La journée commence
tôt : il est midi et les polonais de Robotobibok,
voisins musicaux des Jagga Jazzist ouvrent
la scène du Marquee. Ici, néanmoins excepté
sur les derniers morceaux, on ne retrouve pas le coté trance
des Jagga Jazzist mais plus le style de leurs voisins directs que
sont les Tied and Tickled trio c'est-à-dire
plus un jazz roots qu’une machine à danser. Et c’est
pour cette raison que débuter la journée par ce groupe
groovy, jazzy est la meilleure des choses qu’il soit.
Mais on va se réveiller très vite avec le set hyper
puissant et efficace des Part Chimp, nouveau
né sur le label de Mogwai (Action
Records) et ex Penthouse pour la plupart.
Ce groupe prend pour habitude de distribuer des boules quiès
à l’entrée de la salle tant ça joue fort.
Ici, on est en plein air à 13h et donc, le risque est moindre
de se détruire les tympans.
On est dans la lignée des groupes émocore et rock’n
roll avec un chanteur vociférant à qui mieux mieux
pour le plus grand plaisir du public trop rare à mes yeux.
Ils auraient mérité un autre sort que de lancer la
Red Frequency Stage, leur prestation ayant sans aucun doute eu plus
d’impact dans un chapiteau après minuit.
Alors que sur la Last Arena, c’est PO
Box qui ouvre la scène Ska qui va nous faire bouger
tout au long de la journée !
Un
petit tour par le club Marquee pour tâter de la scène
ska avec les néerlandophones The internationals
qui vont mettre le feu, le public jubile et même moi qui ne
suis pas fan de ska, je vais esquisser quelques pas de danse et
suivre les rythmes de ce groupe.
Sur scène, des cuivres bien sûr sans qui le ska ne
serait pas, des percussions avec le sosie de Yannick Noah et des
guitares pour donner un peu plus d’énergie à
tout cela.
Quelques précisions à propos de cette scène
Marquee, elle est programmée par le clubcircuit qui est en
fait un collectif de club et d’organisateurs flamands dans
tous les styles et le festival de Dour leur a donné carte
blanche pour promouvoir les groupes qu’ils ont passé
pendant l’année qu’ils soient néerlandophones
(Galatasaray, hitch, fifty foot combo, de portables ) ou étrangers
(Donna sumer, robotobibok, mondo generator, …)
Sur
la Last Arena, Les caméléons nous
offre un show explosif … Jean jean
toujours en forme finira en slip dans le public en chantant l’hymne
"Tout le monde a poil" !
Toujours sur la Last Arena, le collectif Percubaba
enflamme la plaine de la machine à feu !
Retour sur la Red Frequency Stage où je vais rester un certain
temps pour bien profiter d’une petite sieste (eh oui, faut
bien récupérer et c’est ça aussi Dour)
tout en écoutant d’une oreille le set des premiers
"sacrés belges" à se produire sur cette
scène : Austin Lace qui va nous
donner un avant gout de ce que sera leur deuxième album.
Avec eux, je retrouve les influences d’un de mes groupes américains
favoris : les Pavement. Les mélodies
y sont mais il manque quelque chose pour retrouver la magie de leurs
maîtres.
Le set d’Expérience étant annulé, le
batteur ayant un décollement de la plèvre, je reste
sur cette scène pour acceuillir les hutois Showstar
(autres sacrés belges comme le sont les plus en vue pour
le moment même à l’étranger, je veux nommer
les Jeronimo, Sharko et pour l’instant les Girls in Hawaii).
Avec les Showstar, on cotoie la brit pop des Blur,
Happy Mondays ou autres The
Buzzcocks et les Charlatans.
Le chanteur est comme à son habitude complètement
inattendu, incontrolable, fou : ainsi, il commence son concert en
nous disant qu’il va se mettre à poil avant la fin
du concert et commence alors entre chaque morceau un strip tease
sous le soleil de Dour, il interrompt son strip tease en sautant
dans la foule et en allant chiper le bob d’un spectateur,
il lance sa bière dans le public qui réagit en lui
lançant des bouteilles vides, tout cela est très bon
enfant et Showstar ne serait pas Showstar sans tout cela.
On passe de morceaux très baggy proche de la pop mancunienne
à des morceaux plus intimistes comme le
Zoe très proche de la pop des
Beulah et ses trompettes. A nouveau, le public est conquis
et le concert finit en apogée sur une réinterprétion
de leurs voisins de label, Soldout et
de son I don’t want to have sex with
you.
Cette phrase n’est vraiment pas valable pour illustrer les
sentiments que l’on aurait par rapport à ce diable
de petit bout de femme qu’est Shannon Wright,
ex de Steve Albini meme si ce dernier
a produit son cinquième album (Over
the sun).
Seule à la guitare comme Feist,
Shannon Wright joue avec ses tripes, une grâce incroyable
(elle esquisse quelques pas de danse tout en jouant de la guitare),
elle se calme quelque peu en se mettant au piano et en nous débitant
ses comptines glauques, mélancoliques.
