J’arrive sur le
site et plus particulièrement dans la Magic tent (rebaptisée
pour ce jour : tente nameless du nom d’un webzine belge) pour
voir la fin du set des post rockeux liégeois de Tom
Sweetlove. Au vu du dernier morceau, ça devait etre
très sympa à voir, ce que me confirmeront des plus
courageux que moi.
On passe sur la deuxième scène que nous n’allons
pas quitter non plus : le Marquee et la programmation pour le deuxième
jour du clubcircuit. Ce sont les Van Jets
qui ont l’immense honneur d’ouvrir cette scène
et ils s’en sortiront pas mal avec leur rock teinté
de blues, un peu comme le font si bien outre les
White Stripes, les Black Keys.
Et puis première grosse claque de ce samedi, le groupe pluriculturel
L’enfance rouge : on y retrouve ainsi un français
(François Régis Cambuzat à
la guitare et au chant), une italienne ( Chiara
Locardi à la basse et au chant) et enfin Jacoppo
Andreini (à la batterie).
On ne peut nier que ce groupe soit fortement influencé
par Sonic Youth (la ressemblance entre
Chiara et Kim Gordon rajoute encore
plus à cette impression) et toute la scène expérimentale.
Très engagé politiquement, ce groupe est vraiment
intéressant à regarder, je m’étais donc
mis au premier rang pour profiter de tout. Le batteur est vraiment
impressionnant, il brosse les cymbales à l’aide d’un
pinceau pour les moments les plus calmes et puis martelle la grosse
caisse dans les moments noisy, on a l’impression qu’il
y a beaucoup d’impro dans leur musique et la complicité
entre les trois est très visible, on sent qu’ils adorent
ce qu’ils font et s’engagent complètement pour
faire passer des messages d’ordre politique et social.
Certains morceaux sont meme empreints de poésie, de théatre
comme celui où Chiara prend des ciseaux tachés de
sang et commence à les gratter sur la guitare afin de provoquer
des larsens. Bref, un grand moment que ce concert de l’Enfance
Rouge qui n’a rien contre le téléchargement
puisqu’ils mettent à disposition sur le site (http://www.enfancerouge.org)
l’entièreté de leur nouvel album.
Après ce concert tout en tension et engagé, un peu
de fun avec les Galatasaray, une fanfare
qui officie autour des membres d’un groupe emocore flamand
: Hitch. Et là, deuxième
claque de la journée, quel bonheur de voir cette fanfare
s’en donner à cœur joie pour éblouir un
public ravi d’etre là à ce moment là.
On a parfois l’impression de retrouver les
Jagga Jazzist avec ce groupe et sa section rythmique et tous
ses cuivres. Ils vont littéralement mettre le feu à
un chapiteau où le public est déjà accablé
par la chaleur qui régne à l’intérieur.
Le groupe qui suit après est suisse, complètement
inattendu et repose sur tout un concept de performance proche du
cabaret, de musique de transe parfois noisy parfois proche de l’electronica,
de projections et de fashion. En effet, lorsque j’arrive dans
la Magic tent, le public se trouve devant quatre bonhommes immobiles
habillés comme les Deschiens le sont dans leurs sketch (petit
gilet, chemises fermées jusqu’au bout, alors que la
chaleur est intenable) et cela pendant plus de 5 minutes.
Puis un morceau extrèmement lancinant commence et au fur
et à mesure se mue en brulot noisy qui fait danser et sauter
tout le public. Puis de nouveau, le groupe devient immobile pendant
un certain temps attisant ainsi la curiosité de la plupart,
les morceaux durent rarement moins de cinq minutes et provoquent
une espèce de transe dans le public. Derrière, un
projectionniste dessine sur une table et agit sur les projections,
à un moment, la pellicule brule. Tout cela donne un concert
déconcertant et bizarre mais qui a beaucoup plu ne serait
ce que par l’effet de surprise qu’il provoque.
Pour info, si vous allez à un de leurs concerts, après
leur performances, ils vendent des objets à leur effigie
: le gilet du chanteur, une brosse peigne, des frisbee et autres
sacs.
Avec le groupe flamand suivant, nous ne sommes pas au bout de nos
surprises : eux aussi accordent de l’importance à leur
apparence et n’ont pas peur de la chaleur : ici, les Creatures
with the Atom Brain sont trois et portent des combinaisons
et des cagoules sur le visage. Issus de formations comme Millionnaire
ou Vandal X, ils pratiquent un rock
dur lorgnant souvent vers le stone rock et c’est assez plaisant,
je dois l’avouer.
