Il faut descendre une volée de marches pour accéder à la petite salle des Déchargeurs, une cave voutée, aux murs de pierres blanches et aux lumières tamisées. Il y a là quelques banquettes, quelques chaises, de petites tables de bar histoire de finir votre verre, et surtout un piano droit décoré de lampes aux formes alambiquées.
Lise entre en scène, vétue d'une petite robe orange, une barette rétro dans les cheveux pour que le public puisse voir son visage lorsqu'elle se penche sur le piano. Visiblement traqueuse, ses lèvres dessinent un sourire un peu forcé. Mais dès qu'elle se met au piano, la magie opère.
Avec un maillet de feutre, destiné à taper sur un gong, elle frappe le coffre du piano afin de le faire résonner. Tout au long du concert, elle pincera les cordes à l'intérieur du piano, les effleurera avec un balai de batterie jazz pour obtenir des sons cristallins, et sortira toutes sortes d'effets inattendus de son instrument.
Les versions qu'elle livre de ses chansons sont tendres ou délicates. Alors parfois, pour désamorcer la charge émotionnelle, elle livre une petite anecdote. Elle assurera même à un bref numéro de claquettes en clôture de "Paris".
En plus des chansons finement ciselées de son album, elle se livera à quelques reprises. Elle interprétera "P.I.M.P." de 50 Cents dans une version presque foxtrot, évoquant un pimp (traduction : un mac) période Cotton Club. Plus inattendu, sa version de "Love will tear us apart" de Joy Division met l'accent sur la passion qui, forcément, précèdera les larmes. En rappel, elle clôturera son tour de chant par une chanson de Bertrand Belin.
Mais avant cela, elle a régalé le public d'un splendide morceau que lui a offert Dominique A, dans lequel il est question de jetée et de mer intranquille. Elle l'interprète avec des accents empruntés au grand Dominique. Pourtant, le titre de cette chanson demeure mystérieux puisque sur la feuille où sont indiqués les titres est inscrit un mystérieux "Dom@".
Il ne fait aucun doute que par son talent et sa personnalité, douce, subtile et originale, Lise remplira bentôt des salles bien plus importantes que celle-ci. Ne ratez pas la série de concerts que cette jeune femme, qui ressemble à un diamant brut, donne aux Déchargeurs, et dans quelques années vous pourrez dire, pour vous faire mousser dans les conversations, "Lise ? Je l'ai découverte très tôt." |