Le duo de rockeurs belges (et inversement) poursuit l'écriture de sa légende, avec un album qui creuse plus profondément encore le sillon d'un rock rolling stonien, gorgé de blues, de rythm'n blues, d'une touche de soul – de beaucoup d'âme, en tout cas.
Une fois encore les deux compères s'arrangent pour sonner à eux deux comme un orchestre tout entier, délivrant en quarante six minutes une série d'impressionnants uppercut saturés ; et, une fois encore, on se dit que ce pourrait être, cette fois-ci, l'opus de la reconnaissance publique maximale, s'attendant à être déçu de l'appétit du public –"en France", devrait-on ajouter, car nos amis et voisins Belges ne s'y trompent pas, qui acclament par stades entiers les ex plus jeunes phénomènes de la scène rock, lesquels entament d'ailleurs aussi en septembre une tournée étatsunienne. Tout cela manque certainement de jean slim, de frange laquée, de smartphone. Il est vrai que les Black Box Revelation n'ont jamais trop ressemblé aux Strokes, préoccupés sans doute de plus canoniques modèles.
Si le disque n'apporte, au fond, rien de neuf dans le parcours de la formation (qui n'a, de toute façon, jamais manifesté l'envie de se renouveler, se trouvant certainement suffisamment bien les quatre pieds droits dans les bottes de son rock old school), il renouvelle intégralement le plaisir de l'écoute des deux précédents opus (Set your head on fire en 2009 et Silver Threats en 2010) en leur adjoignant une brassée de compositions délicieuses (parmi lesquelles on recommandera tout particulièrement les 7'18 de "Sealed with thorns" pour leur épaisseur, "Bitter" ou l'éponyme "My perception" pour leur touche de psychédélisme).
En tout juste trois années d'existence médiatique, le duo fait déjà figure de classique, dont on attend la production annuelle avec goulue gourmandise. Ce n'est certainement pas My perception qui fera mentir cette réputation. |