On change de registre avec les premiers allemands de la scène
nameless, les To Rococo Rot avec comme
batteur le chanteur de Tarwater et un
membre de Kreidler. Ils pratiquent un
post rock electronica très technique et là aussi les
morceaux sont longs et amènent le public en transe.
A ce moment là, on apprend que la pauvre Diam’s
s’est faite insulter par quelques personnes complètement
irrespectueuses et qu’elle a préféré
quitter la scène après un morceau plutôt que
de continuer à recevoir divers projectiles. Vraiment pas
de quoi se vanter. Il y a assez de scènes pour ceux qui n’aiment
pas Diam’s et cette attitude est impardonnable.
Sniper, qui eux aussi, avaient lancé
une polémique avec ses textes visiblement anti flics, antisémites
et entrainé un renforcement de la sécurité
afin d’éviter des débordements de la part de
groupes extrémistes enchainent et accueilleront la pauvre
Diam’s. Je n’ai pas vu ce concert mais on m’a
dit qu’ils s’en étaient très bien tirés
et avec les honneurs et avaient démenti toutes ces rumeurs.
Me revoici à nouveau dans la tente Nameless avec le concert
visiblement très attendu des Lali Puna,
moitié de Notwist en la personne
de son chanteur et en compagnie entre autre de la jolie
Valérie Trebeljahr. Ici l’influence de Notwist
est très visible, on retrouve ce mélange de noise
et de transe chère au label Morr Music où est d’ailleurs
signé Lali Puna.
C’est le dernier album (Faking the books)
qui va être mis en avant lors de ce concert et bien que ne
le connaissant pas très bien, je vais de suite rentrer dans
le concert et je ne serai pas le seul vu les mouvements dans la
foule. Quelques morceaux de l’album précédents
viendront complèter ce set qui aura une fois de plus rempli
toutes les attentes.
Direction la tente clubcircuit pour le concert emocore des flamands
de Hitch, déjà vus en formule fanfare avec les Galatasaray
quelques heures auparavant. Ici l’énergie est au rendez
vous et le groupe plait et a l’air de se plaire sur scène.
Mais alors que le concert n’est pas fini, le public commence
à déserter la tente. Mais qu’est ce qui peut
bien les faire se presser ainsi ???
Eh bien, la réponse se trouve dans la Magic tent où
le concert des américains d’Explosions
in the Sky débute. Pratiquant un post rock fortement
influencé par des groupes comme Mogwai,
les Explosions in the Sky bénéficient d’un engouement
que je n’arrive pas toujours à comprendre.
Certes, ils sont impressionnants sur scène lorsque le guitariste
fait voler sa guitare autour de lui mais ils ne révolutionnent
quand meme pas le genre, enfin c’est mon opinion. En tout
cas, tout ce que je peux dire, c’est que Explosions in the
Sky, en dégustant une délicieuse crèpe lardons,
chèvre, miel, ça le fait sourire !
Nous ne quittons pas tellement le domaine du post rock avec les
Karate bien que le blues soit aussi très important
dans leur musique et surtout la voix de Geoff
Farina qui est une des plus belles du P.A.I.M. (Paysage audio
indie mondial). J’en ai encore des frissons rien que de penser
à cette voix chaude, posée mais la basse et le batteur
font leur part du boulot aussi pour nous faire passer à nouveau
un très bon moment.
Je ne verrai pas Tom Barman dans son
projet electro avec C.J.Bolland , à
savoir Magnus et ses superbes hotesses
et j’assisterai à la fin du concert très jazzy
des Bonobo (Ninja Tune).
Mais voici venu le moment de se prendre la claque magistrale du
festival : le concert de Pinback. J’adore
ce groupe issu de Three Mile Pilot qui
s’est scindé en deux lors du split :
Black Heart Procession et Pinback.
Pinback est le versant pop, joyeux alors que Black Heart Procession
est le coté plus noir, sombre et triste. Les ayant vus déjà
auparavant, pas de grosse surprise mais j’ai été
pris par ce concert du début à la fin, dansant comme
un fou sur le plancher, chantant à tue tête avec le
public et les chanteurs, réclamant tel ou tel morceau du
premier album.
