Blonde Redhead, groupe atypique, vient pour la première fois à la Route du Rock et c'est un plaisir que de les rencontrer à l'occasion de leur conférence de presse.
Kazu Makino, Amédéo et Simone Pace paraissent calmes, détendus mais presque timides. Souriants, lumineux, ils sont heureux d'être là pour parler de leur dernier album "Misery is a butterfly" qui n'est pas si calme qu'il y paraît.
C'est la première fois que vous jouez à la Route du Rock. Comment vous sentez-vous?
Amédéo Pace : Heureux. Très heureux.
Votre dernier album Misery is a butterfly est sorti au début de l'année. Comment a-t-il été reçu et comment s'est passé la tournée?
Amédéo Pace : Bien. La tournée est intense mais elle se passe bien.
Vous êtes confiants maintenant ?
Amédéo Pace : Oui. Nous nous sentons plus à l'aise, plus naturels qu'au début de la tournée. C'était très dur parce qu'il s'agissait de nouvelles chansons, assez différentes des précédentes et nous étions un peu désorientés dans le panachage avec les anciennes chansons. Mais le temps passant, maintenant nous prenons beaucoup de plaisir.
Votre dernier album marque une évolution par rapport au son guitare-batterie noisy de Blonde Redhead. Pourquoi cette évolution ?
Amédéo Pace : L'évolution provient du fait qu'au début nous ne savions pas vraiment bien jouer, ni chanter. Nous faisions exactement ce que nous voulions faire mais de manière très spontanée. Mais notre premier album La mia via violenta ne peut pas vraiment être considéré comme noisy. Il est même calme. Les choses évoluent de manière naturelle. Nous maîtrisons mieux la technique ce qui nous permet d'explorer de nouveaux territoires.
Le titre de l'album recèle-t-il un contenu politique ou philosophique ?
Kazu Makino : Je ne pense pas qu'il y ait un contenu politique. Mais peut être que ce que nous faisons a un contenu politique. Il est difficile pour moi de l'expliquer. Sur le plan philosophique, oui et chacun peut le comprendre, même un bébé. Cela fait longtemps que j'ai réfléchi à la difficulté d'être du papillon qui a des ailes d'une taille démesurée par rapport à son corps et qui doivent être lourdes à porter. Mais cela a également un aspect positif car sans elles, le papillon ne serait qu'un vulgaire insecte. C'est aussi un peu une métaphore avec la misère.
Pensez-vous qu'il y ait une parenté au niveau du son entre cet album et Melody Nelson de Serge Gainsbourg ?
Amédéo Pace : Melody Nelson est un album stupéfiant car il possède une cohérence et crée une atmosphère particulière. Dans notre album, nous voulions essayer de capturer une atmosphère, d'avoir cette démarche mais sans pour autant sonner comme Melody Nelson. Cela étant cette référence est flatteuse.
En France, les gens et même les médias semblent découvrir Blonde Redhead avec cet album. Pas plus tard qu'hier dans un article de Ouest France on parlait de Blonde Redhead comme étant une découverte prometteuse. Pour vous, en restant dans la métaphore du papillon, est-ce le papillon qui sort de sa chrysalide ?
Kazu Makino : Ce serait formidable mais je ne sais pas. Je suis très heureuse que les gens aient cette perception mais pour moi l'album s'inscrit dans la continuité de ce que nous faisons. Je sais que c'est un peu différent mais je ne peux pas dire que les autres albums étaient agressifs et que celui est calme. Pour moi, d'une certaine manière, cet album est très violent. Quand nous l'avons terminé et écouté, je l'ai trouvé si violent, si brut. Je voulais qu'il soit plus paisible mais ce n'est pas ce que j'entendais. Je suis heureuse que l'on perçoive une différence. J'espère que cet album nous donnera une nouvelle vie mais je ne sais pas.
Comment se combine Misery is a butterfly avec les autres morceaux sur scène ?
Amédéo Pace : Nous laissons beaucoup de place à la spontanéité lors des concerts pour le choix des morceaux que nous allons jouer. Il est difficile parfois de maîtriser la musique qui est comme un animal. Nous sommes donc tributaire de choses qui nous sont extérieures. Il y a quelques jours, lors d'un concert en Suède nous avons joué 3 nouvelles chansons et nous avons senti que cela passait mal. Nous avons donc enchaîné sur des anciens morceaux et cela a été impeccable.
Vous vivez aux Etats Unis. Vous tenez-vous informé de ce qui se passe sur les scènes musicales américaines très effervescentes? En faites-vous partie et de quelle manière peuvent-elles vous influencer?
Amédéo Pace : Nous avons des amis dans les différentes villes comme Olympia, Washington. Nous jouons parfois avec des groupes comme Fugazi. Mais nous ne sommes pas vraiment affiliés à une scène particulière. L'affiliation avec Sonic Youth vient du fait que nos premiers albums étaient sortis sous le label de Steve Shelley, Smell like Records, mais nous n'appartenons pas à leur univers musical. En revanche, nous nous sentons plus proche de groupes comme Yeah Yeah Yeahs ou Liars de la scène musicale new-yorkaise. Il y a plein de très bons groupes avec lesquels nous aimerions jouer à titre d'expérience musicale.
Kazu Makino : Sur trente mètres carrés, il peut y avoir plein de très bons groupes. Mais ce n'est pas parce que la scène est proléfique que cela vous permet d'écrire de bonnes chansons. Il faut aussi savoir écrire des chansons décentes pour pouvoir exister, il ne suffit pas seulement d'appartenir à une scène ou à une autre.