Le rock incisif et direct
des quatre angelots de Hopper nous avait
impressionné. Rencontre avec deux membres d'un groupe ambitieux
qui sait ce qu'il fait et ce qui'l veut.
Hopper a été créé
par les deux filles ?
Dorothée : Oui mais en fait c'était
vraiment les prémices, on n'a pas fait grand chose d'autre
que trouver le nom à l'époque. Hopper c'est vraiment
nous 4. Au tout début quand on était que les 2 filles
on avait fait un premier album bricolo enregistré à
la maison avec un petit 4 pistes. On a mis un an à le faire
et puis assez rapidement ensuite on a rencontré Romain et
Jean qui étaient des amis de notre entourage et qui antérieurement
avaient joué dans d'autres formations.
Quel genre de formation ?
Romain : Moi c'était quelque chose de beaucoup
plus rock, avec plein de garçons et puis Jean a joué
dans un groupe de jazz et ensuite un groupe pop rock.
Dorothée : A la Radiohead disons. Il est
donc le batteur. Et puis donc ensuite on a essayé de jouer
ensemble voir ce que cela donnait et ça a tellement bien
marché que depuis 4 ans le groupe ne se quitte plus !
Romain : Dans un premier temps nous avons enregistré
un 4 titres dans un petits studio, pour voir ce que ca pouvait donner
dans cette nouvelle formation à 4. Et puis a partir de ce
moment là le but était quand même de faire des
concerts, d'être sur scène pour arriver à faire
un album qui ait vraiment du corps et qui nous ressemble. Et c'est
ce que l'on vient tout juste de réaliser avec A tea with
D.
Donc contrairement à d’autres groupes,
vous êtes d'abord aller roder les morceaux sur scènes
?
Dorothée : Oui, cela permet de rendre les
morceaux plus aboutis et de nous prouver un peu ce que l'on valait
sur scène. Car parfois si on commence par un album sans avoir
jamais fait de scène les gens peuvent être vraiment
très déçus. Et cela se sent sur l'album. Il
y a des groupes comme cela qui ne font qu'enregistrer, c'est trop
travaillé et ça manque de sincérité,
de spontanéité.
Romain : Après la conception de la musique
dépend des écoles. Pour moi la musique est faite pour
être jouée live. Un album, un enregistrement c'est
bien parce que ça laisse une trace, ça arrête
un moment la création sur quelque chose de précis
mais il faut que ce quelque chose existe déjà. Et
je crois que cela nous correspond bien car nous nous considérons
plus comme un groupe de scène que comme un groupe de studio.
Vous avez fait près de 200 concerts. Pour
quel type de scènes et de concerts ?
Dorothée : Je crois qu'on a eu droit à
tout. Nous avons fait des bars, des cafés concert et on a
même joué au Zénith l'an dernier dans le cadre
d'un forum sur l'autoproduction. C'était la plus grande scène
qu'on est faite. Mais pour nous il n'y a pas de barrière,
pas de frontière. D'ailleurs au Zénith nous n’avons
peut être pas autant apprécie que lorsque l’on
joue dans un bar plein à craquer ou une petite salle avec
les gens très enthousiastes juste devant nous, que l'on peut
ressentir.
Romain : Il n'y a pas de mauvaise scène
en fait, mais il y a un bon public ou pas de public en fait. Une
salle peut être vraiment remplie ….
Dorothée : … même avec des conditions
pas bonnes, un son pourri c'est pas agréable.
Romain : Une salle remplie à craquer et
qui ne contient que 20 personnes c'est bien plus agréable
qu'un Bercy avec 100 personnes.
Dorothée : Oui et avec des gens qui sont
venus voir la tête d'affiche. C'est vrai qu'on préfère
jouer devant moins de personnes qui sont vraiment là pour
nous que dans un stade rempli de gens qui s'en fichent. D'autre
part, être passé par toutes ces salles, ca rend plus
fort scéniquement et puis on a fait un peu le tour des galères,
le son pas toujours super ça forge le caractère ...
mais on en rigole après.
