cheveux, avec une guitare et une voix profonde et sensuelle, capable d’adoucir mes petites misères en trois minutes. |