Si je vous dis Salad, Elastica, Veruca Salt ou encore Candie Prune, cela devrait réveiller en vous quelques souvenirs d'une vague de Riot grrrl, toutes plus émoustillantes et débordantes d'énergie rock qui avait submergé nos platines dans les années 90.
D'autres nettement plus connues, comme Courtney Love et son Hole continuent de temps à autres à sortir des disques plus ou moins pas intéressants. Côté français en revanche, c'est un peu le vide et si Dolly était déjà bien seul, Manu semble encore plus isolée depuis qu'elle officie seule et contre tous les courants et tendances de la musique française.
France de Griessen arrive donc à la fois comme la providence mais aussi avec peu de chances de se faire remarquer dans un pays où le variété est reine et René la taupe est Roi. En plus d'un marché plutôt frileux, la pochette n'est pas non plus le meilleur argument de vente. Photo façon calendrier, exposant les tatouages de la demoiselle dans une attitude fort peu engageante. J'ai d'ailleurs mis longtemps à me décider à sortir le disque de sa pochette pensant à une autre Zaz sur le retour et seuls les titres en anglais à l'arrière de la pochette m'ont poussé à aller découvrir Electric Ballerina (ah oui ! Le titre non plus ne donne pas envie).
Bref, je ne peux pourtant que vous encourager à aller plus loin dans la découverte de cette Courtney Love francophone car sous les tatouages se cachent quelques bons moments de rock.
Grosses guitares, chant puissant, des mélodies bien ficelées, un peu sales mais pas trop. L'équilibre parfait.
On notera une reprise des Sales Majestés, "PP haine", qui est sans doute le meilleur chant de Noël depuis longtemps.
Tandis que "Rue des pierres rouges" rappelle largement Manu dans le genre rock francais mélodique, un peu mélancolique tout comme "Crois-tu qu'on se perd ?" qui fait la preuve que la langue française peut tout à fait sonner rock.
"La ballade de Norma Rose" finit de nous convaincre en mélangeant joliment chant en français et en anglais, voix masculine profonde d'Elliot Murphy (co-auteur du morceau) et féminine haut percher dans une sorte de blues endiablé que l'on aurait aussi bien pu croire chanté par feu Calvin Russell.
Les bonus n'apportent rien de plus si ce n'est une version alternative de la chanson "Rue des pierres rouges" en duo avec Vérole (qui fait furieusement penser au chanteur de Asyl).
Par contre, "Will you ?" ou "So xxx without you" aussi peu originaux que bien exécutés s'écoutent volontiers en boucle et nous feront replonger joyeusement dans les délices du rock féminin dont la puissance n'a rien à envier à celui de leurs amis mâles.
Un bon album rock, voire grunge, qui plus est français, dans un emballage qui gâche un peu le produit. Mais qu'importe le flacon n'est-ce pas, si le vin est bon. |