Romain : C'est vrai que ce n'est pas toujours agréable
de jouer dans certaines conditions mais ça forme et je pense
honnêtement que chaque groupe devrait passer par là
et une fois qu'on l'a fait on en tire déjà une certaine
satisfaction. Parce que je pense qu'il y a du mérite à
faire des choses comme ça et puis cela permet d'appréhender
les scènes différemment. On sait vraiment apprécier
une bonne scène. Ça donne vraiment une idée
de ce que c'est qu'un bon concert
Dorothée : C'est un peu comme faire plein
de petits jobs avant de décocher le boulot dont vous avez
vraiment envie.
Vous parliez de galères. Comment organisez-vous
vos concerts sans tourneur ?
Dorothée : Nous contactons les salles par
nous même. Autour de Paris, et puis on fini aussi par croiser
toujours plus ou moins les même groupes et on est assez copain,.
Donc on nous fait connaître le milieu, les réseaux,
on s'appelle pour faire des scènes ensemble. Une fois un
mec d'une association était dans le public et voulait organiser
un concert et ça c'est fait comme ça, c'est une espèce
de réseau.
Et en province également ?
Dorothée : Oui mais on n'a pas encore touché
le sud, c'est plus compliqué au niveau public, et la Bretagne
mais c'est plus rock en Bretagne. En tout cas tout cela reste une
petite entreprise familiale, on fait tout nous même, les affiches
les tracts. Et même si on a un label aujourd'hui on veut quand
même continuer à regarder ce qu'il se passe, garder
une certaine maîtrise et avoir des initiatives.
Et entre la galère et votre arrivée
sur le label cela s'est passé comment ?
Romain : Et bien en concert, le label est venu
nous voir après un concert auquel il assistait. J’ai
vraiment l’impression que tout se passe sur scène.
La musique mûrit sur scène, les morceaux s’y
enrichissent. On y vend aussi nos disques.
Vous voulez garder la maîtrise de votre
travail. Qu’attendez-vous alors du label ?
Dorothée : C’est une question difficile.
Le label est là pour nous servir. Il est vrai que parfois
j’ai l’impression qu’il se passe l’inverse.
Le groupe laisse le label faire. Nous voulons avoir la maîtrise
de toutes les étapes.
Romain : Comme il s’agit d’une structure
indépendante qui sorte un premier disque et qui en est au
même stade que nous dans sa démarche, nous travaillons
vraiment ensemble et nous nous aidons réciproquement. La
question est de savoir combien d e temps cette dynamique durera
sans que l’un se serve abusivement de l’autre. D’autant
que nous avons lentement. Car le label aura vite besoin de signer
d’autres groupes et notre groupe aura sans doute vite besoin
de plus de confort ? Donc la question se posera pour notre deuxième
album pour savoir si nous cherchons des solutions plus en adéquation
avec nos envies. Mais je reste assez satisfait de ce système
par rapport à celui où on se retrouve assis dans gros
fauteuil très confortable mais dont on ne peut plus sortir.
Où dont on peut sortir très vite
si les ventes ne sont pas à la hauteur de l’attente…
Romain :…oui un gros fauteuil éjectable.
Avec notre label nous sommes dans une relation de confiance et d’entraide
avec des gens qui nous ressemblent.
Dorothée : Ils viennent d’un milieu
musical semblable au nôtre, nous avons les mêmes goûts
et il sont trimés aussi ce qui leur donne une petite expérience
comme dans notre cas. Si notre album marche bien, le label sera
mis en évidence
Romain : Ce serait l’idéal car ils
pourraient nous permettre d’enregistrer notre prochain album
dans les conditions que nous souhaitons ce qui leur permettrait
aussi de grandir. Mais nous y verrons plus clair à la rentrée
car l’album est sorti en mai.
Comment démarre l’album en termes
de vente ?
Dorothée : Nous n’avons pas encore
les chiffres.
