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Lilgahon - Nolwenn Korbell - Carlos Nuñez - Ilene Barnes - Rokia Traoré - Joan Baez - Tryo - Sergent Garcia  (Crozon)  7 août 2004

"Alors, ça gaze ou quoi ?" La voix de mon pote Alain - qui a délaissé les manettes de l'Espace Vauban pour un petite escapade sur la scène découverte au bout du monde - réussit à peine à me sortir de ma torpeur.

Je viens d'arriver à Crozon, autant dire au bout du monde, pour le Festival du même nom, cinquième édition et croyez-moi sur parole, il fait une chaleur digne de l'extrême sud. Heureusement les organisateurs et Isabelle (l'eau qui rend la vie plus belle) ont prévu le coup.

Je sors à peine de l'émotion des Vieilles Charrues - putain de festival ! - que je remets le couvert ici. "Alors, ça gaze ou quoi ?" Alain est en short sous la tente de la régie et j'émerge doucement.


Premier rendez-vous du Festival, Lilgahon ouvre la fête. Musique et tempo venus d'Afrique, Lilgahon nous livre ses émotions toute en finesse avec une douce sensualité, partagée entre les pays de son coeur, le Congo de son papa, le Rwanda de sa maman, le Burundi où elle a grandi... et puis la Bretagne puisque le groupe est originaire de Brest !

Le public, d'abord nonchalant, se laisse aller au tempo et après quelques titres, malgré le soleil qui donne sans mesure, on voit ici et là des corps se dérider. Voilà qui me rappelle un autre concert, il y a quelques mois de cela, à Brest justement, avec Rokia Traoré.

On ne pouvait rêver meilleure ouverture pour ce Festival que ce groupe jeune, multicolore, au diapason avec les envies du public. C'était cool, c'était frais. La musique de Lilgahon fait du bien par où elle passe et on n'a pas fini d'en parler.

A quelques encablures de la scène découvertes, au Cabaret c'est le premier concert de Nolwenn Korbell. De loin la scène en question ressemble plus à un chapiteau de cirque mais l'endroit a une vertu non négligeable par cette chaleur écrasante. A l'abri du soleil, l'herbe y est aussi fraiche que la température, le petit coin rêvé donc pour une séance de farniente.

Mais déjà du Cabaret monte une voix, toute en puissance, celle de Nolwenn Korbell qui a gagné depuis belle lurette son excellente réputation mais qui ne connaît sans doute pas le succès qu'elle mérite. Nolwenn chante en breton, c'est son choix, sa culture et ceci explique peut être cela.

En tout cas, la belle est blonde et flamboyante. Le registre n'est pourtant pas celui que je préfère mais je dois avouer que sa puissance vocale et son indéniable charisme m'ont scotché. Cette fille est un pur talent, capable d'exceller dans tous les registres du chant.

Appuyée à la guitare par Soïg Sibéril, Nolwenn donne toute sa démesure vocale. On la dit fan de Tom Waits et on se prend à imaginer comment sa voix pourrait servir un autre registre blues, rock... dans la langue de Shakespeare, de Molière ou d'un autre.

Les gens qui me connaissent le savent, je suis un enfant du rock. Je suis tombé dans la marmite du rock anglais quand j'étais tout petit, élevé au grain des Beatles, des Stones, des Who, j'en passe et quelques uns issus des meilleurs collèges de Bath... Non, définitivement non, le biniou, la bombarde et la cornemuse ne sont pas ma tasse de thé et je ne digère pas le chouchenn.

N'empêche. Je crois savoir reconnaître un excellent musicien d'où qu'il vienne et en traversant la prairie, il ne fallait pas être grand clair pour reconnaître la flûte à bec de l'incontournable Carlos Nuñez. Et sur scène, même topo. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, ce musicien a cet incroyable talent de faire lever la foule, de se l'accaparer, de la faire sienne.

Oui, c'est ça, Carlos Nuñez est un magicien doublé d'un fantastique showman. Qu'il ait en bouche une simple flûte irlandaise ou une bombarde, Carlos fait le show, supporté par une bande de musicos tous et toutes plus doués les uns que les autres. Et ça marche !

