On sent qu’on
est le dernier jour : il est de plus en plus difficile de se lever
et je rate donc une bonne partie du concert des anglais d’Ikara
Colt. Au vu des derniers morceaux très rock’n
roll, je pars sur une première déception.
Mais elle est vite oubliée par le set des liégeois
d’Experimental Tropic Blues Band
qui sont notre Jon Spencer Blues à nous. A nouveau, ce groupe
qui a fait ses armes lors de multiples concerts belges donnés
pendant l’année, va nous enthousiasmer avec son pop
blues rock et ses deux chanteurs déjantés.
Ensuite les De portables, ces quatre
brugeois sont des amis d’enfance, habitent la même rue
et prennent un plaisir fou à jouer ensemble. On peut les
ranger en général dans la catégorie post rock
mais si c’est vrai sur album, ça ne l’est pas
du tout en live.
Ainsi, j’ai eu l’occasion de les voir en version electronica,
en version rock’n roll, en version post rock mais aussi en
version gabber techno tuning. Bref, ces jeunes gens ne se prennent
pas au sérieux et réorchestrent leurs morceaux à
qui mieux mieux. Pour aujourd’hui, formule classique post
rock et un peu plus noisy à certains moments. Le dernier
album (Girls beware que je vous recommande
chaudement) est parcouru de long en large.
Une invitation est faite pour les Gentse feesten qui se déroulent
une semaine plus tard à Gand. Et comme à chaque fois,
les quatre garçons s’amusent comme des fous et donnent
du plaisir au public de curieux et de connaisseurs. Il faut noter
que les projets solo des différents membres sont tout aussi
intéressants comme Jurgen de blonde, Wio, Kohn (excellente
electronica) et qu’ils ont encore de multiples groupes.
Place au hip hop maintenant avec l’écurie Quannum
sans Dj Shadow mais avec un dj japonais fou qui scratche et qui
mixe plus vite que son ombre et qui avec son comparse vont nous
retracer pendant une petite heure toute l’histoire du hip
hop de Grand Master Flash à Herbie
Hancock. Bonne mise en jambes pour la suite.
On retourne sous la tente du marquee pour assister au concert des
norvégiens d’Xploding Plastic
: un excellent batteur et deux autres membres aux machines. Leur
musique va du jazz à la lounge music et la particularité
de leur concert est que le batteur suit toutes les parties electroniques
de façon très impressionnante (un peu comme le font
les Ralph Myerz and his Jack Herren Band)
Commencé doucement, ce concert va monter progressivement
pour le plus grand plaisir du public clairsemé au début
et très nombreux à la fin, gage de qualité.
Un petit tour à la Petite Maison dans la prairie pour assister
à une partie du concert de Cali et
ses chansons tour à tour intimistes, festives. Visiblement,
le concert a beaucoup plu, le chapiteau est bourré et les
applaudissements fusent.
Sur scène, il est accompagné d’une violoniste
et d’un band au complet. Il discute avec son public lui disant
qu’avant de monter sur scène, à chaque fois,
il a envie d’arrêter ce métier car il a un trac
fou et que quand il voit le public en face de lui, il se dit qu’il
fait quand meme le plus beau métier du monde. Nous quittons
cependant le chapiteau au moment de son hit single : "C’est
quand le bonheur ???"
Pour nous, le bonheur, ce sera très vite puisque le temps
de rallier la tente clubcircuit Marquee, on va assister au concert
de Sole. Au départ, deux membres
d’Anticon devaient etre présents
à ce festival de Dour mais Sage Francis
a dû déclarer forfait. Qu’à cela ne tienne,
l’honneur va etre sauvé grace à Sole.
Première constatation : les rappeurs d’Anticon (un
des labels hip hop les plus novateurs de ces dernières années
selon moi) sont pour la plupart blancs et portent la barbe. Avec
Sole, on a pas vraiment affaire à du rap mais c’est
plutot du rock chanté : en effet, il est accompagné
d’un batteur et d’un guitariste mais c’est son
phrasé qui fait appel au hip hop. Son flow est impressionnant,
sa voix est grave et il exhorte la foule à chanter avec lui.
Visiblement heureux d’etre là et de l’acceuil
qui lui est réservé, il reviendra pour un rappel avec
un morceau dont le fond sonore est digne d’un Boards of Canada
et c’est cela aussi la caractéristique du hip hop made
in anticon : mélanger toutes sortes de musique (jazz, electronica,
electro, rock, post rock, …) avec des rythmes et des flow
hip hop.