Romain : Nous avons des retours très positifs
mais clairement nous n’avons pas de visibilité. De
toute façon nous n’en avons pas vendu 10 000 disques
nous n’en avons tirés que 2 000. Quand nous serons
devenus disque d’or nous le saurons car il aura fallu procéder
à un second pressage.
Dorothée : Si ça marche bien la question
qui se pose justement est celle de savoir si nous allons faire un
deuxième pressage. D’autant que le label compte distribuer
l’album à l’étranger. Nous avons déjà
obtenu une distribution sur le Canada qui se mettra en place à
la rentrée. L’objectif est quand même de viser
d’autres pays.
Revenons sur ce que vous disiez concernant un
principe d’adéquation entre la stratégie du
label et vos envie. Quelles sont les objectifs et les envies de
Hopper ? Pourquoi et pour quoi ?
Romain : Le groupe en lui-même et la musique
n’ont pas besoin d’un label. Le label n’intervient
que comme structure nous permettant d’enregistrer dans les
conditions que nous souhaitons. Le son est très important.
Ainsi nous avons fait le choix d’enregistrer dans un studio
qui dispose d’un matériel ancien que nous estimons
adéquat pour notre musique. Nous souhaitons continuer à
enregistrer dans ce type de studio voire des meilleurs.
En fait, la question concernait davantage les
ambitions du groupe.
Dorothée : Vivre de notre musique est encore
un rêve. Nous n’en sommes pas encore là.
Mais cela reste un objectif ?
Dorothée : Non, pas forcément. Notre
but est de partager notre musique avec un maximum de personnes et
aussi de l’exporter pour aller à la rencontre d’un
public à l’étranger. Faire également
beaucoup de concerts. Un autre souhait serait également de
partager la scène avec des groupes dont nous admirons le
travail et pourquoi pas même essayer de collaborer avec certains
artistes. Sincèrement, en vivre n’est pas notre objectif.
Romain : Le minimum est de réussir à
ne pas arrêter.
Continuer à faire sa musique est une ambition
tout à fait légitime comme vendre des albums.
Romain : Je ne suis pas contre les bonnes surprises.
Mais nous serions vraiment tristes d’être obligés
d’arrêter.
Dorothée : Notre but est de continuer à
jouer ensemble et de faire de la bonne musique. Car il y a des groupes
qui durent et qui s’essoufflent car ils perdent le goût.
Le plus important n’est pas l’acclamation de la presse
ou la vente de disques mais la reconnaissance par le public et par
nos pairs.
Robin : Nous avons tous des rêves de scène
un peu fous. Je sais que Jean rêve de faire un stade une fois
dans sa vie. Moi pendant très longtemps mon rêve était
de jouer devant un public qui reprenait en choeur les paroles…
Dorothée : …et qu’on s’arrête
de jouer et ils reprennent tous ou tellement fort qu’on n’entend
plus ce que l’on fait.
Romain : C’est symbolique mais signe d’un
vrai partage avec le public.
Vous avez beaucoup tourné en région
parisienne. Avez-vous un groupe de fans qui vous suit et qui assiste
à tous vos concerts ?
Dorothée : Oui. Ainsi nous avons joué
à la Fête de la Musique sans avoir fait de promo à
cette occasion et nous avons été très surpris
de voir le public connaître nos chansons. Ils étaient
hyper enthousiastes. C’était un concert très
réussi.
Romain : En fait c’est plus la conséquence
de la vente de disques que la vente en elle-même qui est importante.
Dorothée : D’autant que notre entourage
vient souvent nous soutenir pour les concerts et trouve ça
bien mais c’est encore mieux quand c’est le public ou
des groupes avec qui nous partagé la scène qui aiment
ce que l’on fait.
Lesquels ?
Romain : Nous avons fait des scènes similaires
avec Exon Valdes qui a sorti son album juste avant nous
Dorothée : Romain a fait leur pochette,
Ultra Orange, Diego, Héliogabale.
