Moins bluesy qu'à l'époque où, chantant avec ses Mathematiks, il n'avait pas encore de nom de famille, Mathis Haug s'offre avec Playing my Dues une petite merveille d'album. Délicieusement prometteur.
Cette fois, plutôt que de vouloir donner aux pieds & hanches le rythme d'une danse, l'album est d'abord guidé par la voix de son auteur, chaude, profonde et terriblement expressive. On songe parfois à Fish pour le timbre et les intonations, à David Eugene Edwards lorsque tout cela se fait plus grave. Les arrangements musicaux, dépouillés et raffinés parviennent même à donner, une fois n'est pas coutume, un sens au cliché journalistique de l'écrin délicat. Tout cela est resplendissant, rien de moins.
Dans un univers à la confluence de la folk, d'un blues doux, d'un jazz sage, Mathis Haug, moins dansant qu'à l'époque de Five, son précédent succès, gagne haut la main ses galons de songwriter sérieux (c'est-à-dire : sensible, puissant, vivant et immédiatement intime) et met son groove naturel au service de chansons qui évoqueront plus sûrement Leonard Cohen que les enchapeautés du Mississipi.
On s'était déjà fabriqué, le temps d'une tournée seul en scène, des souvenirs ravis du charismatique guitariste, on se réjouit d'entendre un disque à sa hauteur, au panache ahurissant. |