Vincent Fauche, un artiste à tendance rock et musique saturée, tombe un jour dans le terrier d’un lapin pressé. A son réveil, il se rend compte qu’il s’est endormi dans un conte de Grimm, au pied d’un arbre. Il veut faire partager son rêve, en musique, et crée pour cela un univers complet, entre piano, violoncelle et lyrisme.
Le projet est né, il s’appellera Alice In Neverland, librement inspiré du monde de Lewis Caroll, avec un arrière goût de Tim Burton (en moins flashy) et de fée clochette qui emmène un certain Peter en Neverland. L’artiste s’enferme deux ans dans sa chambre, va parfois faire un tour chez Laura Nicogossian (elle a un joli piano) et chez Jérémie Garat (il violoncelle pas trop mal) pour prendre des sons, il mixe tout ça avec précision à Bayonne (le pays du jambon… je ne vois pas le rapport), et sort le disque (création graphique de ses soins également).
Et on y est, tout y est, la rêverie du début, la chute dans le terrier, l’envol au pays imaginaire, la lumière au loin, les larmes à s’y noyer dedans, l’arc-en-ciel pour y faire du toboggan, les sombres forêts, les gentils enfants perdus, le mystérieux chat, la fée clochette sage conseillère, la méchante reine et le capitaine crochet, le crocodile, le chapelier fou…
Ils ne sont pas explicitement cités, mais on les voit passer dans la musique, un peu comme le conte musical Pierre et le Loup, si vous associez chaque personnage à un son, chaque rebondissement à un rythme, chaque lieu à un instrument, l’histoire au complet se déroule dans vos oreilles. Une belle prouesse, résultant d’un contenu divertissant hautement pédagogique.
Manque les images peut-être, mais ça ne saurait tarder (?), parce que Vincent Fauche a aussi créé le graphisme de la pochette. Une douce Alice (peut-être pas blonde, parce que judicieusement tracée en noir et blanc), une forêt inquiétante, l’ombre d’un haut de forme sans visage, le tout dans une palette de coucher de soleil, rouge et or.
L’album me semble être une graine de monde, à partir duquel tout devient possible, en mêlant l’inquiétante magie et la chaleur du coin du feu des contes traditionnels, des dizaines d’histoires peuvent se raconter avec ces quelques clés livrées par cet auteur de génie. Je donnerai beaucoup pour qu’il m’en livre encore un peu plus, pour voir pousser cette graine d’univers, que j’imagine merveilleux. |