Romain : Même s’il n’y a pas
de grosses médiatisation, il y a une scène vivante
et un réeel public.
Une sorte de scène parallèle.
Dorothée : Oui avec un public averti. Et
le tout aidé par les webzines, les webradios, les fanzines,
médias dans lesquels les groupes écrivent aussi.
Parlez-nous également de la pochette de
votre album qui se démarque un peu d’un produit standard
Romain : Nous nous sommes effectivement occupé
de la pochette dans la mesure où nous nous sommes toujours
occupé de tout nous mêmes. En plus, c’est mon
métier. Et puis nous voulions marquer le coup pour cet album
avec une sérigraphie sur une pochette carton pour un premier
album qui serait soit le seul mais en tout cas le premier album.
Nous avons voulu en faire un vrai objet. En tant qu’acheteur
de disque j’y suis très sensible. Et les maisons de
disque au lieu de se plaindre du piratage ferait mieux de se pencher
sur la qualité de leurs produits. Avec nos moyens nous avons
essayé de faire un produit de qualité.
Mais a priori l’important pour vous c’est
la scène.
Romain : Oui mais à partir du moment où
nous rentrons en studio pour prendre un instantané de notre
musique à un moment précis, il faut que cette photo
soit la plus belle possible et cela va jusqu’au packaging.
Tout est important.
Dorothée : Pour le son, l’enregistrement
s’est fait dans un des rares studios analogiques avec du vieux
matériel car nous voulions un son live, un son brut. L’album
a été enregistré en live. Nous étions
tous ensemble dans une même pièce. Je pense que cela
se ressent sur le disque et c’est également plus fort
au niveau du ressenti lorsque nous jouions. Le batteur n’a
pas de métronome ce qui fait que cela sonne plus live même
si c’est parfois un peu décalé.
Romain : C’est beaucoup plus humain. Je n’imagine
pas de faire de la musique sur ordinateur.
Dorothée : Cela coûte plus cher évidemment.
Mais cela donne une certaine patte, un cachet qui rend la musique
plus enrichissante.
Donc chaque morceau a été enregistré
en une prise dans sa continuité.
Dorothée : Oui.
Romain : Il n’y a que des pistes rajoutées
…
Dorothée : …les arrangements. Et
le mixage s’est fait sur une table non automatisée,
en manuel.
Romain : Nous étions plusieurs à
intervenir lors du mixage.
Dorothée : Et, mis à part les conseils
de l’ingénieur du son, nous n’avions pas de directeur
artistique qui nous donnait des directives. Nous avons fait ce que
nous voulions.
Et les voix ?
Dorothée : Elle sont été faites
après mais chaque titre a été en boîte
au bout de deux ou trois prises.
Romaine : Nous avons joué avec le groupe
québécois Issue Sixteen qui s’autoproduit et
qui en fait une doctrine. Ils ont créé leur label,
leur studio d’enregistrement en le construisant matériellement.
Ils ont fait leur album avec un Mac et Protools et c’est vraiment
un bon album. C’est donc bien d’aller jusqu’au
bout de ce que l’on veut faire. Quand on a les moyens d’enregistrer
dans un studio à l’ancienne je trouve que ce serait
pêcher de ne pas le faire. Mais heureusement que le numérique
existe.
Dorothée : Mais il ne faut pas en abuser.
Le son de Hopper, qui est dans votre album, existait
depuis le début ?
Dorothée : Non. Ça a mûri au
fil du temps. Au début, il y avait moins d’arrangements.
On tend vers aussi parfois plus de simplicité pour tendre
vers une mélodie qui rentre plus facilement en tête.
Ça se travaille, ça se modifie. Nous avons actuellement
de quoi faire un deuxième album.
Romain : Il sera sans doute très différent
du premier.
Dorothée : Les évolutions proviennent
également de notre évolution personnelle et de ce
que l’on écoute et qui inconsciemment se répercute
sur notre musique.
Romain : Surtout qu’à notre âge,
nous écoutons chaque jour plein de choses différentes.