Je suis certain que ceux qui ne la connaissaient pas ont pris une
claque monumentale tant cette femme (ex Crowsdell) a une personnalité
incroyable, une voix grave magnifique et hantée, un peu comme
l’est celle de Smog et la timidité
très forte qui lui font baisser les yeux pendant tout son
concert achève de faire de cette artiste un must absolu.
Mais néamoins, l’ayant déjà vu notamment
au festival des femmes s’en mêlent au botanique à
Bruxelles où elle était accompagnée d’une
batteuse fortement influencée par Shellac,
je suis un peu déçu par cette prestation, j’en
attendais peut être trop.
Hollywood Porn Stars, ces liégeois
vouent un culte au rock’n roll indie américain et sont
influencés aussi bien par le rock’n roll (And
you know us by the trail of dead, Fugazi,
…) que par la pop qui rend moins abruptes leurs compositions.
Ils nous interprètent tous les morceaux de leur E.P. 6 titres
: All on the six et nous font découvrir
quelques nouveaux morceaux et ça plait. Ils apportent une
touche romantique en offrant les roses rouges qu’ils avaient
disposé partout sur la scène aux nombreuses filles
et femmes présentes pour leur set.
Sur la même scène, Starving…
Claudia, telle une
Bjork dépucelée nous a complètement
conquit ! Une vraie princesse sensuelle ! Leur album sera bientôt
distribué en France, à découvrir de toute urgence
!
Sharko, une leçon de rock ! Et
oui, touchant, très bon, drôle, Sharko a encore prouvé
que le rock belge a de longues et belles années devant lui
!
Stop au rock’n roll pour une petite heure pour goûter
au charme du set loungy, bossa, nova de Sr Coconut
and his orchestra. Cet allemand a sorti deux albums pour
l’instant : le premier reprend Krafwerk
en bossa, chacha, merengue, …., le deuxième
album, quant à lui est plus généraliste quant
aux artistes repris (le fameux Beat it
de Michael Jackson, le
Smooth Operator de Sade, Riders
on the storm des Doors ou Smoke
on the water des Deep purple).
Et tout le monde rentre dans le jeu : on danse bossa, chacha,
merengue, … sur les rythmes endiablés des xylophones,
cuivres, guitares et percussions du groupe qui accompagne ce Sr
Coconut (autrement connu sous le nom de LB pour ses reprises de
David Bowie en electronica). Le soleil tarde à se
coucher comme s’il voulait continuer à profiter de
la fête que nous font vivre ces allemands.
Entre Sr Coconut et le groupe dont je vais vous parler, rien de
renversant mais ça allait changer avec la prestation exceptionnelle
de David Eugene Edwards et de son groupe
: les Sixteen Horsepower. Un batteur,
un guitariste accompagnent cet homme fascinant, fascinant aussi
bien par sa voix que par son aura.
On ne peut sortir d’un concert de Sixteen Horsepower sans
avoir eu des frissons à l’écoute de cette musique
fortement teintée de religion, de poésie, et la voix
gutturale de David Eugene Edwards (qu’on avait pu voir à
Dour l’an passé avec son autre projet
Woven Hand) rajoute encore à cette impression. Ici,
on a eu affaire à un concert best of avec des morceaux à
l’accordéon parfois. Le son était vraiment excellent
pour une grande scène et le public restera bouche bée
devant cette performance.
Après cette performance, plus grand chose pour moi à
me mettre sous la dent et je vais donc déambuler de scènes
en scènes pour aller écouter 5’ de drum’n
bass (dj krust et dj die du collectif Reprazent
de Roni Size), un peu de gothique (The
cruxshadows et London after Midnight)
et tout cela en entendant le gros beat de Dave Clarke qui déchaine
les foules sur la grande scène.
Mais alors que je passais de la grande scène à la
red frequency stage, que ne fut pas mon bonheur de retrouver les
Thrash et tradition, compagnie lilloise de cabaret comique.
Déjà vus les deux années précédentes,
je deviens un véritable fan de leur humour. Et ici, de nouveau,
Jean Michel Sardou (et ses chansons sur
le viagra ou les aliments transgéniques), Willy
Vinyl (et son tube : viens couscousser), sans oublier
Gerald, l’animateur que tout le monde prend plaisir
à huer vont avoir leur petit succès.
Ils font participer la foule et tout le public se retrouve parfois
à participer au concours du plus grand slam, à une
farandole sur les rythmes de "Viens couscousser",
à visionner des films super 8 (vidéo gags à
leur sauce, parodies d’antisocial de Trust, ….). Bref,
avec les Thrash et tradition, on passe un très bon moment
et le temps passe très vite.
Je me retrouve ainsi vers 4h du matin toujours sur le site et j’en
profite donc pour aller voir le set de Joshua,
très attendu par le public techno, breakcore, gabber.
On a affaire à un concert de musique lorgnant vers le punk
et le digital hardcore et les projections donnent un côté
glauque et malsain à sa performance. Mais n’étant
pas habitué à ce genre de musique et la fatigue aidant,
je ne reste pas plus de dix minutes en sa compagnie et décide
d’aller me coucher.
C’est vrai que la journée du lendemain s’annonce
très prometteuse et longue.
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