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Interview  (Paris)  avril 2011

En dépit des légendes urbaines inscrites sur le devant des pochettes, Fujiya & Miyagi n’est pas japonais, encore moins un duo ; et surtout pas un groupe éphémère. Dans la foulée de la première comète nommée Transparent Things (2006), le trio de Brighton a poursuivi sa route sur une voie lactée où se croisent, en vrac, rythmes teutons empruntés à Neu et Kraftwerk, chants monosyllabiques de Brian Eno remixé pour les clubs de fitness et groove blanc à la James Murphy. Avec tous ces ingrédients broyés au mixeur, le groupe fondé en 2000 continue non seulement d’étonner, mais aussi d’emprunter des sentiers réservés à une poignée d’aventuriers qui n’ont pas le vertige.

Sans gravité, donc, et toujours aussi modestes, David Best et ses ouailles reviennent à Paris pour un concert à l’Alhambra, cinq ans après leur premier concert dans la capitale. Entre temps, le groupe aura sorti deux albums acclamés par la critique, tourné à travers le monde et imposé une authenticité remarquable. Superbe odyssée dans l’espace, dans déviation, et en pleine tournée pour défendre leur dernier né Ventriloquizzing, la carrière de Fujiya & Miyagi se déroule en quinze minutes, le temps d’une questions/réponses.

Pour commencer, et désolé pour l’humour noir, je me demandais si les récents événements à Fukushima, et plus précisément dans la région de Miyagi dévastée par le Tsunami, vous avait fait de la publicité.

David Best : (Sourire jaune) Dieu merci, peu de gens ont fait le rapprochement entre le nom du groupe et le drame japonais. C’est tellement horrible ce qui s’est passé là-bas… Tu te doutes bien qu’on ne voulait surtout pas être associé à cette destruction grandeur nature !

Revenons à des choses moins sérieuses. La première fois que nous nous sommes rencontrés, c’était au feu Triptyque (devenu le Social Club, NDR), une petite salle de 200 personnes. Cinq ans plus tard, vous jouez à Paris en tête d’affiche à l’Alhambra, qui est une salle trois fois plus grande. Sacrée évolution, finalement, en trois albums.

David Best : Ouais, c’est vrai. Mais je suppose que chaque groupe désire avancer, monter en haut de l’échelle et être entendu par toujours plus de monde... Pas facile de répondre à cette question, franchement, c’est un peu épineux, moi je ne lis jamais les critiques et les articles qui parlent de Fujiya & Miyagi…

Nan, allez sérieux : tu ne lis RIEN sur ton propre groupe ?

David Best : Tout au plus cinq papiers par album, pour prendre la température. Mais j’essaie de m’abstenir la plupart du temps, car c’est vraiment difficile. Faut bien avouer qu’on ne ressemble pas à la majorité des groupes actuels, musicalement : les groupes utilisent pas mal de réverb’ sur les voix, par exemple, alors que nous chantons de manière précise, quasi mécanique. Donc on évolue en dehors des tendances, ce que j’apprécie d’ailleurs.

Et pour parler du dernier disque en date, ce que j’aime le plus c’est le laps de temps qui s’est écoulé entre le moment où nous l’avons fini et le moment où il est sorti. Entre temps, j’ai eu un garçon et Steve (Lewis, le clavier du groupe) une fille, née dix jours avant. On peut donc dire qu’on est devenus papas au même moment, au moment même où nous rentrions de l’enregistrement aux Etats-Unis ! Mais bref, pour revenir à ce que je disais, cette période où le disque existait mais où personne ne l’avait encore entendu, à l’exception de nous, je crois que c’est ma période préférée, c’est cet instant où tu as justement l’impression d’avoir accouché de quelque chose d’intime, qui n’est pas encore livré au monde extérieur. Je crois que si j’étais millionnaire, je crois que j’aimerais enregistrer des disques que personne n’écouterait ! (Rires)

A réécouter Lightbulbs, votre avant-dernier disque, et Ventriloquizzing, j’ai l’impression que vous êtes restés fidèles à votre songwriting, disons que je ne sens pas un fossé énorme en terme de composition. Et pourtant, votre dernier disque marque un tournant en terme de popularité, puisque je vous vois partout dans la presse depuis six mois. Comment vous expliquez ça ?

David Best : C’est marrant ce que tu dis… Je crois vraiment qu’au bout de trois albums, soit tu commences à être connu, soit personne ne viendra jamais ! Mais je crois aussi que Ventriloquizzing est un meilleur disque, surtout différent de Lightbulbs, qui était minimal, épuré jusqu’à l’os. Evidemment que nous restons toujours le même groupe, mais on a ici tenté pas mal de choses, d’innovations. J’aime à croire qu’on fonctionne comme les chiens qui sont les seuls à entendre certains sons.

Matt Hainsby : Mais là on bosse sur un disque de free jazz ! (Rires)

David Best : Nan c’est une blague, mais moi j’aimerais bien, ce serait cool !

Bon et pour revenir à Ventriloquizzing, c’est quoi ce délire autour des marionnettes dans votre clip ? Une façon d’admettre que vous n’êtes pas vraiment chanteurs ?