Quelles sont vos influences musicales ?
Romain : Certains morceaux de l’album ont
2 bonnes années de concerts derrière eux. L’album
reflète déjà notre progression qui sera révélée
sur le 2ème album.
Dorothée : Au début, Radiohead était
très présent dans notre esprit.
Qu’écoutez-vous en ce moment ?
Romain : Nous écoutons tous des choses très
différentes te cela se ressent sur la partie jouée
par chacun. A l’époque, comme je jouais dans des groupes
de garçon, je me suis mis à écouter le punk
rock de filles. J’écoute beaucoup de morceaux instrumentaux,
progressifs. Jean écoutait beaucoup de jazz et de world et
s’intéresse maintenant à la fois à l’électro
abstrait et la musique instrumentale répétitive. Au
niveau de la rythmique, nous avons évolués ensemble.
Dorothée : Nous n’avons pas d’idole
féminine même si souvent on nous parle de Patti Smith,
Blondie, the Prétenders, Chrissie Hynde. En fait, ce n’est
pas du tout notre truc. Mis à part P.J. Harvey et Cat Power.
Nous avons beaucoup écouté au début Nirvana
mais maintenant nous écoutons vraiment de tout. Le groupe
n’a pas d’icône. En plus pour nous, les 2 chanteuses
ce qui aurait été embêtant aurait été
d’avoir une voix qui ressemblait trop à une voix connue.
Ce n’est pas le cas je crois. Si non, c’est très
difficile car on est vite catalogués.
Romain : En fait, le groupe est une somme de personnalités
qui sont compatibles mais qui ne sont pas similaires. Ce que j’aime
dans notre album, après l’avoir beaucoup écouté,
c’est que pour chaque morceau on sent une personnalité
qui se dégage davantage. L’album dans son ensemble
ne révèle pas un courant net et précis.
Comment se passe l’écriture des morceaux
?
Dorothée : Tout le monde a son mot à
dire dès le début.
Romain : Souvent les filles arrivent avec un morceau
à la guitare sèche et chanté. C’est un
minimum pour avoir une base sérieuse de composition. La composition
du morceau avec les arrangements et la structure se font en répétition
et le morceau est éprouvé en concert. A ce moment,
on voit quels sont ses points faibles. Il n’y a pas volontairement
une personne qui écrit le morceau. Cela naît naturellement.
Dorothée : Et celle qui a écrit la
mélodie première écrit en général
les paroles. Nous écrivons parfois à deux. Ensuite,
tout le monde a droit à la parole. Et quand à la répétition,
il y a quelque chose qui ne va pas on abandonne. Même si un
de nous veut continuer.
Donc c’est la règle de l’unanimité
?
Romain : Oui. Et nous en avons laissé tombé
beaucoup.
Les morceaux qui figurent sur l’album ont
dû évolué depuis deux ans ?
Dorothée : Oui. L’album n’est
qu’un instantané.
Romain : Et puis en concert, l’intérêt
est de ne pas reproduire ce qu’il y a sur l’album.
Dorothée : C’est la moindre des choses
que de proposer autre chose en concert.
Hopper en live c’est comment ?
Romain : C’est plus d’énergie
et de vie.
Dorothée : C’est plus brut.
Romain : Quand nous jouons chaque concert est différent
du fait du public qui est différent chaque soir mais est
également conditionné par ce que nous avons vécu
dans la journée. C’est comme une performance chaque
soir. Là réside l’intérêt. Ainsi
pour la musique classique écouter un enregistrement est meilleur
et plus confortable et pourtant il y a toujours des concerts de
musique classique. Il se passe quelque chose en live. Et nous, nous
donnons toujours le meilleur de nous-mêmes en concert. Nous
n’avons jamais joué blasés, de manière
mécanique.
Hopper est la symbiose de 4 personnalités.
Comment définir l’univers et le son de Hopper ?
Romain : On ne peut pas donner une qualification
qui pourrait se retrouver au dessus des rayons de la FNAC.
