Je me souviens du jour où mon père s'était ramené à la maison avec Whiskey, premier disque de Jay-Jay Johanson, sorti il y a 15 ans déja. Il n'écoutait que ça et So tell the girls that I am back in town a profondément marqué mon adolescence. Tellement que j'avoue avoir fait abstraction de tout support discographique touchant de prêt ou de loin à Jay-Jay Johanson. C'est donc par curiosité que je suis allé à l'écoute de ce nouvel opus, Spellbound (d'ailleurs précisons tout de suite que le morceau éponyme est fort surprenant car d'une durée de 36 secondes, ce qui est peu banal).
Ce nouvel album est très jazzy, et un disque de chant avant tout, Jay-Jay Johanson étant, il faut le reconnaitre, un excellent crooner. Le disque commence donc, logiquement, a cappella avant une arrivée de vents et de percussions minimalistes, qui s'enchaine à merveille sur le second morceau "Dilemma" qui n'est autre que le single. Ce titre affiche une fois de plus la couleur et semble être un hommage au sulfureux "Fever" de Peggy Lee.
La direction prise par l'artiste est donc on ne peut plus claire et perdura sur les neuf autres morceaux du disque.
Néanmoins, Jay Jay Johanson ne se complait pas dans ce que l'on peut vulgairement catégoriser de "jazz chiant", pour les mauvaises langues.
En effet, certains morceaux sont plus aventureux (comme l'excellent "Shadows", le meilleur du disque, avec son côté western caverneux et son entêtant refrain au piano).
On pense évidemment à Chet Baker par moment (notamment sur "An Eternity"), ou encore à Bernard Hermann sur "Blind" pour les arrangements de cordes hollywoodiens.
Cet opus me semble aussi être une réflexion personnelle sur la mort, la plupart des chansons en parlent d'une manière plus ou moins explicite. En effet, que faut-il conclure de titre comme "On the other side", "Monologue", "Suicide Is Painless", ou encore "Out Of Focus" ?
Ce disque est loin d'être un disque joyeux, porté sans cesse par une mélancolie enivrante, notamment au cours de ses deux dernières minutes atmosphériques et ambiantes qui, en terme d'imagerie sonore, représenteraient l'aller ultime dans un hypothétique tunnel, guidé par une divine lumière obscure.
Ce disque est donc réussi mais attention, il faut réellement aimer la musique douce et intimiste car l'ennui rôde, ici réside son principal défaut.
Inutile également de se forcer à l'écouter, car il a plus pour but de porter l'auditeur, et c'est en cela qu'il constitue finalement un excellent disque de début de printemps. |