David Best : On peut l’interpréter de différentes façons. Initialement, on aimait l’idée de ne pas apparaître dans nos propres vidéos, car on n’aime pas trop, visuellement, la philosophie du groupe qui défend sa musique. Les shootings, tout ça, on n’a pas décidé de créer un groupe pour ça, ça nous semblait futile, inutile. Et puis les marionnettes sont devenues autre chose, comme une protection entre nous et le public, la critique, la façon dont on peut être perçu sur scène.

Etait-ce un clin d’œil à Kraftwerk ?

David Best : Pas vraiment. C’était précisément l’une des raisons qui nous a d’abord poussé à ne pas le faire. Comme tu le sais, on est passionnés par la musique de cette période, alors on ne voulait être encore catalogué krautrock.

Ce qui est intéressant, par rapport à votre conception du groupe, c’est que vous n’apparaissez sur aucune des pochettes de Fujiya & Miyagi, et le nom de chacun des disques est abstrait, comme si vous étiez davantage attiré par le concept que par l’idée d’être un groupe avec de vraies personnes à l’intérieur.

David Best : J’ai toujours détesté ces disques où le groupe apparaît sur la pochette, pour moi ça casse le mystère. Regarde Unkown Pleasures de Joy Division, quand j’étais gamin cette pochette monochrome me fascinait, c’était parfait, et si le groupe avait connement posé pour la photo, ça aurait tout foutu par terre ! Alors maintenant que nous sommes un groupe, effectivement je refuse qu’on casse la magie de l’interprétation, qu’on apparaisse sur le devant de scène, visuellement.

Matt Hainsby : Cela dépend aussi pas mal des groupes, en fait, parfois ça marche. Prenons David Bowie, par exemple, ces pochettes sont cools parce que c’était visuellement déjà une icône, autre chose qu’un chanteur qui prend la pose.

Si vous refusez – et je le conçois – d’apparaître comme un groupe avec un leadership, une identité commune à défendre dans les médias, qu’est-ce qui vous pousse à continuer, après toutes ces années ? (Le groupe a été fondé en 2000, soit déjà onze ans d’existence)

David Best : Faire de meilleurs disques, tout simplement, en gardant la même conception, naïve, de cet art. Si demain nous perdions cette innocence, alors il serait temps de mettre la clef sous la porte.

Par rapport à vos débuts où on avait l’impression d’entendre un groupe de krautrock ayant enregistré son disque dans une chambre de bonne, Ventriloquizzing semble plus dense, plus dance !, davantage taillé pour le dancefloor, plus musclé quoi.

David Best : Encore une fois, c’est drôle car certains critiques ont justement pointé du doigt qu’il était moins dansant que les précédents ! C’est drôle, la perception des gens… nous on voulait simplement un disque différent, plus éloigné de Fujiya & Miyagi, sachant qu’on n’enregistrerait jamais un disque d’acid-house.

Matt Hainsby : Et puis on a eu Thom Monahan à la production sur ce disque, ce qui pour moi est aussi l’une des raisons du changement. Jusque là, on avait toujours utilisé des samples pour la batterie, et Tom nous a poussés à humaniser la rythmique, bref jouer des vraies batteries, ce qui explique aussi le coté "funky" du disque, le côté effectivement plus dansant, plus ample. Je ne sais pas si c’est plus commercial, mais c’est effectivement plus musclé.

Un disque idéal pour les danseurs solitaires, finalement. En tant que musiciens, le message de vos chansons est-il davantage présent dans les paroles, ou les mélodies ?

David Best : C’est la combinaison des deux, à mon sens. Dans les chansons répétitives, celles où l’on répète le même mot comme une ligne de basse, c’est la mélodie qui l’emporte. Et puis sur certaines chansons comme "Minestrone", c’est l’inverse, l’histoire est portée par la musique. Quoiqu’il en soit, je crois que nos meilleures chansons fonctionnent lorsque paroles et musique fonctionnent ensemble. C’est pas facile, hein !

Et justement, pour moi qui ne lis jamais les paroles d’un disque, quelle serait la meilleure histoire du disque, celle que j’aurais raté par fainéantise ?

David Best : Probablement "Minestrone".

Matt Hainsby : Oui, je confirme. Il y a une histoire intéressante dans cette chanson, elle parle du diable et des vieilles légendes qui en parlent, dans la région d’où nous venons.

David Best : Je crois d’ailleurs que c’est la première fois que nous construisions une histoire complète à l’intérieur d’un morceau, jusque là c’était fragmenté, plus parcellaire, ça flottait dans l’air.

Et justement, la dernière chanson du disque, "Universe", est-elle une ode mythique à l’au-delà ?

David Best : Rien de cosmique, elle parle de l’égoïsme, et de pourquoi certaines personnes pensent être au centre de l’univers alors qu’elles ne sont rien. Calme tes ardeurs, donc, c’est une chanson inspirée de faits réels, rien de transcendantal ! (Rires)

 

En savoir plus :
Le site officiel de Fujiya & Miyagi
Le Myspace de Fujiya & Miyagi


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Du côté de la musique:

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"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
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