Vous êtes rentré de vacances depuis un mois et vous avez déjà envie de vous évader ? Pas de panique… My Wilderness est LA solution à moindre coût pour un dépaysement sonore garanti ! Deux ans après Two Grains Of Sand, Piers Faccini revient avec un quatrième album qui sort le 26 septembre chez Tôt ou tard.
Né d’une mère anglaise et d’un père italien et vivant depuis quelques années dans les Cévennes avec sa famille, Piers est un artiste complet et riche d’influences. Auteur, compositeur, interprète mais aussi photographe et peintre (la pochette de son album est un autoportrait et un assemblage de cartes du monde peintes par l’artiste lui-même).
Piers Faccini est avant tout un mélodiste et poète hors pair. Ses paroles sont posées, recherchées, et le sens est toujours profond et accessible. On ressent bien l’importance que l’artiste consacre à l’écriture de ses textes. Mais bien au-delà de simples textes, Piers est un réel conteur. Sa culture nomade et sa curiosité pour les musiques du monde ont permis de mêler élégance et authenticité en créant un album ayant un style musical unique.
Pour ce qui est de ses influences, on pourra reconnaître une base évidemment folk avec quelques grandes inspirations puisant dans le folk britannique : John Renbourn, John Martyn, Bert Jansch, Richard Thompson, Nick Drake. Ce folk sera mêlé à la musique africaine plus précisément à la musique malienne (on sera transporté dès les premières notes de n’goni au fin fond du Mali avec comme inspirateur un autre poète, Ali Farka Touré) et teinté de blues noir américain (Skip James, Mississippi John Hurt, Son House et Muddy Waters) en y ajoutant quelques sonorités roms et berbères. Bref, My Wilderness est une réelle invitation au voyage et à la danse.
Piers est un magicien, il propose une potion sonore qui ne ressemble à aucune autre, le résultat est forcément intrigant. Il faudra prendre le temps d’apprivoiser l’album, la première écoute peut déstabiliser, mais après avoir retenté l’aventure quelques fois, l’album devient une réelle obsession. On ressent comme un besoin d’y revenir encore et encore. Et là, la magie opère. Les mélodies deviennent apaisantes pour certaines, entêtantes pour d’autres mais le disque séduit quelle que soit l’histoire contée et quel que soit le lieu où l’on est transporté, le charme opère.
My Wilderness est le premier album produit et conçu par Piers. C’est un album rempli de surprises, où les onze titres sont tous plus savoureux les uns que les autres. "No reply" nous accueille d’entrée avec une belle balade folk, légèrement mélancolique où le violoncelle de Vincent Ségal renforce le rythme de la chanson.
On poursuit notre voyage avec "The Beggar and the Thief" qui nous plonge dans le grand Ouest par le jeu des sonorités métalliques du banjo mêlé au côté cuivré de la trompette d’Ibrahim Maalouf qui fait des merveilles. On enchaîne par "That Cry" qui me fait personnellement penser à un voyage de Jack Jonhson au Mali, où Piers a collaboré avec Makan Tounkara qui joue du n'goni, instrument à cordes malien.
S’ensuivra une courte escale en Irlande avec une envolée de violons festifs pour clore en beauté cette chanson aux multiples influences qui est ma favorite. On poursuit avec "Strange is the Man" magnifique ballade interprétée tout en retenue à la guitare acoustique. Une voix tout en douceur, en sobriété et en finesse. "Dreamer", "My Wilderness" et "Tribe" amorcent un voyage aux sonorités atypiques qui assouvissent le désir de Piers de marier les cultures.
Avec "Dreamer", on continuera le tour du monde au Maroc, avec ses percussions plus rythmées, ses cuivres chauds qui nous envoûtent dès les premières notes. Pour ma part, je ne peux rester stoïque à l’écoute de ce morceau, il appelle clairement à la danse orientale aux ondulations corporelles si gracieuses. C’est mon deuxième coup de cœur sur cet album.
Pour ce qui est du titre "And Still The Calling", c’est un morceau parlé au refrain acidulé et envoûtant où l’on aime la profondeur de la contrebasse, donnant un son rythmé, tel le pas d'un randonneur. "The Branches Grow" apporte quant à elle une sensation bucolique. Cette chanson au piano est comme un retour aux sources, un retour à la nature.
"Say But Don’t Say", titre à la mélancolie larvée nous invite à la contemplation voire au recueillement. Alors qu'à l'inverse, "Three Times Betrayed" nous engage à nous ouvrir sur le reste du monde avec ses sonorités orientales plus douces mais toujours bien rythmées.
Piers a su s’entourer d’artistes de grande qualité Vincent Ségal au violoncelle, il a également profité du talent de quelques-uns de ses amis : Jules Bikoko à la basse, Rodrigo d'Erasmo au violoncelle et Simone Prattico aux percussions. Tout sur cet album séduit, quel que soit le rythme, le charme opère. C’est une véritable réussite qui trouvera sans aucun doute beaucoup de succès auprès des amateurs de folk aux sonorités inhabituelles. Par contre, sa voix douce et chaleureuse qui sait être tour à tour envoûtante, posée, rauque, en retenue, en puissance mais toujours juste, est, quant à elle, toujours au rendez-vous.
Au fond, nous nous ressemblons, Piers est comme moi, défenseur des sons acoustiques d’ici et d’ailleurs ! Il présentera My Wilderness en concert au Café de la Danse le 25 octobre et comme sur l’album, il sera accompagné d’Ibrahim Maalouf.
Bon voyage ! |