Dorothée : C’est rock c’est
sûr mais ça reste pop aussi car il y a des mélodies.
Romain : La volonté est d’exprimer
des sentiments.
Que se passe-t-il pour Hopper au Québec
?
Dorothée : Ça a commencé l’année
dernière. Je pensais que cela serait bien que nous faisions
une tournée à l’étranger et comme j’étais
allée déjà 2 fois au Québec je me suis
dit :" Pourquoi ne pas commencer par là du fait de la
langue et du prix du billet abordable?" Donc j’ai envisagé
cela sur le mode de l’échange avec un autre groupe.
Moi je leur organiserai des concerts à Paris et vice-versa.
J’ai posté des annonces sur des forums rock québécois.
Un groupe m’a répondu et nous avons correspondu six
mois avant que le projet soit effectif. Et nous allons renouveler
l’expérience cette année.
Le but n’est pas de gagner de l’argent
mais de se faire connaître et ce par nos propres moyens. Ça
s’est très bien passé. Il y aune scène
extrêmement variée qui est très branchée
rock et qui est très débrouillarde. Ils s’organisent
par eux-mêmes. Je trouve qu’il est même plus facile
de jouer là-bas du fait d’une grande entraide entre
les groupes. Les groupes et le public se donnent plus à fond.
Il n’y a pas d’étiquette, pas d’a-priori
et le fait de venir de France joue également en notre faveur.
Quand vous évoquez le fait de vouloir jouer
avec d’autres groupes cela signifie que plusieurs groupes
joueraient lors d’un même concert ou que plusieurs groupes
jouent véritablement ensemble ?
Dorothée : Soit cela, soit faire du featuring
sur des albums, sur des titres. Partager une tournée aussi.
Et cela avec quels groupes ? Ceux qui ont le même
parcours que vous ?
Dorothée : Des groupes que l’on apprécie
bien sûr mais qui seraient un peu plus gros que nous.
Des groupes locomotives en quelque sorte ?
Romain : Idéalement, oui.
Dorothée : Nous faire porter par eux, comme
être chaperonné. Nous serions ravis qu’un groupe
accepte de partager l’affiche avec nous. Un de nos groupes
préféré qui nous dise qu’il adore ce
que l’on fait.
Lesquels ?
Romain : Blonde Redhead, la nouvelle formation
de l’ancien chanteur de Refused qui avant faisait du hard
core International Noise Conspiracy qui est vraiment à voir
sur scène, Godspeed You ! Black Emperor.
Quel sont vos projets ?
Dorothée : Nous avons déjà
des morceaux pour enregistrer un 2ème album en 2005. Notre
rêve serait d’aller l’enregistrer à Chicago
dans les studios de Steve Albini parce qu’il a produit des
tas de groupe que l’on a adoré, parce que l’enregistrement
a lieu en analogique et parce que c’est Chicago. C’est
accessible pour les groupes français et ce n’est pas
beaucoup plus cher que là où nous avons enregistré
le premier album.
Romain : D’autant que ce sont des gens qui
ont travaillé avec Steve Albini qui ont monté Black
Box avec du matos récupéré à Chicago.
Dorothée : Les autres projets c’est
encore davantage de concerts dans des salles plus reconnues. Et
puis jouer à l’étranger et exporter le disque
tant en Europe qu’aux Etats-Unis pour voir ce que ces pays
en pensent.
C’est vraiment pour savoir ce qu’ils
en pensent ou parce que le public français n’est pas
intéressant ?
Dorothée : rires embarrassés
Romain : Tant qu’à
faire, faire une tournée dans des endroits où l’album
nous a précédé.
Dorothée : Voir la réception dans
les pays anglo-saxons puisque nous chantons en anglais. Nous avons
fait l’essai au Québec et c’est l’une de
nos plus belles expériences.
La scène indépendante est peut être
plus développée dans d’autres pays européens
donc chanter en anglais peut vous ouvrir potentiellement leurs portes.