On change complètement de registre avec les déjantés
Air On Maiden mais il y a quand même
un rapport avec la tente clubcircuit puisque ces imitateurs hard
rock font partie de l’équipe du clubcircuit.
On a donc affaire à un pastiche du hard rock en playback
: les bandes sur lesquelles ils jouent sont des morceaux live avec
public hurlant et aucun cliché n’est négligé
: du roadie aux vetements, du headbanging aux solos de guitare.
Ca n’a pas l’air de faire plaisir à quelques
fans purs et durs de hard rock et autre musique dure et certainement
pas aux fans des Misfits qui passaient
auparavant. Moi, en tout cas, je n’avais qu’un seul
regret : il manquait un duo avec les Thrash
et Tradition.
Ce qui est marrant, c’est qu’après lorsque Monster
Magnet passe, on a l’impression que les Air on Maiden
ont continué leur set et c’est pour cette raison que
j’ai préféré largement les
Mondo Generator aux Monster Magnet, pourtant tous deux dans
le même registre : stone rock à la Queens
of The stone age. Les Skinny Puppy,
malgré leurs déguisements, leurs projections, ne vont
pas m’emballer plus que ça et je leur préfère
les Nine Inch Nails, question de gout.
Mais on sent que tout le monde commence à se préparer
pour le concert tête d’affiche du festival (avec la
pauvre Diam’s) : je veux évidemment
parler des Berus. Eh bien, je ne saurai
pas vous en dire beaucoup pour ma part vu que je les avais vu aux
Transmusicales de Rennes et que ça ne m’avait pas plus
emballé que ça.
Bien sûr, ils font le show avec leurs cracheurs de feu,
avec leurs déguisements, et surtout avec le public hyper
chaud qui les a attendu tout le week-end mais n’ayant pas
fait de leurs albums mes albums de chevet, je ne m’y suis
pas plus intéressé que ça. Mais des copains
qui en sont fans m’ont dit que c’était vraiment
une très grande fiesta bérurière. Tout ce que
je retiendrai de ce concert, c’est le lancement des hostilités
par les Trash et Tradition (décidément encore eux
!!!) par un mini feu d’artifice suivi d’une énorme
farandole et d’une invasion de scènes avec distributions
de vinyles, t-shirts, ….
Au lieu des Berus, j’ai préféré aller
voir le petit prodige flamand de l’électro, en la personne
de Stijn. Ce bonhomme est un bon mix entre
Prince et Jamie
Lidell (Super_Collider). Il bouge
super bien, est tellement sexy qu’il déclenche des
hurlements féminins. Il change de t-shirt à chaque
fois et arbore des messages provocateurs, il mettra meme le t-shirt
du festival à la fin de son concert. Musicalement, on oscille
entre l’electro 80’s et le funk voire la disco. Au milieu
de la scène, un attirail de machines, claviers sur lesquels
il fait des allers retours. Alors qu’il m’avait déçu
en première partie de Gonzales
il y a deux ans, ici, son concert m’a beaucoup plu.
Mais voici déjà venu le moment de voir le dernier
concert de ce festival de Dour et on finit en beauté avec
l’immense, que dis je, l’inimitable
Donna Sumer. Oui, vous avez bien lu, Donna Sumer, mais attention
on est loin de la diva du dancing (enfin quoique J ) et cette dernière
lui a même intenté un procès lui demandant d’enlever
un M à Summer.
Donna Sumer autrement connu sous son nom de Jason
Forest est en fait un new yorkais qui utilise son i-book
pour faire danser le public. Et de cet i-book qu’il emballe
d’un joli papier vichy avec comme inscriptions : cock rock
disco, il fait sortir des mix improbables de house rencontrant de
la country ou de hard rock matiné de gabber sans oublier
d’electronica avec un léger zeste de digital hardcore.
Vous l’avez compris, c’est du grand n’importe
quoi mais ça marche. Au début, les gens sont interloqués,
se demandent s’ils vont rester mais s’ils prennent la
peine d’essayer de rentrer dans sa logique, ils prennent leur
pied, dansant à qui mieux mieux, pogottant, faisant des stage
divings, tout est possible à un concert de Donna Sumer. Je
n’ai malheureusement pas vu la fin de son set, quand je suis
parti, tout le monde avait visiblement l’air heureux d’etre
là et de participer à la fête.
En conclusion, cette 16ème édition du dour festival
a rempli toutes ses promesses : faire d’un festival un lieu
de découvertes et surtout de convivialité où
120 000 personnes ont cohabité sans aucun heurt dans le respect
de l’autre et avec pour seul leitmotiv : faire la fête
intelligemment.
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