Textes de Guy de Maupassant adaptés et interprétés par François Lis dans une mise en scène de Stéphanie Wurtz.
François Lis a puisé dans l'abondant thésaurus de nouvelles de Guy de Maupassant, riche de plusieurs centaines, pour en sélectionner trois qui constitueront la ballade schizophrénique qu'il propose sous le titre "Le mauvais passant".
Une table, une chaise et une mallette de maquillage lui suffisent pour en incarner le principal protagoniste, avatar autofictionnel de l’auteur, un homme aux prises avec les femmes, la folie et la folie des femmes, celles qui par syphilis interposée auront raison de son esprit, et une thématique récurrente, entre fantasme, fétichisme et quête d'un idéal, déclinée, en l’espèce, en registres différents, de la comédie à la tragédie.
Sous la direction de Stéphanie Wurtz et dans un jeu réaliste, il incarne successivement le gaillard étudiant breton en recherche d'aventure galante qui faute de grive se rabat sur la dodue merlette ("La patronne"), le dandy noceur, séducteur impénitent même dans les cimetières qui y rencontre son alter ego sous forme d'une "sépulcrale chasseresse" ("Les tombales") et le fou, l'homme tué par un songe, la femme dont il a découvert la relique capillaire dans un vieux meuble, et interné pour ne pas avoir su cacher son bonheur ("La chevelure").
Nonobstant le dispensable fil rouge interactif de l’héritier provençal, la prestation de François Lis est tout à fait convaincante car il est crédible dans le pittoresque naturaliste de la première, sait ménager le suspense nécessaire à la deuxième intrigue et surtout, dans la troisième, parvient à insuffler à la narration rétrospective d'un penchant fantasmatique et fétichiste le sentiment de l’inquiétante étrangeté qui peut précéder la folie assumée. |