Les mains se lèvent, la fièvre emporte le public et Carlos triomphe, une fois de plus. Je suis éberlué par l'enthousiasme débordant du public. En transcendant une musique traditionnelle et en lui insufflant une pure énergie qui n'appartient qu'à lui, Carlos Nuñez a inventé un style.

Au fond, je vais vous dire. Nuñez a une âme de rocker et c'est ça son secret. Yeah !

"Tu la connais toi, Hélène Barnesse ?" J'aquiesce en précisant que son nom exact est Ilene Barnes. Je raconte, donc, encore et encore, cette soirée mémorable à l'Espace Vauban - même si rappelons-le "soirée mémorable au Vauban" est désormais un pléonasme - dont je garde des souvenirs émus, d'autant que c'est l'un des rares concerts que je n'ai pas pu photographier, tendinite oblige.

Bref, j'ai gardé en moi cette présence, ce charisme, cette magnificence.

Et, venue du profond de son âme, cette voix extraordinaire, puissante, mélodieuse et à vrai dire absolument sublime.

Depuis ce concert, le temps a passé et la réputation de voix d'or d'Ilene s'est répandu de scène en festival, comme une traînée de poudre. L'ovation du public des Vieilles Charrues 2004 raisonne encore dans les mémoires.

Je croise un ami sous le chapiteau qui est venu au Bout du Monde exclusivement pour la prestation d'Ilene Barnes. Il est jovial parce qu'il sait qu'Ilene se produira deux fois aujourd'hui, sous ce même chapiteau.

La prestation ouvre sur un hommage a capella à Nina Simone. La voix emplit le chapiteau, happe tout ce qui l'entoure que déjà les spectateurs frissonent, sûrs qu'ils sont déjà d'assister à un set d'une pure beauté. Ilene est immense et pas seulement par la taille. Son regard, son feeling, le timbre et la tessiture de sa voix sont à son image. Définitivement uniques.

J'ai déjà tant écrit sur Rokia, d'ailleurs vous voyez, on est devenu si familiers que désormais son prénom à lui-seul me suffit ! Que de chemin parcouru depuis le concert du Mac Orlan à Brest pour ce petit bout de femme qui allie la puissance, le rythme, la voix mélodieuse, la beauté, la sensualité !

Il y a quelques jours à peine, elle enflammait la scène Glenmor aux Vieilles Charrues, allant jusqu'à renverser au coeur même de la perfide Albion les têtes et les esprits du public du festival Womad, cher à mon archange de prédilection, excusez du peu !

Avec Rokia Traoré, c'est un peu de son Mali natal qu'elle emporte avec elle à chaque voyage, essaimant la musique de sa terre d'Afrique partout où elle passe. Et partout où j'ai eu la chance de la voir, le même enthousiasme simple, la même candeur dans son regard, la même humilité aussi.

Pour la petite histoire, j'ai assisté à la fin du concert backstage, tant pour ne pas perdre une miette du spectacle que pour ramener quelques clichés de la scène. Dans la poignée de personnes qui m'entouraient, une femme était assise à même le sol, pieds nus et semblait subjuguée par le set de Rokia à tel point que ses yeux en brillaient d'émotion.

En la regardant quitter l'arrière scène, j'ai entendu un admirateur murmurer son nom. Joan Baez.

Le hasard fait les choses d'une drôle de façon. Je sors du concert de Carlos Nuñez encore tout ébouriffé par la prestation du galicien et je choisis de rester un moment backstage pour ranger mon matériel. Une dizaine de minutes plus tard, je me décide à rejoindre le cabaret.

La grande scène se prépare mais backstage il n'y a plus personne quand je remonte vers la sortie. En face de moi, j'aperçois une femme qui marche tranquillement, il me semble la connaître et effectivement plus elle s'approche de moi plus je me dis que décidément ce visage ne m'est pas tout à fait inconnu. Je suis sur le point de la croiser et ma mémoire consent enfin à mettre un nom sur ce visage. Joan Baez.