D’autant plus que cet album va etre largement exploré
par les deux membres de Pinback assisté pour l’occasion
d’un clavier et d’une batterie. Et on s’étonne
de connaître par cœur ces chansons anodines sur album
et de reprendre le tout en chœur, à l’unisson
avec le groupe visiblement très heureux de cet accueil plus
que chaleureux.
Quelques morceaux en avant première du nouvel album qui
doit sortir à la rentrée nous ont mis l’eau
à la bouche et ça va etre dur d’attendre jusque
là. Et c’est sous un tonnerre d’applaudissements
et de hourras que le groupe quittera la scène de la Magic
tent. A ce moment là, on peut lire sur les visages plein
de bonheur d’avoir été là à ce
moment là.
Et notre bonheur va continuer avec un grand bonhomme complètement
anodin à première vue (si ce n’est par ses lunettes
à double foyer) membre des Kings of
Convenience, ayant sorti un album solo plus électronique,
ayant collaboré avec les Royksopp,
je veux bien entendu parler d’Erlend Oye
qui va nous faire gouter à son dj kicks en live.
Basé sur un voyage européen, son set va aller de
l’Italie (avec des dj’s ayant collaboré à
son album electronique) à la France (le fabuleux Rubicon
de Fred Falke et Alan
Braxe, deux morceaux de Phoenix)
en passant par l’Angleterre (Venus,
Joy Division, Cure) et les USA (Rapture).
On a pas du tout affaire à un dj mais à quelqu’un
qui se fait plaisir et qui veut faire plaisir et faire la fete avec
le public, il adopte une attitude très débonnaire,
joue avec les lights, fait ce qu’il veut du public et ça
marche. Mention très bien.
Son set était tellement emballant que j’ai négligé
d’aller voir Mme Herbert : Dani
Siciliano et ses tenues affriolantes, classes et fashion.
Mais qu’à cela ne tienne, j’irai voir un style
complètement différent : le stone rock et les
Mondo Generator avec Nick Oliveri
(ex Queens of The Stone age) et une
bassiste déguisée en infirmière au porte jarretelles
affriolant. J’assisterai à un set très puissant
de la part de ce groupe et ma foi, très agréable bien
que ce ne soit pas mon style de musique préféré.
Les 2 many dj’s (alias
Soulwax qui vont sortir leur nouvel album qui serait au vu
des rumeurs très stoner façon Queens of the stone
age justement) m’avaient emballé l’an passé
en cloture du festival. Alors quand on vous dit que James
Murphy, (fondateur du label DFA et qui a produit entre autres
The rapture et Black
dice entre autres et surtout chanteur des LCD
SOUNDSYSTEM) mixera avec eux, on s’attend à
du grand spectacle. Eh bien non, dix minutes après le début
du set, je rebrousse chemin trop énervé par ce son
épouvantable de la grande scène.
Mais ma deuxième claque de la journée m’attend
dans la petite maison dans la prairie où nous arrivons pour
la fin du set de RJD2, le DJ Shadow du
label Def Jux qui chauffe bien la salle pour les parisiens de TTC.
TTC (aka Tido Berman, Cuizinier
et MC Teki Latex) qui a sorti un des albums
les plus enthousiasmants de hip hop l’an passé : Ceci
n’est pas un disque.
Dans le titre, tout est dit : on a affaire à un groupe plus
que surréaliste et l’écoute des paroles nous
conforte dans cette idée. Le public est venu en masse pour
les acclamer et cela malgré l’heure tardive de leur
set (il est quand même 3h du matin). Et ça commence,
dès la deuxième chanson (De pauvres
riches), le public montre qu’il aime TTC et son rap
décallé par rapport au reste de la production. Le
public connaît par cœur les paroles de cette chanson
et ça étonne Teki Latex (de tous les publics qu’on
a vu , vous etes les premiers à la connaître par cœur).
Ce hip hop électronique très proche des meilleurs
artistes electronica est vraiment jubilatoire et on ne compte plus
les mains en l’air en train d’accompagner les beats
et rimes du groupe. Au niveau des textes, c’est complètement
fou, illogique, surréaliste. Teki Latex a un flow digne des
plus grands comme le chanteur de Blackalicious.
Et plus son flow est impressionnant, plus le public crie.
Un tout grand moment donc pour finir cette troisième journée.
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