Ayé ! Enfin ! On l’a notre Beethoven du 21ème siècle, notre musicien prodigue qui change en mélodie tout ce qu’il touche. Il s’appelle Olivier Calmel et a tout pour lui : une famille de musiciens, des débuts très jeunes dans le piano, des études classiques au prestigieux Conservatoire du Centre de Paris, et à l’IACP, un atelier jazz, un prix d’écriture, un prix d’orchestration, un prix de composition au Concours National de Jazz de la Défense, le premier prix du tremplin professionnel du festival Jazz à Vannes, le premier prix du festival d’Avon. Les mauvaises langues diront qu’il était le seul à concourir… Même pas.
Et c’est le plus naturellement du monde qu’il crée de la musique de commande, des albums, dont Empreintes, joué en quartet. Petite leçon de jazz à quatre : pour un quartet, il vous faut un altiste, un pianiste, un contrebassiste et un batteur, voilà qui est dit. Monsieur Calmel est au piano, Karl Jannuska à la batterie, Bruno Schorp à la contrebasse et Frédéric Eymard au violon alto, et il semblerait que l’utilisation du violon soit assez rare dans un orchestre jazz roi de l’impro.
Un jour, quelqu’un de bien intentionné m’a dit "ne laisse personne te dire qu’il est trop bien pour toi". Ok. Le jazz est donc assez bien pour moi. Et il est à la mode. Surtout dans les restos chics où on ne m’emmène pas (mon rire n’est pas assez distingué). Empreintes est un album concept, c’est-à-dire que l’auteur a compilé ses influences en 13 titres, soit cinquante minutes de musique à écouter attentivement.
J’ai personnellement préféré m’imaginer en Chanel-Louboutin, assise à une petite table ronde avec une jolie nappe blanche, de l’autre côté de laquelle était assis un dandy aux grandes dents, et que nous dégustions des mets d’un grand raffinement : des lasagnes et un tiramisu. Ce n’est que plus tard que j’ai lu les titres des morceaux : "Apprenti - La potion du Sorcier Glouton", "Tempérament", "D'humeurs changeantes", "Rage - sacrifice humain"… Brrrr. J’avais seulement dit qu’il avait des grandes dents, pas qu’on buvait du sang, ni qu’on égorgeait des moutons !
Bon, plus sérieusement, les morceaux sont des ambiances mélodiques ou groovy, riches de sens et d’interprétations. Je me permets de cites un pro : "on y décèle une traduction musicale contemporaine dans les timbres et les modes de jeu simple et savante à la fois". Ce n’est pas comme ça que je vis la musique, mais j’avais remarqué le talent d’Olivier Calmel, avec l’espèce de dialogue, de questions-réponses et d’échos que se font les instruments tout au long des morceaux. Une galette mature, réfléchie et sereine d’un compositeur qui semble avoir trouvé la paix de l’âme. |