Que dire, que faire quand on croise une star de ce calibre ? Pour l'avoir déjà vécu - avec B.B. King - je me contente de la regarder, de lui sourire en tapotant ma main droite sur mon coeur.

Ce geste discret l'a peut être touché, elle vient vers moi et m'embrasse, comme un vieil ami. Emu, je baragouine un "Thanks Joan, it's a great honor" qu'elle a déjà disparu. Je reste là, planté, tout seul, réalisant à peine ce qui vient de se passer.

Elle est maintenant sur scène, dédie une chanson à Michael Moore, une chanson qu'elle fredonnait en d'autres temps, en un autre lieu, un autre festival, il y a presque tout juste 35 ans, à Woodstock. Un gamin dans le public lance "il était sympa, Jimi Hendrix ?" Joan Baez se marre doucement.

En deux ou trois titres, l'affaire est dans le sac. Au premier rang, une fille est en pleurs, une autre viendra déposer un bouquet de roses blanches devant la scène. Love and peace. L'esprit de Woodstock est là, il survit, il brille encore dans le regard clair de Joan Baez...

Les quatre p'tits gars de Tryo investissent la grande scène et compte tenu de l'ovation du public, on les sent précédés de leur bonne réputation. Sur scène ils ont planté leur décor à eux qu'ils ont, genre club de vacances un peu cheap, palmiers et troquet de plage avec un patron jovial - "Totor" - qui paye des coups à la cantonade.

Premier accord et on sent déjà que ça va être la fête, dans le public où ça commence déjà à pogoter meuh-meuh, sur scène avec les potes de Tryo dont on sent que ce soir ils sont contents d'être là, qu'ils ont la grosse patate et qu'ils vont mettre le feu.

Tryo c'est difficilement classable, comment dire ? C'est de la chanson festive, en français dans le texte et qui donne envie de bouger son cul. D'ailleurs c'est incroyablement contagieux puisque même dans la fosse les photographes ont le sourire, c'est quand même un signe, non ?

Il faut dire que les Tryo sont de bons clients. Belles lumières, une grappe de jolies nanas au bar de Totor et des musicos qui ne se privent pas pour livrer une belle énergie. Et comme d'hab' quand c'est aussi bien, aussi bon sur scène, tout le monde a le blues de les voir quitter la scène.

Tryo c'est la grosse claque aux mauvaises odeurs dans la tête et c'est si bon pour le corps que ça devrait être remboursé par la sécurité sociale.

Quand les allumés de Sergent Garcia déboulent sur la grande scène, la chaleur de Tryo est encore palpable dans le public, alors au risque de me répéter, Tryo a servi à son successeur un public réceptif et prêt à tous les délires, tout le monde s'attend à ce que la bande de potes mette le feu à la plaine et évidemment ça ne rate pas.

Aux premiers accents sud américains, la foule exulte. La musique de Sergent Garcia rappelle immanquablement celle d'un autre habitué du Festival, Manu Chao dont il se murmurait ici et là qu'il pourrait faire une apparition ce soir, mais non ! Et d'ailleurs, entre nous, la bande de potes de Sergent Garcia n'a besoin ni de Manu ni de personne pour foutre une ambiance magique aux oreilles des festivaliers !

En deux ou trois titres, l'affaire est classée, le public est aussi heureux que les musicos d'être là. Je me retire doucement sans faire de bruit et alors que je m'éloigne du festival j'entends les vivas de la foule.

C'est fini pour aujourd'hui, c'était une belle journée, baignée de soleil, de musiques et de bonne humeur. Demain c'est dimanche et l'affiche du festival promet encore d'être belle...

 

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Pour en savoir plus :

Carlos Nunez : www.carlos-nunez.com/
Ilene Barnes : : www.ic-music.com/icmusicf.html
Rokia Traoré : www.rokiatraore.net
Joan Baez : baez.woz.org/
Tryo : www.tryo.com
Sergent Garcia : www.sergentgarcia.com/

Crédit photos : Hervé LE GALL, Cinquième nuit


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