Romain : Je comprends la volonté de ceux
qui veulent chanter en français pour préserver un
patrimoine que je n’estime pas particulièrement en
danger mais pour des bonnes raisons. Pas pour percer car ce serait
ridicule, à la fois hypocrite, inutile et vide de sens. Nous
chantons en anglais parce que cela nous paraissait naturel par rapport
à ce que nous écoutions et qui nous a poussé
à faire de la musique. Ce n’est pas être borné
mais être fidèle à soi-même et ne pas
faire des choix pour de mauvaises raisons.
Avez-vous été démarché
par des labels qui aimaient ce que vous faites mais vous demandaient
de chanter en français ?
Romain : Oui. Si nous avions voulu faire de la
musique parce fans inconditionnels d’Edith Piaf ou de Jacques
Brel depuis notre plus tendre enfance, nous chanterions en français
pour l’amour de la langue française. Mais ce n’est
pas le cas.
Dorothée : Pour les médias chanter
en anglais est un handicap et certains ont opposé un refus
très clair.
Romain : Si on commence à chanter en français
pour ces raisons là, c’est la porte ouverte à
d’autres demandes concernant la musique elle-même, comme
mettre plus de claviers etc... C’est la première raison
pour laquelle on ne chantera pas en français. Et puis moi
j’aurais du mal à me regarder dans un miroir ensuite.
Ce serait plus insultant pour la langue française.
Ce genre de musique se prête difficilement
à la langue française.
Dorothée : En plus, oui.
Romain : Il y a quelques exemples mais peu.
Vous parliez de salles plus importantes. Y a-t-il
déjà des dates de prévues ?
Dorothée : Pour l’instant, c’est
en discussion. Nous avons déjà fait des salles importantes
mais nous aimerions partager plus de scène avec des groupes
qui sont plus sous les projecteurs pour nous faire connaître.
Faites-vous des festivals d’été ?
Dorothée : Non. Nous bossons sur les nouveaux
morceaux. Et puis le label essaie de donner un second souffle à
l’album qui est sorti en mai. Donc il y aura du travail de
promotion, notamment en province, d’exportation, puisqu’il
y aura le Canada à la rentrée. Et le label travaille
aussi sur l’exportation dans des pays européens.
Question rituelle : l’origine d’Hopper
?
Dorothée : La vérité ?
Romain : Les filles…
Dorothée : …tu as dit quelque chose
de bien l’autre jour…
Romain : …je vais dire quelque chose de bien.
Les filles s’appelaient comme ça au début. Il
n’y a pas eu de concertation à 4 sur ce nom. Nous y
avons cependant réfléchi et nous avons trouvé
sympa de porter le nom du peintre Edward Hopper. Il y a sans doute
plus à dire sur le peintre que sur l’acteur Dennis
Hopper. Nous ne jouons pas de la musique particulièrement
triste du moins à la première écoute. Les tableaux
de Hopper ont tous un double sens et révèle une mélancolie
intérieure de l’âme à travers de scènes
de la vie quotidienne. Et je trouve que cela est très beau
quand ça s’exprime dans la musique. Porter le nom d’un
artiste est porteur de sens.
Dorothée : Il y a un halo de lumière
dans ses peintures. Quant à l’acteur son nom est généralement
plus connu que celui du peintre. J’ai trouvé le nom
suite au film Easy Rider. J’ai étudié le parcours
de Dennis Hopper qui est vraiment atypique à Hollywood. Son
parcours a été en dents de scie, c’est un personnage
qui a toujours suivi son instinct. Ça colle bien à
notre groupe.
Romain : Notre musique enregistrée devrait
s’écouter en regardant des tableaux de Hopper pour
voir ce qu’il y a derrière et la rage, l’énergie
brute de notre musique colle bien avec Dennis Hopper.
Dorothée : Et puis c’est un nom international.
Si vous ne disposiez que de 3 mots pour caractériser
votre musique, quel serait votre choix ?
Dorothée : Sincère…
Romain : …intense…et rock
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