Ancien publicitaire, né en 1942, l’américain John Verdon, frappe un grand coup dès son premier roman. Think of a Number, sobrement (et intelligemment) résumé en France par 658 est un pur thriller salué par la critique et diffusé dans le monde entier.
Imaginez qu’un inconnu se présente, vous demande de penser à un nombre entre 1 et 1000, puis retrouve ce même nombre avec une facilité déconcertante. Etonnant, non ? Effrayant même ! Mais quel est donc le truc (car il y en a un, bien réel) ?
Voilà la base de l’intrigue de ce passionnant roman.
David Gurney, ancien inspecteur du NYPD, subit plus qu’il n’en profite sa retraite dans un coin retiré du Delaware. Après une carrière remarquée, cet enquêteur hors norme, spécialisé dans la traque de tueurs en série, se retrouve pour la première fois face à lui-même.
Aux côtés de sa femme, qui a supporté patiemment durant toutes ses années, sa quête quasi obsessionnelle de la vérité, il tente de gérer la transition. Mais il est vite rattrapé par ses vieux démons…
Il est contacté par une ancienne connaissance de ses années étudiantes dont il ne garde qu’un lointain souvenir. L’homme en question, Mark Mellery, après une période un peu sombre s’est maintenant reconverti avec succès en gourou spirituel pour milliardaires dépressifs dans un institut privé. Tout irait pour le mieux s’il ne recevait un jour un courrier énigmatique que l’on pourrait résumer en "je vous connais si bien que je sais ce que vous pensez". Démonstration faite, la proie est accrochée et va vite chercher de l’aide auprès de son ami renommé.
Surtout que le jeu se poursuit et prend vite une tournure plus macabre…
L’écriture est efficace et tous les personnages (même les plus secondaires), sont décrits avec précision, tout comme les paysages, les saisons. D’autant que la progression de l’enquête sert aussi de base à une analyse plus fine des troubles des différents protagonistes (alcoolisme, questionnement existentiel sur la vie, les relations humaines, le couple…). Les perpétuels déplacements de l’enquêteur entre son lieu de retraite isolé et la ville trépidante (aux allures de road-movie psychologique), servent intelligemment sa réflexion, parfois au détriment du rythme.
Très vite comparé aux ténors du genre (Stieg Larsson et consorts), l’auteur, par le biais d’une amorce à la fois simpliste et diaboliquement accrocheuse (quelques beaux restes de son ancienne carrière dans le milieu de la pub à n’en pas douter), parvient à nous tenir en haleine durant tout le roman. En résumé : un premier essai élégant qui ne décevra pas les amateurs du genre. |