Comédie
de Rob Becker , mise en scène par Joanna Bassi avec Gilles
Gangloff
Toutes les études scientifiques le prouvent : nous avons
tous reçus en héritage génétique une
partie de cerveau dit préhistorique. Bref, nous sommes tous
les descendants des néandertaliens à cette petite
différence près : il y avait des hommes des cavernes
et des femmes des cavernes.
Et cela entraîne des milliers d’années après
des conséquences notables qui expliquent pourquoi les hommes
et les femmes constituent des espèces différentes.
L’homme descend du chasseur : incapable de se consacrer à
plus d’une activité en même temps, disposant
d’une expression orale quotidienne limitée à
2 000 mots, il a un besoin vital de glander et son comportement
se base repose sur la négociation pour lui permettre de se
soustraire autant que faire se peut à l’accomplissement
de toute autre tâche.
La femme, héritière de la cueilleuse, est une banque
de données vivante capable de multisessions, utilisant 7
000 mots-jour et dont l’activité repose sur la coopération
pour une mutualisation des tâches. D’où des divergences
quasi-fondamentales et des confrontations toniques.
Voilà ce qui a inspiré Rob Decker pour Caveman qui,
à la manière d’une conférence abondamment
illustrée de scènes plus vraies que nature, propose
une comédie désopilante et très instructive.
Car inutile de le nier : même si le sujet n’est pas
novateur, il est toujours bon de rappeler les évidences et
l’humour anglo-saxon l’enrichit de scénettes
drôles et cocasses qui font mouche et qui nous révèlent
souvent quelques évidences dont il fera bon se rappeler lors
du retour au domicile conjugal.
Cette comédie à un acteur et de multiples personnages
connaît un succès mondial. Elle débarque enfin
en France et l’adaptation de Joanna Bassi, qui assure également
la mise en scène, est une belle réussite. C’est
drôle, gai, parfois drôlatique, jamais vulgaire ou facile,
et toujours roboratif. Une vraie cure de jouvence pour les zygomatiques
!
Gilles Gangloff incarne à la perfection, avec talent et
brio, le rôle de l’orateur qui se métamorphose
à l’envi, pour les besoins de la démonstration
par l’exemple des grands principes socio-paléontologiques,
en mâle prédateur reconverti en beauf footballeux-bricolo
du dimanche ou en fanatique des soldes qui piapiate avec les copines.
Sur un rythme étourdissant, vibrionnant sur la petite scène
du Méry, à l’aise tant dans les caricatures
au premier degré que dans les moments d’émotion,
il fait de cet exercice difficile une vraie performance qui capte
l’attention du public et le secoue de rires incompressibles.
… car il a du talent et du métier le bougre. Ce serait
dommage de le rater !
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